Présentation du Renouveau Charismatique

Jean Savoie, Spiritain


La revue Esprit Saint a présenté, il y a un an, la naissance du Renouveau charismatique lors du week-end de février 1967 des membres de l’Université Notre Dame de Pittsburg. (Article de Patti Mansfield Esprit Saint N° 204 octobre 2002). Nous parlons ici du Renouveau tel qu’il se vit en France
En France à partir de 1972 des groupes de prières prirent naissance en se référant au courant charismatique catholique. En 1974, il y eu un premier rassemblement national à Vezelay et déjà des articles dans les revues de pastorale et de spiritualité. Mais ce furent surtout, cette même année 1974, les livres du René Laurentin " Pentecôtisme chez les catholiques " et du Cardinal Suenens " Une nouvelle Pentecôte " qui firent connaître le mouvement au monde francophone.
Aussi le Congrès international du Renouveau à Rome, à la Pentecôte 1975, en pleine année sainte, permit au Pape Paul VI d’encourager fortement ce mouvement lors d’une audience spéciale : " Rien n'est plus nécessaire à un tel monde, de plus en plus sécularisé, que le témoignage de ce " renouveau spirituel ", que nous voyons le Saint Esprit susciter aujourd'hui dans les régions et les pays les plus divers. Les manifestations en sont variées: communion profonde des âmes, contact intime avec Dieu dans la fidélité des engagements pris au baptême, dans une prière souvent communautaire, où chacun, s'exprimant librement, aide, soutient, nourrit la prière des autres, et, à la base de tout, une conviction personnelle, qui n'a pas sa source uniquement dans un enseignement reçu par la foi, mais aussi dans une certaine expérience vécue, à savoir que, sans Dieu, l'homme ne peut rien, qu'avec Lui, par contre, tout devient possible: d'où ce besoin de le louer, de le remercier, de célébrer les merveilles qu'Il opère partout autour de nous et en nous. L'existence humaine retrouve sa relation à Dieu, ce qu'on appelle la " dimension verticale" sans laquelle l'homme est irrémédiablement mutilé. Non certes que cette recherche de Dieu apparaisse comme une volonté de conquête ou de possession; elle veut être pur accueil de Celui qui nous aime et librement se donne à nous, désirant, parce qu'Il nous aime, nous communiquer une vie que nous avons à recevoir gratuitement de Lui, mais non pas sans humble fidélité de notre part. Et cette fidélité doit savoir unir l'action à la foi, selon l'enseignement de Saint Jacques . " De même que le corps sans âme est mort, la foi sans les oeuvres est morte " (Jc 2,26). Comment alors ce " renouveau spirituel " ne pourrait-il pas être une " chance " pour l'Église et pour le monde? Et comment en ce cas ne pas prendre tous les moyens pour qu'il le demeure ?"
Une autre grande voix dans l’Eglise, le cardinal Danneels  a donné en 1985 au symposium des Evêques d’Europe, une autre raison de la naissance du Renouveau :
" Notre mal, c'est probablement une sorte de néo-pélagianisme et le manque de foi dans la toute-puissance de la Parole de Dieu. Inconsciemment nous sommes tous marqués quelque part par le pélagianisme: l'homme est fondamentalement bon et il est fondamentalement capable de faire le bien et d'amener les autres à faire de même. Certes la grâce n'est pas niée, mais en pratique on n'en tient que très peu compte. D'où l'hyperactivité ou le découragement. …
" Il n'y a qu'un remède: celui de redécouvrir la réalité de la grâce et la toute puissance de la Parole de Dieu: " La terre ensemencée produit d'elle-même d'abord l'herbe, puis l'épi, puis plein de blé dans l'épi " (Mc 4, 28). C'est d'elle-même que la parole de l'évangile change les cœurs: "L'Église évangélise lorsque, par la seule puissance divine du message qu'elle proclame (Rm 1, 16 ; 1 Co 1, 18 ; 2, 4), elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l'activité dans laquelle ils s'engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs. " (Evangelii nuntiandi,

Les traits principaux du Renouveau

Une expérience de réveil
L’expansion du Renouveau a été rapide : c’était une des surprises de l’Esprit animant l’Eglise après le Concile. Le lien entre le Concile et la naissance du renouveau paraît bien certain.
Le Renouveau est apparu après la vague de ce qu'on a appelé la théologie de la mort de Dieu et de la sécularisation. Cette théologie a bien pu mettre en évidence des valeurs originales et purifiées de la foi chrétienne. Mais elle a aussi très souvent obscurci la crédibilité du Dieu vivant et de l'église du Christ. De là le besoin de retourner aux données de la révélation chrétienne, envisagées non pas seulement comme des éléments doctrinaux, mais comme une expérience à vivre, comme un élan de foi trinitaire, comme témoignage et mission. L'existence du Renouveau charismatique engage les chrétiens à sortir soit d'une sorte de rationalisme ascétique, soit d'un indifférentisme qui se rapproche d’une négation pratique de Dieu et du surnaturel. L'oubli de l'Esprit nous a portés à mettre Dieu lui-même à l’écart : " Souvent, nous vivons pratiquement comme si Dieu n'existait pas. "

Le renouveau charismatique catholique a commencé peu après la conclusion de Vatican II. D'une part, le Concile a insisté sur la nécessité du " renouveau " de l'Église et des chrétiens; et d'autre part il a présenté l'image d'une Église peuple de Dieu, au cœur d'une théologie rénovée de 1’Esprit Saint. Paul VI, dans l'allocution qu'il prononça à l'ouverture de la seconde session de Vatican II, le 29 septembre 1963, déclarait que l'un des motifs principaux pour lequel le pape Jean XXIII avait convoqué le Concile, c'était le renouveau de l'Église. Le décret sur le ministère la vie des prêtres met en première place le renouveau de l'Église, parmi les trois finalités pastorales du Concile: " le renouveau interne de l'Église, la diffusion de l'Évangile dans le monde entier et le dialogue avec le monde moderne " (PO 12).
Lumen Gentium, en particulier, parle de renouveau, et le met en étroit rapport avec celui en est la source, l'Esprit Saint: " Par la force de 1’Évangile, l'Esprit Saint renouvelle 1’Eglise, la rajeunit et la conduit à la parfaite union avec son Epoux (LG 4) ". L'Église,, qui vit au milieu des tentations et des tribulations, est toujours soutenue par la force du Seigneur " afin que cesse pas, avec l'aide de l'Esprit Saint, de se révéler elle-même (LG 9 ) ". Pour accomplir tâche, l'Esprit Saint donne aux siens des dons spirituels, les charismes, qui sont les manifestations de l'Esprit pour l'utilité commune, et qui rendent les chrétiens " aptes et prompts à accomplir les différentes tâches et services, utile au renouvellement et à la plus grande expansion de l'Église (LG 12) ".
Le Renouveau charismatique veut répondre aux urgences du renouveau pour toute l'Église. F. Sullivan a synthétisé les composantes essentielles, d'un authentique renouveau charismatique dans 1’Eglise :
1) Une fidélité croissante de l'Église en tous ses membres à sa vocation fondamentale.
2) C'est l'Esprit Saint qui en est l'agent principal; l'Église doit répondre activement.
3) L'Esprit Saint donne toute espèce de don charismatique dont l'Église a besoin a une époque donnée.
4) L'Esprit Saint pousse les chrétiens à reconnaître de tels dons, à en comprendre le sens et à en user.
5) L'Esprit Saint guide les laïcs pour qu’ils utilisent leurs dons en communion avec les pasteurs et il guide les pasteurs pour qu'ils les reconnaissent et les développent chez les fidèles.
6) A l'autorité dans l'Église, l'Esprit Saint donne le charisme du discernement pour juger et promouvoir les dons authentiques, sans éteindre l'Esprit.
7) Le choix des personnes pour la conduite pastorale de l'Eglise est fait sur la base de la présence reconnue des dons de l'Esprit, nécessaires à un ministère particulier.
8) En toute communauté eucharistique locale chaque membre exerce ses dons sous la conduite des pasteurs.
 
Les premiers chrétiens savaient que 1’Esprit était pour eux la preuve fondamentale de la Résurrection de Jésus (cf. Ac 2, 33). L'expérience charismatique dans l'Église catholique souligne aussi le rôle de Marie, dans le contexte trinitaire et ecclésial. Le " oui " de Marie exprime à la perfection le consentement et la docilité au projet de Dieu sur les hommes, un projet que Dieu mène à bonne fin par son Esprit. Si le Christ est le charismatique originaire, Marie est la charismatique par excellence parce qu'elle a reçu la plénitude de l'Esprit, parce qu'elle a écouté constamment sa voix, parce qu'elle ne l'a jamais contristé et qu'elle a participé activement à la naissance de l'Eglise à partir de la Pentecôte.
 
Les grands traits du Renouveau Charismatique
Après avoir envisagé les circonstances dans lesquelles le renouveau charismatique est né dans l'Église, ainsi que les urgences auxquelles il veut répondre, il nous faut maintenant considérer ses dimensions existentielles, c'est-à-dire les composantes qui le caractérisent.
L’assemblée de prière
C’est concrètement par la participation à une assemblée de prière que chacun peut découvrir le Renouveau. Ce qui s’y fait, ce qui s’y dit manifeste bien l’originalité du Renouveau.
Le déroulement est assez libre mais les principales étapes sont les mêmes :

  • accueil, louange, action de grâce
  • invocation de l’Esprit Saint
  • réception et méditation de la parole de Dieu
  • partage de cette parole
  • prière de demande et Notre Père

Le décor est préparé pour être festif et recueilli
  • phrases bibliques calligraphiées au tableau
  • scènes bibliques stylisées aux murs
  • Icônes exposées et fleuries : le Christ glorieux, la Trinité, Marie
  • Tableau d’annonces et d’intentions de prières
  • Disposition en cercles concentriques
Les attitudes, les gestes, les formes de prières, les chants :
  • une spontanéité dans l’adresse à Dieu devant ses frères et sœurs
  • la prière de louange et de remerciement est la plus fréquente
  • L’écriture Sainte est la base solide de la prière
  • Un itinéraire de conversion à Dieu, au Christ, à l’Eglise
  • C’est la personne toute entière qui répond à l’appel de Jésus
 
L’Effusion de l’Esprit
C’est la démarche constitutive fondatrice et déclarée des groupes charismatiques. Il s’agit, comme pour les Apôtres, de sortir du Cénacle, entre soi et dans la peur, pour aller accueillir l’Esprit promis et être envoyé au delà des murs et des limites humaines. Ce moment se situe au cours d’un itinéraire spirituel de maturation de la foi et de la vie chrétienne. Quand les personnes pensent avoir atteint un niveau suffisant de maturité spirituelle qui les porte à s’abandonner totalement à l’Esprit Saint, elles demandent au groupe de frères de prier avec elles et pour elles, afin de bénéficier d’une nouvelle et plus efficace présence de l’Esprit par cette " effusion " de l’Esprit : c’est une expérience religieuse qui introduit une personne dans un sens décidément nouveau concernant la présence toute puissante de Dieu et son action dans sa vie, une action qui implique habituellement un ou plusieurs charismes. C’est une nouvelle relation à l’Esprit Saint (O’Sullivan). Ce n’est pas un nouveau sacrement, mais une assistance mutuelle dans l’itinéraire de foi et une expérience communautaire de la présence agissante de Dieu.

La vie dans l’expérience de l’Esprit : les charismes
La vie dans l’Esprit Saint doit se répandre dans toute l’existence. Il est reçu aux sacrements particulièrement dans l’initiation chrétienne. Le grand don c’est l’Esprit saint, mais avec lui sont donnés les fruits de l’Esprit : " amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi " (Gal 5,22). C’est normalement le commencement d’un lent progrès spirituel qui incite à une authenticité chrétienne toujours plus grande.
L’Esprit fait prendre conscience des dons et des charismes qu’il accorde dans l’Eglise et il permet de les mettre en œuvre pour le bien de la communauté. Dieu veut que les hommes aident leurs frères ; pour cela il leur donne les qualités déterminées qu’il purifie constamment pour qu’elles servent au développement de l’Eglise et de la société.
Ainsi l’Esprit produit le renouveau de l’Eglise et aussi un renouveau dans la société. La vie familiale, économique, sociale est renouvelée par un regard nouveau sur chaque personne, à la suite de l’Evangile, les règles de vie économiques sont marquées par cette attention à la personne et pas seulement par le profit économique.
 
Les principales communautés du Renouveau

En France, nous avons vu des dizaines de communautés ou fraternités locales, probablement plus d'une centaine. Certaines ont su garder assez de disponibilité pour assurer leur propre croissance et démultiplier leur influence. Voici quelques noms: La Source (région de Lens, avec le père René Jacob), Le Puits de Jacob (à Strasbourg), Le Rocher (Le Mans), Le Buisson Ardent (Roanne), Bonne Nouvelle (Le Puy), Abba (Rennes), L'Olivier (Toulouse), etc. Les noms traduisent l'inspiration très biblique. Quelques communautés antérieures ont pris une coloration charismatique, le Foyer de Charité de Tressaint (Cotes d’Armor) par exemple.
La Communauté " Réjouis-toi " (Coutances) s'inspire des mêmes principes: prière, partage fraternel, évangélisation. Mais elle a une place originale, peu fréquente en France elle est née dans la pastorale diocésaine,. son fondateur, le père Michel Santier était professeur au grand séminaire, responsable diocésain de la pastorale des vocations actuellement évêque de Luçon. Dès le début, les membres de la communauté ont été mêlés à des temps forts de la pastorale diocésaine, surtout près des jeunes; inversement, de grands projets diocésains ont eu des membres de la communauté comme noyau animateur. C'est un bel exemple d'harmonie entre charisme et institution. " La communauté 'Réjouis-toi' est une communauté de prière et de partage, au service de l'évangélisation dans l'église diocésaine.

Quelques groupes ont donné la priorité à l'appel communautaire. Des personnes se sont données totalement au Seigneur, ensemble, dans une alliance mutuelle. Ces communautés ont connu une croissance rapide, en France particulièrement. Elles sont issues de la même source charismatique, mais elles ont des visages différents, selon la personnalité ou le charisme de leur fondateur, selon l'histoire qui les a marquées. On retrouve entre elles une diversité comparable à celle des congrégations religieuses!

La communauté de l’Emmanuel
Son nom " Emmanuel " veut dire " Dieu avec nous ". Elle est issue d'un groupe de prière qui a débuté à Paris en 1972, autour de Pierre Goursat. Sa place l'a amenée à lancer d'autres groupes de prière à Paris et en province, puis les sessions nationales de Paray-le-Monial à partir de 1975. L'afflux de jeunes et de jeunes adultes, dès le départ, lui a donné beaucoup de dynamisme. Les assemblées de prière commencent par une louange exubérante. Ce fut un grand moteur de l'expansion du Renouveau en France.
Sa spiritualité est centrée sur l'Eucharistie (si possible quotidienne, avec l'adoration), sur la compassion ; la prière à Marie vient aussi régulièrement. C'est une communauté d'alliance au sens large, pour chrétiens vivant dans le monde, parfois sous le même toit, mais plus souvent dispersés, et se retrouvant périodiquement pour la prière, le partage, la formation, l'accompagnement spirituel... On y trouve des personnes de toutes origines, une dominante de cadres moyens et d'employés...
 
Les Fondations du Monde Nouveau
Il s'agit en réalité de plusieurs communautés, nées successivement, ayant en commun un même fondateur: Jean-Michel Rousseau, marié, père de famille, et une même origine: Poitiers.
La Fondation s'origine en premier dans la grande tradition de l'Église et le Concile Vatican II. Elle cherche d'abord, pour sa part, et à partir de son charisme propre, à actualiser le Concile. Le but est d'annoncer Jésus-Christ au monde d'aujourd'hui, ce qui suppose travailler à la croissance de la personne en Dieu. La Fondation le fait selon une pédagogie programmée, qui s'inspire quelque peu des Exercices de Saint Ignace, pour former des chrétiens responsables, qui auront des idées neuves. Le recrutement est sélectif: âge, culture, niveau professionnel et social.

La communauté du Pain de Vie
Elle a été fondée en janvier 1976 par Pascal et Marie-Annick Pingault et un autre couple ami qui venait d’être transformé par la grâce du Renouveau. " A notre demande, ils ont prié pour nous. J'étais incroyant une heure avant. Une heure après, j'étais profondément transformé. Quant à Marie Annick, elle retrouvait la foi vive de son adolescence. Ce simple fait explique le radicalisme qui caractérise ensuite la communauté du Pain de Vie. Nous avons vécu là, ma femme et moi, un chemin de Damas, nous nous sommes écroulés en larmes devant Dieu. Le reconnaissant comme Notre Seigneur, dans une expérience intérieure de joie et de repentir tellement forte que, du jour au lendemain, nous avons complètement changé de vie; c'était en février 1973 ". (cf Fioretti du Pain de Vie)
 
La communauté des Béatitudes
Ephraïm, le fondateur, et ses amis étaient protestants. Dans la foi, ils ont découvert progressivement Marie, l'Eucharistie, l'Église (le pape en particulier). Leur vie communautaire a pris une tournure monastique: vie commune dans des couvents et abbayes qu'ils ont restaurés, journées rythmées par la liturgie, offices religieux soignés (avec influence hébraïque, byzantine et catholique), contemplation (dans la ligne de la spiritualité du Carmel). Ils essayent de marier beauté des traditions ecclésiales, renouveau catholique et joie d'une vie très charismatique.
Chaque maison peut comporter des couples mariés avec leurs enfants, des célibataires, des moines et moniales (qui font des vœux et portent un habit religieux). Les membres vivent selon la pauvreté évangélique, et comptent beaucoup sur la Providence. Certains travaillent à l'extérieur, et beaucoup à l'intérieur, dans de nombreux services. Chaque maison a ainsi une tonalité propre. On peut classer les services en quelques catégories :
- accueil et prière: Cordes, Nouan-le-Fuzelier (retraites spirituelles), Saint-Broladre, Nay (jeunes), séminaire de Nîmes, évêchés de Nîmes et Perpignan, Rome (étudiants), Bangui, Zaïre, Maroc, Liban.
- santé-médecine: cabinet médical Saint-Luc à Castres (médecine et prière, entretiens psycho-spirituels, séminaires de formation pour médecins et infirmières), Mère de Miséricorde (pour femmes enceintes en détresse), service dans les hôpitaux (Castres, Zaïre).
- évangélisation: Diakonia-service (cassettes de chant et d'enseignement), Vidéo-Lumière, Logos-diffusion (pour diffuser des livres chrétiens), Totus Tuus (groupe rock chrétien), Feu et Lumière (" le mensuel de la vie spirituelle pour tous "), Étincelles (mensuel pour enfants), ateliers d'art chrétien (icônes, chant, poterie, danse, peinture), brigades d'évangélisation, grandes sessions pour tous en été (environ 10 000 personnes à Ars en 86), animation de sessions en fin de semaine à la demande des groupes de prière...

La communauté du Chemin Neuf
Elle est née en 1973, à Lyon, 49 montée du Chemin Neuf, d'où son nom. On y cherche l'équilibre entre contemplation et action, entre formation et mission. La présence du père Laurent Fabre, s.j., fait qu'elle est marquée par la spiritualité et les Exercices de Saint Ignace de Loyola. Elle a reçu un appel particulier pour être au service de l'unité de l'Église. Elle se compose surtout de Catholiques, mais aussi de Réformés, Évangéliques et Orthodoxes.
En 1987, elle comporte environ 350 adultes et autant d'enfants, répartis en une trentaine de fraternités de vie (sous le même toit) ou de quartier. Peu de permanents. Elle est reconnue comme Association publique de fidèles par l'Église Catholique.
Elle est principalement au service de la formation chrétienne, selon quatre axes : vie spirituelle et communautaire, Bible, regard sur le monde, vie et unité de l'Église.
Le Chemin Neuf est donc marqué par la solide expérience ecclésiale des Jésuites, et aussi par ses racines lyonnaises (théologie, œcuménisme). L'aspect charismatique est discret, mais donne un élan de jeunesse évangélique à des valeurs éprouvées par la tradition et mariées aux techniques et sciences humaines modernes.

Jeunesse-Lumière
" Jeunesse-Lumière " est une école d'évangélisation pour jeunes de 18-30 ans. Elle a été fondée par le père Daniel-Ange, auteur de nombreux livres et animateur réputé de grands rassemblements, de jeunes surtout. Elle a fonctionné pour la première fois pendant l'année scolaire 1984-1985 près de Digne. En septembre 1987, elle émigre près d'Albi, et ouvre une deuxième maison en Belgique. Les jeunes y consacrent les deux tiers du temps à leur formation chrétienne: prière, vie communautaire, Bible, théologie, histoire de l'Église, etc., l'autre tiers est consacré à l'évangélisation: ils vont par fraternités de six ou sept dans les écoles, les paroisses, partout où on les demande; ils témoignent de leur foi et de leur joie. La particularité est de n'accueillir les jeunes qu'un an, rarement une deuxième année. Ainsi les jeunes sont formés, très bien formés même, puis ils reviennent " à la base " et sont des chrétiens avec une qualification et une expérience chrétiennes. C'est la principale différence avec les autres communautés, à qui l'on reproche parfois de " pomper " les meilleurs jeunes des petits groupes de prière. L'année passée à Jeunesse-Lumière s'avère aussi un bon temps de discernement pour le choix d'un état de vie. La communauté ne s'affiche pas " charismatique " ; mais le fondateur et plusieurs membres sont marqués par ce courant.

Importance des grandes communautés
Cette présentation très brève de quelques-unes des grandes communautés laisse deviner leur diversité extrême: charisme fondateur, missions, formes de vie, recrutement... On trouve toutes les catégories sociales et religieuses, de l'écologiste au chef d'entreprise, du contemplatif à l'homme d'affaires... Notons d’abord cette grande diversité.
Cependant les grandes communautés ont des traits communs, semblables à ceux du Renouveau en général:
- l'accueil du courant pentecostal ou charismatique: démarche de l'effusion de l'Esprit, exercice des charismes, docilité à l'Esprit et à la Parole de Dieu, climat de spontanéité. Tout ceci à des degrés variables.
- une volonté de s'ancrer dans la Tradition de l'Église: liens avec la hiérarchie, les paroisses, courants de spiritualité, sacrements... Elles redécouvrent la vie communautaire et les conseils évangéliques (pauvreté, chasteté, obéissance). Dans la mesure où il y a un déclin de la vie religieuse en France, on peut parler d'un vrai " Renouveau ". C'est confirmé par le nombre important de vocations religieuses et sacerdotales qui commencent à émerger.
- une vie ecclésiale post-conciliaire. Les membres des communautés ont une moyenne d'âge autour de la trentaine, plutôt moins. Ils ont grandi dans une "Église d'après Vatican II " : responsabilités des laïcs, Eglise-peuple de Dieu, liturgie réformée, créativité, insertion dans le monde moderne.
- un dynamisme moderne; ces jeunes sont nés à l'ère des supersoniques et des ordinateurs; ils emploient spontanément les techniques les plus sophistiquées au service de l'évangélisation. Ceci explique aussi leur rayonnement. Parfois c'est également la cause de difficultés de collaboration avec des instances pastorales plus classiques.
- la grande nouveauté de ces communautés est leur mixité, surtout s'il y a vie de type monastique: le fait d'engager des hommes et des femmes sous le même toit, des hommes consacrés, des femmes consacrées et des couples avec enfants. On y vit réellement la pauvreté, la chasteté et l'obéissance, et l’engagement irrévocable, après les périodes probatoires. En général, l'expérience est satisfaisante.
Les communautés ont une grande influence. Leurs rassemblements retrouvent le souffle des anciennes missions, avec des méthodes modernes. Les maisons disséminées dans le monde ont un rayonnement local comparable à celui des couvents et abbayes. Les personnes exerçant une profession ont un type de témoignage semblable à celui de l'Action Catholique. Et l'utilisation massive des moyens modernes (livres, cassettes, films, radios, spectacles ... ) leur permet d'être missionnaires.
Le Renouveau témoigne de la dimension du " divin" ou du mystère, et offre aux hommes de notre temps les principes de la foi. Car comme l'a dit le Concile, l'homme est un problème pour lui-même, et Dieu seul peut lui fournir une réponse irrécusable (cf. GS 21). La diffusion des sectes pourrait nous amener à nous demander si nous avons toujours suffisamment manifesté le sens du sacré, alors que le message de l'Église, tel que le décrit le concile Vatican II, est trinitaire, christocentrique et animé par l’Esprit Saint.