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Originalité de la prière chrétienne

Fr. Paul, cistercien


Le Frère Paul Lenweiter est moine au Monts des Cats. C’est dire qu’il connaît et pratique la prière chrétienne. Il a accepté de nous faire partager quelque chose du dialogue avec Dieu auquel il s’est consacré.

L'objet de notre recherche n'est pas de faire une description exhaustive de toutes les facettes de la prière chrétienne, mais de relever quelques éléments particuliers qui permettent d'en souligner le caractère incomparable.
Premier Testament : des jalons pour la prière.
Seigneur Dieu, béni sois-tu pour toutes les prières que tu inspires aux hommes, car c'est toi qui es premier, c'est toi qui es source, c'est toi qui es à l'origine de tout ce qui est bon, beau, noble, généreux, profond, intérieur et c'est toi qui as foncièrement l'initiative.
Oui, Seigneur Dieu, sois béni pour tout ce que tu as déposé dans le cœur d'Abraham. Tu appelles cet homme très âgé à prendre la route vers un pays inconnu: il entend, il écoute, sa réponse est ouverture de tout son être, disponibilité, obéissance.


Abraham part, en quête de Dieu. Toute sa vie désormais tournée vers Dieu devient démarche de prière. Il pourrait légitimement se poser quelques questions, car ce Dieu qui, certes, est bien le sien parmi tous les dieux de l'époque, l'invite à un avenir troublant: il lui fera voir un autre pays où s'installer, il lui promet un fils et une descendance innombrable, à lui qui éprouve dans sa vie de couple la stérilité de son épouse Sara; leur extrême vieillesse à tous deux leur a fait perdre tout espoir. Surpris et même amusés d'abord, mais rendus confiants devant l'insistance du Seigneur, Abraham et Sarah, ouverts à la promesse, connaissent enfin la fécondité tant attendue dans la naissance d'un fils, d'un héritier, Isaac. Abraham est en accord parfait avec les vues du Seigneur, c'est cela la foi, c'est cela sa prière vécue. " Marche en ma présence ", lui a dit le Seigneur.
Toujours à l’écoute, le patriarche entend un jour l'appel familier " Abraham ". Il répond: " Me voici " - " Prends ton fils, ton unique, Isaac que, tu aimes, pars... Tu l'offriras en holocauste sur la montagne que je t'indiquerai... " Abraham se leva de bon matin..., il prit avec lui son fils Isaac..., il partit..., trois jours de marche..., ces quelques mots dans la Bible suffisent à exprimer la fidélité et la détermination d'Abraham. Il a le temps, en route, de s'ouvrir à son Dieu et de lui faire part de la douleur qu'il éprouve à l'idée du sacrifice., mais il se souvient combien le cœur de Dieu, lors de l'intercession insistante à Sodome en particulier, a pu se révéler tendre, rempli de pitié, prêt à pardonner le mal, sensible à la prière de celui qui chemine avec Dieu. Devant cette situation contradictoire, - la promesse / le sacrifice - , Abraham fait en tout crédit au Seigneur: il a été témoin de maintes interventions de son Dieu. Il reste foncièrement confiant dans la réalisation des promesses divines. Il va immoler son fils... lorsqu'il reconnaît la voix qui l’appelle dans un cri. Il lui répond comme à l’accoutumée: "Me voici" - " N'étends pas la main sur le jeune homme...Maintenant je sais que tu crains Dieu. "

Seigneur, tu te révèles sensible à l’acte de foi et à la confiance d’Abraham qui s'abandonne à toi. Cette marche continue sous ton regard est sa prière, tu révèles ton cœur, et lui révèle ce que tu as déposé dans le cœur de l'homme. Ainsi naît une véritable attention réciproque qui peut se concrétiser dans une véritable Alliance.

Nous te bénissons, Seigneur, d'aller au-delà du mal et des calculs qui sont dans l'homme: tu as renouvelé ta promesse à Jacob, malgré ses défauts, en dépit même de certaines malhonnêtetés concernant l'obtention du droit d'aînesse.

Initiative curieuse: sous l'apparence d'un être mystérieux, Dieu repère Jacob quand il est resté seul au gué du Yabboq et il l'agresse : toute une nuit, l’homme lutte avec lui dans la poussière sans qu'il puisse connaître son nom. En une sorte de prière insistante, Jacob ne lâchera pas avant que Dieu ne l'ait béni. Prière d'un lutteur dans la foi qui se passionne pour les desseins de Dieu sur son clan et la multitude promise, alors que son frère Esaü, lui, a préféré un plat de lentilles. Dieu le confirme et le bénit: "On ne t'appellera plus Jacob mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l'as emporté. " Jacob appela ce lieu Face-de-Dieu - " car j'ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ".
Nous te bénissons, Seigneur, de t'être souvenu de ton alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, lorsque tu as entendu la plainte des douze tribus d'Israël émigrées en Egypte. Royalement accueillis autrefois grâce à Joseph, les Hébreux sont tombés après quatre cents ans en une cruelle et avilissante servitude. Dieu a alors révélé ton visage et les secrets de son cœur. Une fois de plus il prend l'initiative mais il ne veut pas agir seul. Du milieu du buisson ardent à l'Horeb, il interpelle Moïse, réfugié au pays de Madian: " J'ai vu la misère de mon peuple...je l'ai entendu crier... Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens... Va, maintenant, je t'envoie vers Pharaon, fais sortir d'Egypte mon peuple, les fils d'Israël. " Le Seigneur se livre, il se confie à l'humble Moïse, il se révèle Dieu de tendresse et de pitié. Il veut la vie de ton peuple.
Devant l'énormité de la demande, Moïse s’esquive et objecte d'abord, mais il y a comme une imploration divine dans cette mission. Dieu parle à Moïse face à face, "comme un homme parle à son ami ". Conquis par cette intimité qui se crée avec Dieu, Moïse trouve la force de partir pour l'Egypte. Tout au long de ces quarante ans de désert où se concrétisent pour le peuple choisi les premiers signes tangibles de la promesse, -la Pâque, l'Exode, le don de la Loi et la conclusion de l'alliance, - Moïse s'entretiendra ainsi souvent avec son Seigneur sur la montagne, découvrant dans sa prière que Dieu est Amour. Il puise auprès de lui la force pour conformer sa volonté à celle de Dieu et la confiance indispensable pour conduire un peuple cher à son coeur mais si difficile, prompt à promettre mais versatile et infidèle.
Que de périodes de troubles, d'infidélités, d'idolâtrie, de sang, de crimes, de guerres, de rivalités, de désespoir, de détresses assombriront les longs siècles d'histoire de ce peuple dès son entrée en pays de Canaan; périodes entrecoupées parfois d'événements plus heureux, de nouvelles résolutions, de sursauts dans la foi. La prière heureusement ne perd absolument pas ses droits surtout quand Dieu manifeste de la colère, qu’il sanctionne parfois lourdement, qu’il fait mine d'abandonner ou qu’il " part " vraiment.
Nous te bénissons, Seigneur, pour David, le roi "selon ton cœur". Pour que le peuple puisse se raffermir dans ses engagements et trouver la joie de te louer dans une prière commune, il choisit Jérusalem comme "ta ville " et projette, lui qui demeurait déjà dans une maison de cèdre, de t'y construire une somptueuse maison pour y placer le signe de ta présence, l'Arche de l'Alliance, jusqu'alors en situation bien précaire. Le roi Salomon en sera le réalisateur.

La prière du peuple s'épanouit alors en un riche rituel et trouve son expression dans des hymnes et des cantiques d'adoration, de gratitude, de demande, de pénitence aussi. Des foules venues en pèlerinage y célèbrent des fêtes en souvenir de tout ce que Dieu a fait pour son peuple choisi. Trois mille ans plus tard, Israël se nourrira encore et toujours des prières et des hymnes de cette époque, et les chrétiens en feront une relecture toute nouvelle.
Mais ce peuple est versatile, inconstant, infidèle et se laisse prendre par les moeurs de ses voisins. Des rois eux-mêmes assouvissent ces penchants morbides en organisant des cultes aux idoles jusque dans l'enceinte du Temple. Les réformes de certains rois qui écoutent et qui prient, les avertissements et objurgations des porte-parole, les prophètes, n'entraînent souvent que d'éphémères réveils. La confrontation spectaculaire organisée par Elie face à des centaines de prophètes de Baal au Mont Carmel tourne, par le feu de l’intervention divine, à l'avantage de ce fidèle chercheur de Dieu: " Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, a-t-il supplié, que ce peuple sache que c'est toi, Seigneur, qui es Dieu, que c'est toi qui ramènes vers toi le cœur de ton peuple." Le peuple se jette face contre terre et dit: " C'est le Seigneur qui est Dieu. ! " Mais que ce soit en Juda ou en Israël, les hauts lieux ne disparaîtront pas, disent les chroniques; le peuple continuera à offrir des sacrifices aux idoles et à brûler de l'encens, oubliant qui est leur Dieu.
Persécuté, Elie s'enfuit au désert jusqu'au mont Horeb, la montagne où le Seigneur rencontrait Moïse. Le Seigneur, n'est pas dans l'ouragan, il n'est pas dans le tremblement de terre, il n'est pas dans le feu, il passe dans le bruissement d'un souffle ténu. Alors Elie dit sa plainte : " Je suis passionné pour le Seigneur, Dieu des puissances: les fils d'Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes : je suis resté moi seul et l'on cherche à m'enlever la vie. " On sait que, selon la Bible, le Seigneur fit monter Elie au ciel dans un char de feu, allusion à une vie dans l'au-delà, ou espérance d'un retour pour sauver ...
Avant et après l'exil, les prophètes puiseront comme Elie, dans le "seul à seul avec Dieu " lumière et force pour leur mission d'affermir et d'éclairer la foi et de proposer la conversion du cœur.
Nous te bénissons enfin spécialement, Seigneur, pour l'immense cadeau que tu as fait au peuple juif et par lui aux croyants: le Livre des Louanges ou Livre des 150 Psaumes.
Depuis David, nous l'avons vu, jusqu'aux temps où les prophètes se sont tus, à partir d'une longue révélation du Seigneur, les prières individuelles et communautaires vécues dans le cadre des fêtes et des liturgies du Temple, prennent la forme de poèmes, qui seront progressivement rassemblées en un recueil: une merveille à tous égards qui nourrit et exprime non seulement la prière des juifs au Temple et plus tard dans les synagogues, mais aussi celle de tous les croyants qui adorent le seul vrai Dieu.

Le Nouveau Testament :
Dieu Père, Fils et Esprit de toute éternité.
Lors de l'évocation de la foi des patriarches, des rois et des prophètes, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David, Elie, nous avons insisté sur le fait que la nature de leurs prières et de leurs réponses aux appels divins était tributaire de la Révélation que Dieu faisait progressivement de lui-même et de son amour pour les hommes. De même la multiplicité et la richesse des thèmes et des prières des psaumes est le signe de l’inspiration divine et de la même Révélation intense et continuelle: la parole de Dieu devient prière de l'homme.
Il ne peut en être autrement du sens foncièrement nouveau et des formes propres que va prendre la prière des chrétiens en fonction de cette vérité fondamentale révélée en Jésus-Christ: de toute éternité Dieu est Père, Dieu est Fils, Dieu est Esprit.
Seigneur, nous te remercions pour un cadeau très particulier et important: tu n'as voulu aucune rupture radicale entre le Premier Testament et le Nouveau. S'il y en a une, c'est le fait des hommes. La prière, la foi, les vertus, la confiance, les entreprises vécues en ces temps anciens gardent toute leur valeur et leur saveur; bien plus, elles sont comme transfigurées par la révélation de cette éternelle vérité d'un Dieu en Trois Personnes et de la venue parmi les hommes du Fils, Notre Seigneur Jésus, le Christ. C'est le cas en fait de toute la Bible qui se manifeste plus merveilleusement encore comme Parole de Dieu sous l'éclairage de cette Révélation en Jésus-Christ, le Fils, cheminement des hommes de foi vers le salut promis.
Les psaumes en particulier prennent encore plus de vie et de profondeur puisque le Christ lui- même les a récités, médités, vécus lui-même: inspirés par l'Esprit, ils nourrissent tout particulièrement la prière chrétienne.
Je remercie le Seigneur d’avoir vu des mamans apprendre le signe de croix à leurs très jeunes enfants: un exercice pour le geste d'abord, en référence à un crucifix mis en évidence; puis le nom de chacune des Personnes divines prononcé avec douceur et application, avec un petit rappel, pour chacun, d'une explication adaptée, pleine de tendresse; enfin le moment intense pour l'enfant aidé de sa maman, d'associer avec application et ravissement paroles et signe de la croix. : "Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Amen." Une prière infime dans son expression mais immense quant à son sens. Le seul symbole gestuel de la croix rappelle à la fois la volonté du Père d'envoyer son fils unique pour sauver les hommes, l'obéissance du Fils qui meurt pour nous sur la croix et qui sort vainqueur de la mort par sa résurrection, le souffle de l'Esprit qui rend présent le Seigneur ressuscité, à l'œuvre dans la vie des croyants. C'est un appel très fréquent du croyant à la grandeur, à la bonté, à l'assistance, à la miséricorde de Dieu en de multiples occasions, en particulier au début de la prière ou de la louange, qu'elle soit privée, en secret, ou commune, au début de la messe par exemple. Un signe éminemment révélateur de l’originalité de la prière chrétienne.
Seigneur, dans le même sens, qu'il est bon de te louer et de te remercier pour les "doxologies " placées après certains éléments de la liturgie, en particulier pour celles qui couronnent la lecture chrétienne ou le chant chrétien de chaque psaume.
Rendons gloire au Père tout-puissant,
à son Fils Jésus-Christ, le Seigneur,
A l'Esprit qui habite en nos cœurs
pour les siècles des siècles. Amen.
Le Dieu du Nouveau Testament est le même que celui du Premier Testament, mais la référence habituelle aux trois Personnes divines est une richesse unique de la prière chrétienne.
Jésus, Fils de Dieu, Verbe fait chair : prière vivante.
Jésus, Verbe Incarné, vrai Dieu et vrai homme est un priant; il prie Dieu son Père, il est en continuelle union avec lui, tout spécialement à certains moments-clefs de son existence: on souligne sa prière après son baptême par Jean; ses nuits en prière à l'écart, dans la montagne, en particulier avant le choix des douze; il va au Temple ou à la synagogue pour prier, mais pas exclusivement, comme c'était un peu le cas pour la prière au Temple ou à la synagogue. La prière chrétienne retiendra cette liberté spirituelle de prier en tous lieux. Prier en commun, prier seul, en secret, prier gratuitement, prier pour tous les hommes.
"Jésus prend avec lui Pierre, Jean et Jacques et monte sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage change et son vêtement devint d'une blancheur éclatante. Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui; c'étaient Moïse et Elie; apparus en gloire, ils parlaient de son départ qui allait s'accomplir à Jérusalem...Il y eut une voix qui disait: " Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai élu, écoutez-le! " Nous avons souligné la valeur exemplaire pour les croyants chrétiens de la prière de Moïse et d'Elie. Ils ont disparu depuis de nombreux siècles mais ils sont vivants. En sa prière intense Jésus se met en communion presque familière avec eux qui étaient des priants et qui jouissent maintenant d'une vie transfigurée. C'est le signe précurseur de résurrection et de vie éternelle pour tous ceux qui s'en remettent au Seigneur et lui demandent le salut. Cela aussi est extraordinaire et unique parmi toutes les religions.
 
"Faites ceci en mémoire de moi ."

Seigneur Dieu, il est bon de voir combien riche peut être la prière du chrétien dans ses formes particulières ou communes, combien ce temps passé avec toi répond à ton désir d'échange et d'amour avec le fidèle. Initié par ton Fils à prier, animé par l’Esprit, le priant t'adore et te bénis, te demande ou te supplie, intercède pour ses frères, te rend grâce pour ce que tu es et ce que tu offres, te loue en union avec tous ceux qui ont bénéficié de ta miséricorde et de ton salut. Facettes inépuisables de la prière chrétienne dans le secret du cœur ou en communautés de foi.

Mais quelle peine de constater que beaucoup de ceux qui se disent chrétiens négligent, ou ignorent même, la plus grande, la plus profonde et la plus riche des prières chrétiennes, qui les contient toutes: la messe de la communauté chrétienne. Je me permets de reprendre ici une réflexion tirée d'un journal paroissial: ...Le rassemblement dans les murs de l'église serait-il devenu désormais superflu? " Moi, je n'ai pas besoin d'aller à la messe pour rencontrer Dieu. "... Comment dire en vérité: "Je crois en Jésus" si je me prive des moyens que lui-même m'a laissés pour le rencontrer? Comment être véritablement croyant si je refuse les invitations que le Christ ressuscité me lance? N'est-ce pas lui-même qui dit à ses Apôtres, au soir de son dernier repas: " Faites ceci en mémoire de moi " ? Comment lui être présent si je renonce au mode privilégié de sa présence " réelle" que sont sa Parole et son Pain de vie? (F.-X. Arnherdt)
L'éloignement du sacrifice de la messe n'entraîne-t-il pas, à la longue, un étiolement de la foi, un repli individuel, une sorte de dessèchement de toute vie spirituelle, jusqu'à l'oubli de nombreuses prières qui en font la richesse, celle du Notre Père même?
 
La Messe, sommet de la prière. Le Corps mystique du Christ.
Abba, Père, " Notre Père ". Seigneur Dieu, la prière que ton Fils a apprise aux disciples, et par eux à nous tous, peut se dire partout, individuellement ou en commun, mais elle a trouvé tout naturellement une place privilégiée dans le sacrifice de la messe. Car le mot " notre " n'est pas anodin. Il révèle que tu es Père de tous les hommes et que, plein de tendresse, tu élargis et approfondis pour un peuple nouveau l'Alliance déjà conclue avec Moïse pour le peuple choisi.
La messe est célébration de la Nouvelle Alliance scellée dans le sacrifice de ton Fils Ressuscité. Cela suppose une démarche en communion, en Eglise. Même la messe célébrée par un prêtre en solitude comporte une référence continue à l'ensemble des croyants qui sont fils de Dieu, fils du même Père, frères de Jésus-Christ, frères en Jésus-Christ, avec la Vierge Marie sa mère, avec tous les saints, tous les sauvés, tous ressuscités ou appelés à la résurrection, tous membres d'un même Corps, Jésus le Christ. Même les ennemis sont conviés, et c'est là encore quelque chose d'unique et de spécifique par rapport aux prières des autres croyances. En assemblée dominicale, on lit, à certains dimanches de l'année, ces paroles fortes de Jésus: "Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux. (Mt 5,43-45.) Faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent " (Lc 6,27)

La prière au seul vrai Dieu.
Assise, le 27 octobre 1986. Environ cent trente responsables religieux, appartenant à toutes les communautés chrétiennes et à toutes les grandes religions non chrétiennes, sont les hôtes du Pape Jean-Paul II pour vivre un pèlerinage, prier et jeûner pour la paix, au pays de Saint François.
" Ce qui aura lieu à Assise, avait dit le Pape lors d'une audience générale à Rome, ne sera certes pas une combinaison de plusieurs doctrines religieuses mais une attitude sincère de prière à Dieu dans le respect réciproque. " Dès le début de la rencontre, devant tous les hôtes réunis qu'il a salués un à un, le Pape a orienté la programmation de la journée par une formule heureuse acceptée par tous: non pas prier ensemble, mais être ensemble pour prier. Pour une bonne partie de la journée, les participants vont se rendre vers des lieux distincts pour prier. "Ayant ainsi prié séparément, nous méditerons en silence sur notre propre responsabilité dans le travail pour la paix. Nous manifesterons notre engagement. "
Le Pape peut parler ici de prière commune au seul vrai Dieu pour la paix. " En tant que chrétiens, a souligné le Pape, il nous est possible de nous rassembler, à cette occasion, grâce à la puissance de l'Esprit Saint, lui qui fait entrer plus pleinement les disciples de Jésus-Christ dans la participation à la vie du Père et du Fils, ce qui est la communion de l'Eglise. "
Au terme de ces réflexions, Seigneur Dieu, je m'adresse à toi en savourant avec ton Fils Jésus et l'Esprit Saint, ces prières incomparables de la prière eucharistique III : Regarde, Seigneur (Père), le sacrifice de ton Eglise, et daigne y reconnaître ce lui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton Alliance; quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit-Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ... Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.