Signes et témoins

LE PERE DANIEL BROTTIER, UN EDUCATEUR-NE

Jean Gosselin

Monsieur Jean Gosselin a été toute sa vie à l’œuvre d’Auteuil, d’abord comme éducateur, ensuite Directeur de Maison et enfin Directeur Général pendant 18 ans. Il est certainement celui qui s’est inspiré du P. Brottier et de Thérèse, plus que tout autre. Fidèle lecteur d’Esprit Saint depuis des années, il a accepté de nous partager son expérience. Disons-le d’emblée, Daniel Brottier est d’abord un éducateur, qui plus est, un éducateur dont la vocation est de montrer le visage de Dieu. La " complicité " avec la Petite Sainte Thérèse de Lisieux, la construction du sanctuaire Ste Thérèse d’Auteuil, l’effort incessant pour recueillir les fonds pour la construction de la cathédrale du Souvenir Africain à Dakar, l’extraordinaire extension de l’œuvre d’Auteuil en 12 ans, ponctuée de difficultés administratives mais portant dans un court délai le nombre de jeunes accueillis et formés de 170 à 1400, tout cet ensemble d’événements contrôlables et contrôlés risque de réduire, sinon de faire oublier la mission première et permanente du Père Brottier : l’éducation.

Déjà à Pontlevoy

Chacun sait que certains d’entre nous " naissent " enseignants ou éducateurs, c’est pour eux une véritable vocation. Au collège diocésain de Pontlevoy, la première responsabilité du jeune abbé Daniel Brottier, il se révèle, sur le terrain, celui qui marque en profondeur ses élèves. Il en prend conscience, l’accepte, se perfectionne. Déjà, il saisit l’importance vitale de l’éducation.
Ordonné prêtre en 1899 par Monseigneur Laborde, Evêque de Blois, l’Abbé Daniel Brottier, dont la vocation missionnaire mûrit intérieurement mais intensément, devient surveillant du collège de Pontlevoy. Son profil, son goût du jeu et de l’éducation physique mais aussi une autorité naturelle en classe, bien supportée en raison d’une pédagogie efficace, lui valent ce compliment de Monseigneur Laborde : " Vous êtes un éducateur-né. Votre place est parmi ces enfants ". Favoriser une ambiance de joie, permettre à l’adolescent de développer tous ses talents, l’Abbé Brottier n’a pas à l’imposer : il est là et sa présence suffit. André Duchateau, l’un de ses élèves, témoigne : " L’Abbé Brottier n’a pas besoin de faire d’observations ni de punir ; son seul regard sur telle ou telle défaillance rétablit immédiatement une situation difficile. Son ascendant extraordinaire le classait parmi les meilleurs professeurs du collège ".

" Je serai missionnaire "
Pendant ces premières années de ministère, une pensée occupe le cœur de l’abbé Brottier. Il en fait part à ses supérieurs. " Je suis sûr qu’en Afrique des enfants m’attendent ". Le Père Brottier entre à la Congrégation du Saint Esprit qui évangélise l’Afrique noire : il a 27 ans. Loin des rêves de forêts équatoriales, de marigots et de peuplades souvent redoutables, Monseigneur Jalabert attend son second vicaire, en ville, à Saint-Louis du Sénégal. Déception ? Peut-être mais le Père Brottier découvre avec affection les Wolofs, les Bambaras, les bergers Peuls, les Akous, Toujours soucieux d’éducation, il ne tarde pas à rassembler autour de lui toute la jeunesse africaine, métisse, blanche, chrétienne et musulmane de Saint-Louis. Il organise des fêtes, crée une fanfare, une chorale, enseigne le catéchisme, édite un journal " L’écho de Saint-Louis " : à travers toutes ces activités de plus en plus nombreuses, il développe la Mission : le Père Brottier, de tout son être, éduque et enseigne suivant le projet de Dieu sur chacune et chacun. Les œuvres paroissiales, spécialement pour les enfants et les adolescents, permettent de remédier à la laïcisation des écoles catholiques durement éprouvées par les lois sur la séparation de l’Église et de l’État. Là encore et avec intelligence, le Père Brottier se révèle un éducateur de valeur au service de l’Église.

Dans les tranchées aussi… l’homme de tous
Au milieu des Poilus, pendant quatre années, " poilus hirsutes, débraillés, gouailleurs, frondeurs, moins militaires que guerriers d’instinct ", exagérons-nous l’attitude de l’aumônier volontaire Brottier en soulignant ses qualités d’homme et de prêtre ? Particulièrement proche de tous, tant dans les tranchées qu’à l’état-major de la division, il soutient, soigne, s’inquiète des familles de chacun. Il console, rassure les épouses, les parents, les enfants et confie à la miséricorde de Dieu ceux qui les ont quittés pour le dernier voyage… L’éducateur, au sens le plus noble du terme, se manifeste pleinement, ne comptant jamais ni ses forces, ni son temps et oubliant ses angoisses pour soulager celles des autres.

Une qualité essentielle : la relation
Le Père Brottier, tout au long de sa vie, cultive la relation. La relation avec Dieu d’abord. Il va même vérifier à la Trappe de Lérins, s’il n’est pas appelé à une vie de moine. S’il a très peu parlé et écrit de sa propre vie intérieure, il est fidèle aux appels de Dieu qui crée les circonstances auxquelles le Père Brottier ne pourra échapper. La révélation que lui fait Monseigneur Jalabert de sa prière fréquente : " Thérèse, gardez-moi mon Père Brottier ", bouleverse le père Brottier et le " contraint " à adhérer au projet de Dieu.
Quatre longues années se passent. Le Père Brottier est occupé par l’Union Nationale des Combattants, qu’il a fondé avec Clémenceau, et par la collecte de fonds pour le Souvenir Africain. Là aussi, sa façon de travailler n’est pas celle d’un manager d’affaires, mais celle d’un éducateur, qui informe et emporte l’adhésion du cœur.
En 1923, le Cardinal Dubois, Archevêque de Paris, confie l’œuvre d’Auteuil à la Congrégation du Saint Esprit. Monseigneur Le Roy, Supérieur Général, nomme le Père Brottier Directeur d’Auteuil pour redonner vie à l’œuvre du génial Abbé Roussel.

Educateur et bâtisseur
Le Père Brottier, très sensible à " l’économie " de la Providence, le soir même de son arrivée au 40, rue La Fontaine, écrit une longue lettre à Mère Agnès, sœur de Thérèse et Prieure du Carmel de Lisieux, pour l’informer de son souhait de construire dès maintenant un sanctuaire à la Bienheureuse Thérèse. Le oui du Cardinal Dubois n’apaise pas l’ensemble du clergé. On parle même d’un coup de folie du Père Brottier… qui, toujours en relation intime avec Dieu, poursuit, dans la confiance, son projet : l’œuvre d’Auteuil bascule et le Père Brottier décide de la faire connaître, de montrer aux français que des enfants et adolescents peuvent être tirés de la misère et il va même jusqu’à dévoiler aux chrétiens que la spiritualité de Thérèse deviendra une doctrine. Son élévation au titre de Docteur de l’Église n’étonnera personne en 1997.

Les lignes qui précédent voudraient apporter la preuve que la relation profonde et constante du Père Brottier avec Dieu, sous le regard de Thérèse, est signe de sa sainteté toujours mise au service des plus pauvres. " Auteuil, dis-moi ton secret ". Ce secret, c’est l’incessante conversation de tous ceux qui servent les plus pauvres à Auteuil, avec Dieu, Père de la Miséricorde. Qu’il est beau le projet éducatif du Père Brottier : " faire grandir avec le goût de vivre " ! Ils sont nombreux les anciens qui s’en souviennent dans leur vie d’adulte et le transmettent.

Père Brottier, c’est du passé ?
Non. Son message reste d’une brûlante actualité. Pourrions-nous dater ces lignes : " Il faut parler aux générations nouvelles un langage moderne " ? Ils sont aussi légion les amis d’Auteuil qui expriment leur détresse et demandent l’intercession du Bienheureux Daniel Brottier. Pour leur apporter réconfort et confiance, il suffit de puiser dans les messages toujours actuels du Père Brottier, éducateur du cœur et de l’âme.
 

CONSEILS ÉDUCATIFS DU PÈRE BROTTIER

Pour percevoir sur le vif le sens éducatif, psychologique et spirituel du Père Brottier, nous donnons ici des extraits de ses lettres à l’Abbé Durand, directeur de la Maison St-Roch à Malpeyre, au cours de la seule année 1933-1934. La fréquence des lettres et la diversité des sujets (ce ne sont que des extraits) montrent combien le P. Brottier suivait de près l’esprit éducatif de son œuvre. (Originaux aux Archives OAA)
Paris le 10 décembre 1933, Cher Monsieur le Curé,
Etudiez vous-même pendant quelques jours la nature des enfants qui vous sont envoyés. Puis, si vous le désirez, je vous enverrai en janvier un de mes aumôniers qui étudiera avec vous sur place les règles spirituelles. Vous me direz seulement ce que vous pensez de cette suggestion.
Que Ste Thérèse et St Roch vous couvrent de leur protection, Cher Monsieur le Curé, et que votre ministère soit béni auprès de ces chères petites âmes ! Veuillez bien agréer mes plus confraternels respects. D.Brottier+
 
Paris le 28 décembre 1933, Cher Monsieur le Curé,
Merci de votre bonne carte. Je suis content que nos enfants vous aient fait bonne impression. J'espère que l'avenir confirmera le présent et que, la Providence des orphelins aidant, tout ira bien. Votre dévouement en est d'ailleurs la plus sûre garantie.
En éducation comme en toutes choses, les expériences se font sur le terrain même, après des retouches successives. Qu'en pensez-vous ? D.Brottier+
 
Paris le 18 janvier 1934, Cher Monsieur le Curé,
Je pense que les choses vont toujours bien, comme vous le désirez, et que nos enfants ne vous déçoivent pas trop. Avec les enfants, il faut s'attendre à des hauts et des bas, je suis bien sûr que vous vous y attendez.
Votre zèle saura trouver les moyens d'aider ces chers petits à rester de bons enfants chrétiens. Le plus important est qu'ils sentent dans leur entourage immédiat ce même sentiment chrétien qui leur permettra de se tenir comme il faut, et de prendre les habitudes qui décideront de leur avenir. En assurant bien les bases de départ, l'œuvre d'éducation que vous entreprenez si ardemment réussira. Le Bon Dieu donnera l'accroissement qui fera fructifier votre effort.
Je crois la méditation très propre à entretenir la piété d'un enfant. Sera-t-elle à la portée des vôtres ? Vous le verrez à l'usage. Peut-être serez-vous appelé à la remplacer par une lecture spirituelle. Au début, il faut tâtonner. D.Brottier+
 
Paris le 12 janvier 1934, Cher Monsieur le Curé,
Ce que vous pensez est très juste. Je suis bien heureux de tout ce que vous me dites de M. Charpentier, des enfants, de tout l'ensemble qui débute bien. Et il est si important de bien commencer. D.Brottier+

Paris le 22 février 1934, Cher Monsieur le Curé,
Vous ne me reparlez plus de votre jeune séminariste, a-t-il trouvé une situation ? Si oui, tant mieux. Si non, je crois que je pourrai le tirer d'embarras. Et nos enfants ? Vous donnent-ils toujours satisfaction ? Je le désire bien vivement. Combien je vous remercie de tout votre dévouement ! Veuillez bien agréer, Cher Monsieur le Curé, mes plus religieux et confraternels respects. D.Brottier+
 
Paris le 4 mars 1934, Cher Monsieur le Curé,
J'ai reçu de bonnes lettres de M. Vayssié, qui ne sera libre qu'en juillet. Cela ne fait rien, à n'importe quel moment, pourvu qu'il apporte à la situation la souplesse nécessaire et qu'il se rende bien compte de la situation dans laquelle il se trouve. On pourra toujours s'arranger pour lui créer une petite place. L'ennui est que parfois ces jeunes gens, qu'on accueille surtout pour les tirer d'embarras, deviennent vite exigeants. J'espère que ce ne sera pas son cas.
Merci toujours de votre grand dévouement et veuillez bien agréer, Cher Monsieur le Curé, mes plus confraternels sentiments. D.Brottier+

Paris le 17 mars 1934, Cher Monsieur le Curé,
M. l'abbé Roussilhe m'informe qu'il sera à Malepeyre le 24. C'est parfait. Nos enfants auront ainsi une Semaine Sainte plus complète. Vous devez être si occupé !
Vous aurez immanquablement, Cher Monsieur le Curé, à arbitrer de temps à autre quelques conflits. Vous le ferez avec la même autorité dont vous êtes investi depuis le début. Vous serez bien bon de me dire que nous sommes tout à fait d'accord. Il importe que le nouvel état de choses ne crée aucun malentendu, et que la venue de l'abbé Roussilhe ne produise des résultats contraires à ceux que nous souhaitons.
Veuillez bien croire, Cher Monsieur le Curé, à mes sentiments très confraternellement dévoués et reconnaissants de tout le bien que vous faites à nos chers petits. D.Brottier+

Paris le 20 mars 1934, Cher Monsieur le Curé,
J'ai donné des instructions à M. l'abbé Roussilhe pour qu'il soit accrédité par Mgr de Cahors lui-même, auprès de Mgr de Montauban. Il ne doit pas prendre possession de son poste avant que cette question de haute convenance soit réglée.
Dès qu'il aura pris possession, vous serez bien bon de l'accompagner à l'évêché pour qu'il se présente à Monseigneur. Vous continuerez de confesser enfants et personnel, M. l'abbé Roussilhe ayant à surveiller, ne doit pas confesser. D.Brottier+
 
Paris le 23 mars 1934, Cher Monsieur le Curé,
Vos lettres m'intéressent profondément : vous avez tellement le sens des situations ! Tout ce que vous me dites au sujet de vos rapports avec M. l'Abbé Roussilhe, des enfants, de la direction des enfants, est la sagesse même. Après d'inévitables tâtonnements, vous aurez la satisfaction d'une oeuvre bien en mains, et qui fera du bien. Combien je suis heureux de votre appréciation sur M. Charpentier ! Dites-lui toute ma satisfaction.
Bonnes fêtes de Pâques, Cher Monsieur le Curé. Que la Providence des orphelins vous bénisse pour tout le bien que vous faites à nos enfants.
Bien confraternellement, D.Brottier

Paris le 7 avril 1934, Cher Monsieur le Curé,
Ne vous découragez pas ! Les oeuvres du genre de la nôtre, sont des oeuvres dans lesquelles il faut s'attendre chaque jour aux pires catastrophes. Le diable d'ailleurs s'y acharne, et le mieux est de s'abandonner entièrement à la Providence. Donc, tenez bon et tout s'arrangera avec la grâce du Bon Dieu ! Si vous avez des renseignements favorables sur la personne qui s'était proposée, vous me les enverrez le plus tôt possible.
Je suis heureux de ce que vous me dites de M. l'abbé Roussilhe, mais j'aurais voulu, pour des raisons que je vous dirai, qu'il fût accrédité dans votre diocèse par Mgr de Cahors. Si vous avez besoin de messes tous les deux, vous me le direz.
Croyez, Cher Monsieur le Curé, à ma reconnaissance et à mes sentiments très confraternellement dévoués. D.Brottier+

Paris le 9 avril 1934, Cher Monsieur le Curé,
Les oeuvres se fondent dans la contradiction et la souffrance. Malepeyre n'échappera pas à la loi. Que nos âmes soient seulement suffisamment trempées pour résister à l'assaut du démon qui enrage, chaque fois qu'il voit s'établir des oeuvres comme la nôtre.
Pour M. l'abbé Roussilhe, vous direz bien à Mgr de Montauban, qu'il était bien convenu que M. Roussilhe ne devait pas prendre ses fonctions avant d'avoir été accrédité dans le diocèse par des lettres de Mgr de Cahors.
M. l'abbé Roussilhe n'a pas suivi cette directive à laquelle je tenais essentiellement. Je ne sais pourquoi et je le regrette profondément, car je ne voudrais à aucun prix, que Mgr Roques pût conclure à un manque de correction à son égard.
Bon courage, Cher Monsieur le Curé, que la Providence des orphelins vous assiste ! Je suis content de savoir que nos enfants vont mieux. Je les bénis tous, et vous prie de croire à mes sentiments très confraternellement dévoués et reconnaissants. D.Brottier+

Paris le 16 avril 1934, Cher Monsieur le Curé,
Je cherche de mon côté pour le remplacement de M.C.
Comme vous n'êtes pas absolument pressé, ce sera plus facile, nous trouverons. La Providence ne nous abandonnera pas. M. C. est en lieu sûr et il rendra encore des services. L'auto qu'il a laissée, pourra vous servir : vaut-elle encore quelque chose ? J'ai dû lui avancer une assez forte somme pour se libérer de dettes antérieures, n'ayez donc aucun scrupule à garder ce qui peut être utile à la bonne marche de l'œuvre.
Reposez-vous, Cher Monsieur le Curé, et que la Providence des orphelins vous bénisse pour tout le bien que vous faites à nos pauvres enfants.
Veuillez bien agréer mes plus confraternels et reconnaissants souvenirs. D.Brottier+
 
Paris le 7 mai 1934, Cher Monsieur le Curé,
Vous devinez avec quelle anxiété je suis l'évolution de tous vos ennuis. Je vous écrirai plus longuement dans quelques jours. En ce moment, on prépare la vente, et il faudrait trouver des ressources abondantes. Il faut tant d'argent pour faire le bien ! Si M. Vayssié veut rester avec vous, je ne demande pas mieux. Je vais vous chercher des Soeurs.
Et un chef de culture ? Y a-t-il chance que vous trouviez dans vos parages ? Nos oeuvres sont sujettes à toutes les épreuves, mais, la Providence le permet ainsi : sine sanguinis effusione, non fit remissio".
Veuillez croire, Cher Monsieur le Curé, à mes plus confraternels et tout dévoués souvenirs. D.Brottier+


Paris le 28 mai 1934, Cher Monsieur le Curé,
Dans les oeuvres comme la nôtre, il faut une très grande patience, et se garder des décisions prises trop vite, sans motifs suffisants. M. l'abbé Roussilhe étant venu à Malepeyre, il ne faut décider son départ qu'à bon escient. J'ai demandé nettement à Mgr s'il désirait ce départ. Son Excellence m'a aussitôt, sans la moindre hésitation, répondu que non. La manière d'être de l'Abbé ne lui a pas plu, mais de là à une décision extrême il y a encore une forte marge.
J'écris donc à M. Roussilhe que vous êtes son chef, le Directeur de l'œuvre, qu'il vous doit une collaboration entière comme aumônier responsable devant Dieu, des âmes qui lui sont confiées. Je lui fais quelques recommandations sur son attitude vis-à-vis des prêtres du diocèse.
Monsieur Mouillier est rentré hier soir, heureux de l'accueil que vous avez eu la bonté de lui faire et du travail accompli pendant son séjour. Je crois comme vous, que l'œuvre va démarrer, heureusement ! Le diable saura d'ailleurs mettre de nouveaux bâtons dans les roues.
Merci encore, Cher Monsieur le Curé, de tant de dévouement, et veuillez bien agréer mes plus confraternels et très reconnaissants souvenirs. D.Brottier+
Demandez instamment à M. Roussilhe de ne pas rester dans sa chambre. Il faut qu'il se mêle à la vie des enfants et se rende compte de ce qui se passe.


Paris le 30 août 1934 , Cher Monsieur le Curé,
Je suis bien content des nouvelles que vous me donnez et vous pourrez dire à nos chers enfants toute ma satisfaction. Puisque le souci du pain quotidien à fournir à tout le monde m'attache inexorablement à une besogne sans répit, dites-leur du moins que je suis à distance tout ce qu'ils font et que l'on me tient au courant semaine par semaine, de leurs progrès ou du contraire.
C'est ainsi qu'ils comprendront de mieux en mieux ce que nous attendons d'eux, comme obéissance et comme travail, et qu'ils auront à cœur de nous donner satisfaction.
Organisez votre maison, lentement mais solidement, de façon que chaque recrue nouvelle tombe dans une atmosphère bienfaisante et suive tout naturellement l’exemple des anciens. Bonne santé, Cher Monsieur le Curé.
Vous devez avoir, vous aussi beaucoup à faire. Bons souvenirs à tout votre monde, et veuillez bien croire à mes plus dévoués et confraternels souvenirs. D.Brottier+
De bonnes photos des enfants à leurs travaux, feraient le meilleur effet sur nos amis. Si vous pouviez voir cela.
 
Paris le 15 octobre 1934, Cher Monsieur le Curé,
Comme vous êtes bon ! Et combien cette délicate attention me touche, ainsi que tous mes collaborateurs. Merci très sincèrement. Ce magnifique envoi est arrivé samedi et sera apprécié comme il le mérite. Tous ici, gardent de votre passage le meilleur souvenir et me prient de les rappeler à votre grand et bon cœur .
M. le Curé de St-Simplice continue de se dépenser pour nos chers petits de Malepeyre. Le grain de sénevé deviendra un grand arbre. Veuillez bien croire, Cher Monsieur le Curé, à mes affectueux et reconnaissants respects. D.Brottier
 
Paris le 18 octobre 1934 , Cher Monsieur le Curé,
Je suis heureux de toutes les bonnes nouvelles que vous avez la bonté de me donner. Voilà notre cher Saint-Roch en marche. En assurant de plus en plus la base, c'est-à-dire en formant solidement les premières recrues, vous aurez dans quelques années une oeuvre bien construite, suivant les règles d'un zèle prudent et avisé. Vos collaborateurs comprendront cela et creuseront en profondeur, avant de s'étendre en superficie. Ici (parce que la misère pressait, il y a 70 ans et qu'elle presse toujours), on a tendance à faire le contraire et ce n'est certainement pas le mieux.
Pour le 9 Décembre, vous saurez faire tout ce qu'il faut et présenter à Mgr votre oeuvre. Il sera, je pense, content des premiers résultats.
Veuillez croire, Cher Monsieur le Curé, à mes sentiments très confraternellement dévoués. D.Brottier+
 
Paris le 5 décembre 1934 , Cher Monsieur le Curé,
Je suis heureux que le Bon Dieu ait pris possession de St-Roch. Qu'Il en soit le maître et y soit aimé de nos pauvres enfants ! Vous Le représentez près d'eux. Tout ira bien.
Pour votre jeune séminariste, je crois qu'on pourra s'arranger. Ici, je ne pourrais que lui confier une section d'enfants. Il y faut du dévouement, de l'autorité, de l'allant. A Saint-Michel de Bretagne, peut-être lui trouverait-on une place de comptable. L'avantage de cette seconde proposition serait pour lui, au cas où il le désirerait, la possibilité de se marier : c'est une éventualité qu'il est bon d'envisager dans les cas de ce genre.
Vous me direz, Cher Monsieur le Curé, ce que vous pensez de ces deux projets. Le prêtre dont je vous ai parlé va vous écrire directement. Vous verrez au mieux ce que vous pouvez faire. Croyez, Cher Monsieur le Curé, à mes très dévoués et confraternels sentiments.
D.Brottier+
PS. Je suis content de vous connaître mieux par la photographie. Pour votre petit candidat, quand comptez-vous le mettre en route sur Paris?
 
Paris le 28 décembre 1934, Cher Monsieur le Curé,
Combien j'aurais voulu pouvoir répondre plus vite à vos souhaits de fête, mais les jours se volatilisent sans qu'il me soit possible de faire face à tout. Merci de tout ce que vous voulez bien m'exprimer. Merci surtout de cette collaboration qui nous est si précieuse et que le Bon Dieu apprécie, je vous assure. Notre St-Roch est une petite merveille et c'est vous qui l'avez fait. La Providence des orphelins ne l'oubliera pas.
Cher Monsieur le Curé, veuillez bien croire à mes sentiments très religieusement dévoués et reconnaissants. D.Brottier+