Vie chretienne
Actualité
La famille ignatienne en fête
Anne-Marie Aitken,Xavière
La Rencontre d’Août 2006 à Lourdes
Pour marquer le cinq-centième anniversaire de la
naissance de François Xavier et de Pierre Favre (1506), ainsi que le
quatre-cent-cinquantième de celui de la mort de saint Ignace (1556), les
jésuites de France ont eu la bonne idée de ne pas faire la fête tout seuls,
mais d’associer des partenaires rassemblés sous le terme de « famille
ignatienne ».
C’est
probablement la première fois que le mot de « famille ignatienne » a
été employé pour désigner tous ceux et celles qui se rattachent à la
spiritualité de St Ignace, façonnée par les Exercices spirituels. On peut s’en
étonner quand on connaît le souci d’autonomie de chaque entité qui compose
cette famille. Un petit livret, édité en novembre 2005, dans lequel chaque
groupe s’est présenté a permis de prendre conscience de la richesse et de la
diversité de l’ensemble. Nous y retrouvons les jésuites, les religieuses
ignatiennes (environ 47 congrégations), les membres de la Communauté Vie
Chrétienne (CVX), les membres du Chemin-Neuf (CCN), le mouvement des cadres
chrétiens (MCC), le Réseau Jeunesse Ignatien (RJI), des centres spirituels, une
paroisse, un centre universitaire, des collèges, des revues, des sites
Internet, etc.
Ce Jubilé
avait pour thème : « Amis dans le Seigneur », une expression
chère à saint Ignace pour désigner ses premiers compagnons. Nous avons pris
conscience, avec joie et étonnement, des liens très profonds qui nous lient les
uns aux autres. En effet, cette amitié spirituelle et apostolique prend sa
source dans l’amitié que le Christ a pour chacun et chacune d’entre nous :
« Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » et nous ouvre à un
service désintéressé des autres toujours plus grand. Nous savons que ce n’est
pas nous qui avons choisi le Christ mais que c’est lui qui nous a choisis. Cela
nous établit dans une dimension de foi plus solide que nos propres sentiments.
Vivante en nous, la foi vient de plus
loin que nous. Nous en avons fait l’expérience, nous recevant les uns les
autres et rendant grâce pour ce don qui nous est fait. Nous avons approfondi
une amitié qui existait déjà et nous l’avons renforcée. Le Jubilé fut un temps
fondateur d’un esprit de famille.
Différentes
festivités ont eu lieu tout au long de l’année, en province et à Paris. Pour ma
part, je retiens deux d’entre elles qui ont été nourriture pour ma foi et m’ont
élargi le cœur. La première est la pièce de théâtre écrite par Fabrice Hadjadj,
intitulée « A quoi sert de gagner le monde ? », qui retrace la
vie de François Xavier dans un langage moderne, audible par un public très large.
Une mise en scène dépouillée, plutôt austère, donne toute sa force à la
puissance des mots et des dialogues. Elle nous fait assister à la naissance de
François à sa vocation de jésuite, à travers sa rencontre avec Ignace dans une
modeste chambre parisienne. « Le chemin le plus dur est celui qui
descend. » lui dit Ignace. « Descendez, François, mais descendez
bien ! Le plus dur n’est peut-être pas d’être modeste, mais d’avoir assez
d’ambition. Assez d’ambition pour faire craquer notre suffisance, assez d’ambition
pour ne demander rien moins que tout…
A quoi sert de
gagner le monde si l’on vient à perdre son âme ? » Ces quelques mots
sont décisifs pour mettre François en route. Route qui lui permettra de
franchir les mers, des Indes au Japon, jusqu’aux abords de la Chine. C’est là
qu’il mourra après avoir fait une rétrospective de sa vie devant Dieu :
« Seigneur, vous m’avez envoyé aux Indes et je croyais avoir à prêcher aux
Indiens : je me suis aperçu qu’il fallait d’abord prêcher à ceux que
j’avais laissés derrière, à des Portugais. Ensuite, Seigneur, vous m’avez
envoyé aux Moluques, là où il n’y avait pas de mauvais chrétiens pour entraver
votre annonce, et je croyais avoir à proclamer la foi : je me suis aperçu
qu’il fallait, à ces pauvres d’entre mes frères, proclamer d’abord la raison.
Enfin, Seigneur, vous m’avez envoyé au Japon, chez des hommes raisonnables, et
je croyais avoir à faire de ces Japonais des chrétiens : je me suis aperçu
qu’il fallait d’abord que le chrétien se fasse Japonais. A présent je me tiens
face à la Chine et je ne suis pas comme l’homme fait qui connaît à l’avance sa
palabre, mais comme l’enfant qui balbutie. J’avance avec le pas assuré de celui
qui vient apprendre. »
Le deuxième
événement important fut le pèlerinage à Lourdes du 28 juillet au 3 août. Le
choix de Lourdes avec lequel plusieurs n’étaient pas très à l’aise de prime
abord s’est révélé être un bon choix. Monseigneur Jacques Perrier, évêque du
lieu, nous a chaleureusement accueillis, à la fois intrigué et intéressé par
notre démarche. Munis de sacs violets et jaunes bien reconnaissables, nous nous
sommes associés aux autres pèlerins en priant à la grotte, en participant à la
veillée aux flambeaux et à l’adoration eucharistique. Mais nous avions aussi
organisé nos propres activités : prière du matin dans la basilique
Saint-Pie X, grandes eucharisties festives dont celle du 2 août avec le père
Kolvenbach, père général des jésuites, nombreux forums sur des sujets de
société ou sur la spiritualité ignatienne, café social, congrès de la CVX,
festival des jeunes, pique-nique du 31 juillet si proche d’une multiplication
des pains évangélique, veillées diverses dont celle de la réconciliation aux
démarches multiples, retraite d’un ou plusieurs jours. Et surtout, une atmosphère
de simplicité à l’image de celle de Bernadette Soubirous qui nous a invités à
une simplification de notre être.
Comme toute
famille, nous avons eu plaisir à nous rencontrer, conscients du labeur fourni
par certains pour que la fête soit réussie. Nous avons reçu au centuple, il
nous reste maintenant à faire fructifier ce que nous avons reçu. La tâche est
devant nous. ¨
Un
spectacle réalisé par de jeunes religieuses
(Par Véronique de Portzamparc
et Marielle Lamy, Xavières)
Une histoire d’amitié dans le
Seigneur
Dans le cadre
du rassemblement à Lourdes du 28 juillet au 3 août dernier qui a réuni de
nombreux membres de la famille ignatienne, une vingtaine de jeunes professes de
huit congrégations religieuses (Cénacle, Religieuses du Sacré-Cœur de Jésus,
Auxiliatrices, Auxiliaires du Sacerdoce, Sœurs de Sainte Chrétienne, Sœurs de
Saint-André, Religieuses de Nazareth et Xavière) se sont retrouvées pour
organiser ensemble un spectacle sur le thème de ce rassemblement :
« Amis dans le Seigneur ».
L’amitié a été
au cœur de cette expérience : une amitié reçue de Dieu, partagée entre
nous mais aussi avec ceux qui sont venus se laisser surprendre par notre
spectacle. Nous avions en effet choisi d’intégrer le public. Assises parmi les
spectateurs qui étaient répartis à différents endroits de la salle, par terre
ou sur des chaises, nous n’avions pas de scène. Apparaissant à deux, trois, dix
ou quinze, nos chants, danses, textes spirituels ou poétiques, jeux scéniques,
vidéo-projections, surgissaient de partout, les uns après les autres. Sur les
murs, des dessins et des textes en plusieurs langues (témoins de nos diverses
nationalités), évoquaient aussi le thème. Au milieu de la pièce des rubans
pendus au plafond étaient destinés à fabriquer une sorte de grand tissage qui
symbolisait les liens qui nous unissent les uns aux autres. Et nos deux clowns
« philosophes » ont fait participer grands et petits en les
interpellant. Après deux jours intensifs de préparation et de répétitions, le spectacle
a été donné six fois durant les trois jours suivants. Chaque représentation
était suivie d’un échange autour, bien-sûr, d’un « verre de
l’amitié » !
Nous avions eu
en février une première rencontre pour faire connaissance et expérimenter
quelques techniques d’expression avec l’aide d’une xavière qui travaille dans
le monde du spectacle et d’un jeune jésuite également sensibilisé par ce
domaine. Après plusieurs mois de travail personnel sur le thème à l’aide d’un
parcours proposé par nos responsables de formation, le fruit de nos réflexions a été mis en commun pour fabriquer la
trame du spectacle. Partant de réflexions sur ce que représente pour nous
l’amitié, en passant par l’amitié qui unissait les trois premiers Jésuites que
nous fêtons cette année (Ignace de Loyola, François Xavier et Pierre Favre),
puis l’amitié avec le Christ, nous avons terminé, dans un élan missionnaire,
par l’amitié avec ceux auprès de qui Dieu nous envoie. Mais ce fond déjà bien
intense ne suffisait pas. Il restait encore, en deux jours, à se distribuer les
rôles, à monter le décor, à ajuster le déroulement, à apprendre quelques chants
et de nombreux textes … et à faire davantage connaissance. Un vrai
défi !
Plusieurs
éléments nous ont aidés à nous rencontrer et à reconnaître concrètement la
fraternité et l’amitié vécues dans le Seigneur. Tout d’abord des points communs
nous ont réunies, parmi lesquels : notre lien profond au Christ, notre
appartenance à une spiritualité commune et notre projet de spectacle. Mais nous
avons aussi découvert des différences qui nous ont enrichies : la
diversité des charismes de nos congrégations, nos nationalités et nos cultures,
nos tempéraments et nos dons particuliers.
Il nous semble que le fait d’avoir mis en commun nos expressions et nos
talents individuels, d’avoir choisi des ateliers en fonction de nos goûts et de
nos capacités, d’avoir eu un désir commun de développer ces dons et de donner
chacune le meilleur de soi-même, nous a permis de créer ensemble quelque chose
de beau. Et, au-delà du spectacle, c’est une expérience que nous avons laissé
transparaître.
Cette
proposition faisait partie des nombreux forums et ateliers organisés pendant ce
rassemblement. Elle a attiré beaucoup de nos amis ignatiens, connus ou
inconnus. Certains d’entre eux, à l’issue des représentations, nous ont partagé
combien tel ou tel texte les avait touchés, ou rejoignait une expérience qu’ils
avaient vécue. D’autres ont écrit leurs propres réflexions sur un mur
d’expression. D’autres encore furent marqués par ce qui rayonnait de ce que
nous avions vécu entre jeunes religieuses au cours de ces quelques jours. Nous
avons eu, en effet, la grande joie de vivre ensemble une histoire d’amitié, en
participant à un acte de création qui nous dépasse puisqu’il rejoint ce que
Dieu, chaque jour crée et recrée avec nous et en nous. ¨
Repères de la vie de Saint
Ignace :
1491 : Naissance d’Ignace
à Loyola en Espagne
1521 : Conversion
1523 : Pèlerin en Terre
Sainte
1528 : Séjour de huit ans
à Paris
1534 : « Vœu de
Montmartre (Fondation)
1535 : rédaction des
Exercices Spirituels
1538 : Ordination
sacerdotale
1540 : Approbation papale
1541 : Ignace, Premier
Préposé Général de la Compagnie de Jésus
1556 : mort d’Ignace, Les
Compagnons sont plus d’un millier.
1612 : Canonisation de
Saint Ignace