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Benoît XVI continue le dialogue avec l'islam


            Le voyage du Pape en Turquie en novembre 2006 revêtait une grande importance pour les relations de l’Eglise et de l’Islam. Il a été très suivi par les media (cf La Croix 27/11/2006 et 01-03/12/06) Le bilan s'avère très positif, tant pour l'œcuménisme, pour la situation des chrétiens sur place que pour le dialogue avec l’Islam. Deux mois et demi après les critiques provoquées dans le monde musulman par le discours de Ratisbonne, le pape s’est recueilli, avec le grand mufti d’Istamboul, face à La Mecque. Le mufti s’est tourné vers le pape : « Si vous le désirez, nous pouvons nous recueillir.» Benoît XVI a acquiescé, et les deux hommes, côte à côte, sont restés en silence, tournés vers La Mecque.

Quel sens donner à ce geste ?
              Le musulman récite une prière. Le pape « a pris un moment
de réflexion et de méditation silencieuse et personnelle en rapport avec Dieu », a expliqué ensuite le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège. Même Jean-Paul II, en 2001 à Damas, n’était pas allé jusque-là. Et l’on se souvient de la mise en garde récente de Benoît XVI pour les vingt ans de la rencontre inter-religieuse d’Assise : « Même lorsque l’on se retrouve ensemble pour prier pour la paix, il faut que la prière se déroule selon les chemins distincts propres aux diverses religions », avait-il écrit.

Soutien à la liberté religieuse des minorités chrétiennes
            Dès le début de sa visite, à Ankara, le pape prônait « un dialogue authentique entre chrétiens et musulmans, fondé sur la vérité et inspiré d’un désir sincère de nous connaître mieux les uns les autres, en respectant nos différences ». Mais l’image de la mosquée vaut tous les discours. « C’est l’équivalent pour les musulmans de ce que fut pour les juifs la prière de Jean-Paul II au mur des Lamentations à Jérusalem », estime le cardinal Roger Etchegaray, qui accompagnait le pape.
            « Le pape a su établir un rapport très cordial dans ses différentes rencontres, tant avec le patriarche orthodoxe qu’avec les musulmans », notait encore le P. Lombardi. Car l’autre image de ce voyage reste celle des deux mains, liées et levées, du patriarche Bartholomeos Ier et de Benoît XVI, devant les fidèles au Phanar. Le dialogue existe avec cette Église byzantine qui, pour les catholiques, est depuis Vatican II, le passage obligé pour un rapprochement avec l’ensemble de l’orthodoxie, du fait de la primauté d’honneur qui lui est reconnue par les autres Églises.
            La visite au patriarcat œcuménique de Constantinople était l’objectif premier du voyage pontifical. Même si aucune nouvelle avancée théologique n’a marqué cette rencontre avec celui qui possède une primauté spirituelle sur l’ensemble de l’orthodoxie, l’enthousiasme des deux hommes augure de nouvelles perspectives œcuméniques.

            Même accueil chaleureux, enfin, de la petite communauté catholique, vendredi 1er décembre à la cathédrale du Saint-Esprit, ultime étape du voyage du pape : « Merci de tout cœur pour le soutien que vous nous apportez », lui a dit Mgr Louis-Armel Pelâtre, vicaire apostolique d’Istamboul. Soutien à la liberté religieuse des minorités chrétiennes, que le pape n’a cessé de rappeler.

            Si « l’Église ne veut rien imposer à personne, expliquait son homélie vendredi, elle demande simplement de pouvoir vivre librement pour révéler celui qu’elle ne peut cacher ». Dimanche encore, lors de l’Angélus, Benoît XVI a noté combien cette « chère communauté catholique (…) rencontre souvent des conditions difficiles ».
            C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la position du pape à propos de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. S’il voit « de manière positive » le chemin fait par la Turquie pour une telle intégration, il en a rappelé les conditions, parmi lesquelles le respect des libertés religieuses. « J’espère que cette visite contribuera à la paix et au dialogue entre les religions », a dit Benoît XVI, en prenant congé des autorités turques.  ¨