Dans l’Esprit, l’Église accomplit le dessein de Dieu
Jean Savoie, Spiritain
A la Pentecôte, Pierre prend la parole : ce Jésus
crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ. Ceux qui l’entendent sont
bouleversés ; ils comprennent que la mort de Jésus n’était pas un fait
divers parmi d’autres, mais un moment capital du destin de l’humanité. Ils
demandent : que pouvons-nous faire ? Pierre répond : « que
chacun se fasse baptiser au nom de Jésus, alors vous recevrez le don de
l’Esprit Saint. Ce jour-là, environ trois mille personnes viennent augmenter la
communauté des croyants » (cf Ac. 2, 36-41).
Dans ce récit fondamental, nous trouvons le lien très
clair entre le Christ, l’Esprit et l’Église. Dans la bienveillance du Père,
sont présentés les rôles respectifs du Christ, de l’Esprit et de l’Église, en
vue du salut vital de chacun d’entre nous. Il nous faut approfondir un peu ce
mystère de la volonté du Père, qui veut nous faire vivre de sa vie par le
Christ, dans l’Esprit et en Église, qui sont donc inséparables de cette volonté
bienveillante de Dieu pour nous. Avançons par étapes :
l’Esprit suscite l’Église
l’Esprit fait l’Église à son image
l’Esprit fait de l’Église la mère de communion
L’Esprit habite et vivifie les croyants
L’Esprit
suscite l’Église
Saint Irénée emploie une image toute
simple pour nous présenter l’action du Fils et de l’Esprit dans le dessein du
Père. Il nous présente le Fils et
l’Esprit comme les « deux bras du Père ». On comprend par là l’union
dans l’action des Trois personnes divines, et particulièrement que l’action du
Père ne s’arrête pas à l’incarnation ni à la Pentecôte : c’est l’unique
dessein divin toujours à l’œuvre dans l’histoire des hommes pour le renouveau
spirituel de chacun et à la gloire de Dieu.
L’action
trinitaire
En effet, c’est la Trinité qui agit
dans la création et dans le monde, chaque Personne selon sa relation propre
dans l’existence trinitaire. Le Concile Vatican II a bien souligné cela, toute
action spirituelle prend sa source dans l’être trinitaire, aussi bien la mission
de sanctification que l’évangélisation et la montée de l’univers vers la
manifestation ultime au Retour du Christ.
Cette
action spirituelle en collaboration est appelée par certains théologiens une
synergie, aussi bien dans le mystère trinitaire lui-même que dans la naissance
et dans la mission de l’Église. Ainsi « L'Action créatrice et
sanctificatrice du Dieu trinitaire sera, au plus haut point, commune aux Trois
Divines Personnes et propre à chacune d'elles : comme une synergie infinie
d'amour et de puissance, qui appellera notre libre adoration et
coopération et nous fera, ainsi, entrer
par grâce dans la synergie créatrice et sanctificatrice»(1) .
L’action
commune de l’Esprit et de l’Église
Nous pouvons parler de synergie
aussi entre l’Esprit et l’Église. En effet lorsqu’ le Christ quitte ce
monde, il laisse à l'Esprit
Saint encore bien des choses à faire!... Il faut consolider la foi,
l'espérance, la charité, accomplir préalablement la justification, ensuite
conférer la force pour la vie chrétienne, allant jusqu'à l'imitation totale du
Christ. Pour rendre cela possible, il faut créer la structure mystérieuse qu'on
appelle l'Église
« C'est que l'œuvre du Fils devait se répercuter sur
l'humanité entière, dans la mission qu'il avait confiée à l'Église, et qu'il ne
pouvait en être ainsi que progressivement, tout au long du déploiement de l'histoire.
Le Dessein divin l'a voulu ainsi: que l'évangélisation du monde jusqu'à la
Parousie soit l'ère de l'Esprit en même temps que celle du Fils … C'est
une activité nouvelle et toujours commune au Fils et à l'Esprit, puisque le
Fils désormais agit précisément dans l'Esprit, restant avec nous tous les jours
jusqu'à la fin du monde, comme si la révélation du Père et de son amour
commençait réellement pour de bon.» (Coste p. 130)
Le temps qui se
déroule depuis la Résurrection est présenté comme celui de la manifestation au
monde du mystère de Jésus, le « mystère gardé dans le silence durant des
temps éternels ». C’est le grand secret de Dieu,décidé de toute
éternité, comprenant l'Incarnation du Fils, sa vie parmi nous, sa passion, sa
mort et sa résurrection, et toute l'histoire du salut, inaugurée dans la vie de
Jésus de Nazareth. Les apôtres en ont été tout d’émerveillés et Saint Paul
encore plus peut-on dire, en raison de l'acuité de la compréhension du mystère
qui lui a été révélé (Ep 3, 1). Mais aussi en raison de la mission spécifique
que le Christ lui avait confiée d'être, à un titre éminent, aux premiers temps
de l'Église, le grand évangélisateur du monde païen: celui qui annoncerait le
mieux que tous les êtres humains sont appelés au salut en Jésus-Christ.
« D'autres
apôtres, probablement moins ouverts et moins dynamiques, se sentaient plus à
l'aise avec leurs coreligionnaires juifs, même s'ils rencontraient de
nombreuses résistances auprès d'eux. Pour lui, Paul, l'homme de l'universel,
c'était l'humanité entière qui était son horizon. Il avait élaboré une impressionnante
stratégie missionnaire. Le mystère de Jésus était, pour lui, à la fois sa
Personne et son enseignement, mais aussi toute l'ampleur du Mystère trinitaire
qu'il avait révélé. D'où, chez ce génie de la théologie et chez ce spirituel
incomparable, passionné du Christ et passionné de Dieu, cet émerveillement,
cette exaltation et cette puissance d'action de grâces qui font de cette
doxologie une explosion de Feu et d'Esprit qui ne peut laisser indifférent
aucun de ses lecteurs. » (Coste p.131)
L’Encyclique sur l’Esprit Saint le nomme « Celui
par qui Dieu se communique et donne la vie » et exprime bien son lien avec
le Christ pour faire naître l’Église : « Il existe entre l'Esprit Saint
et le Christ, dans l'économie du salut, un lien intime, par lequel l'Esprit
agit dans l'histoire de l'homme comme «un autre Paraclet», assurant durablement
la transmission et le rayonnement de la Bonne Nouvelle révélée par Jésus de
Nazareth. C'est pourquoi la gloire du Christ resplendit dans l'Esprit Saint
Paraclet qui, dans le mystère et dans l'action de l'Église, continue sans
interruption la présence historique du Rédempteur sur la terre et son œuvre de
salut; c'est ce qu'attestent les paroles de Jean qui viennent ensuite: «Lui
(c'est-à-dire l'Esprit) me glorifiera, car c'est de mon bien qu'il recevra et
il vous le dévoilera».(2)
L’Esprit fait
l’Église à son image
Dans l’Evangile, Jésus a décrit le
mode d’action de l’Esprit, en lui-même et dans la communauté des croyants. Les
diverses indications qu’il nous donne sont autant d’indications sur l’Église et
son mode d’action. « Selon l'Evangile de Jean, l'Esprit Saint nous est
donné avec la vie nouvelle, comme Jésus l'annonce et le promet au grand jour de
la fête des Tentes: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive,
celui qui croit en moi! Selon le mot de l'Ecriture: De son sein couleront des
fleuves d'eau vive». Et l'évangéliste explique: «Il parlait de l'Esprit
que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui». C'est la même comparaison
de l'eau que Jésus emploie dans le dialogue avec la Samaritaine, quand il parle
de la «source d'eau jaillissant en vie éternelle», et dans le dialogue avec
Nicodème, quand il annonce la nécessité d'une nouvelle naissance «d'eau et
d'Esprit» pour «entrer dans le Royaume de Dieu».(3)
Ainsi
l’Esprit donne à l’Église ses propres caractéristiques ; les signes
évangéliques de l’Esprit deviennent les notes de l’Église qui ne reçoit sa vie
que de l’Esprit. Il est Esprit d’Unité, unité du Père et du Fils, il
fera l’Église une dans sa foi et dans sa mission. communion dans le Dieu
trinitaire, suivant la prière du Christ : « Que tous soient un comme toi, Père,
tu es en moi et que je suis en toi, qu'ils soient en nous eux aussi, afin que
le monde croie que tu m'as envoyé» (Jn 17,21).
Il est Esprit
de Sainteté, il fait l’Église sainte et immaculée. « Vous êtes
concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu… C'est en lui que, vous aussi, vous êtes
ensembles intégrés à la construction pourdevenir une demeure de Dieu
par l'Esprit » (Ep 2, 19.21
Il s’est
manifesté sur tous les croyants dans l’universalité de la Pentecôte en
commençant par les Apôtres : l’Église qu’il fait naître est Catholique
c'est-à-dire universelle : Le « même Esprit » et « le même Seigneur,
[...] le même Dieu, qui produit tout en tous » (1 Co 12, 4-6) ».
Elle est apostolique
c’est-à-dire confiée aux Apôtres pour arriver par eux et par l’Esprit à toutes
les générations. « Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour
fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus-Christ lui-même comme pierre
maîtresse. C'est en lui que toute construction s'ajuste et s'élève pour former
un temple saint dans le Seigneur. C'est en lui que, vous aussi, vous êtes ensemble
intégrés à la construction pour devenir un domaine de Dieu par l'Esprit »
(Ep 2, J 9-22).
L’Esprit de Vérité promis par Jésus dans l’Evangile
enseignera à l’Église la vérité toute entière et en fera la maîtresse de
vérité : ce que dit saint Paul à Timothée concerne l'Église tout au long
de son histoire : « Garde le bon dépôt par l'Esprit qui habite en nous »
(2 Tm 1, 14). Esprit de fidélité, Esprit de liberté : l'Esprit Saint est
principe de liberté: « Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté »
(2 Co 3, 17).
L’Esprit qui fait toute chose nouvelle pourvoit
l’Église de tous charismes dont elle a besoin pour manifester la nouveauté
de la présence de l’Esprit et de ses dons. Plusieurs théologiens ont noté, qu’à
chaque époque de son histoire, l’Église a
toujours eu les « prophètes » qui lui étaient nécessaires pour mieux
comprendre les problèmes du temps et les évangéliser. L'Esprit Saint a suscité
les vocations adaptées aux besoins de ce temps. Il est inspirateur de vie et de
nouveauté spirituelles. LeConcile
Œcuménique Vatican II a fait comprendre qu'une attention renouvelée à la
doctrine sur l'Esprit Saint était nécessaire, comme le soulignait Paul VI
: « A la christologie et spécialement à l'ecclésiologie du Concile, doivent
succéder une étude nouvelle et un culte nouveau de l'Esprit Saint, précisément
comme complément indispensable de l'enseignement du Concile»(4).
L’Esprit rend l’Église mère éducatrice et communion
L’Église est née comme visibilité de
l’action de l’Esprit. Certes l’Église est une réalité de foi : « Je
crois en l’Église » Mais ce qui se voit d’abord d’elle, c’est sa façon
d’exister en engendrant des fils par le baptême, en les réunissant en communautés
diverses et en les accompagnant tout au long de leur existence. Pour exprimer
cette visibilité de l’Église, les images n’ont pas manqué.
Saint Paul déjà en a employé plusieurs. L’Église est une
maison solidement construite qui a pour fondement les apôtres. Saint Pierre
fait des chrétiens les pierres vivantes de cet édifice. Paul explique
longuement aussi l’image du corps vivant, dont chaque chrétien est un
membre, vivant de la vie de la tête qui est le Christ. Saint Jean dans son
Evangile emploie une forte image de l’Église, c’est celle de la vigne :
le Christ est le cep, les croyants sont les sarments ; le Père est le
vigneron (cf. Jn 15).
Le concile Vatican II a privilégié
une autre image : l’Église est un Peuple, le Peuple de Dieu.
L’avantage de cette image est de montrer l’Église comme composée de personnes
libres qui vivent ensemble dans la responsabilité et la liberté.
Après
le Concile une expression a fait son chemin : celle de l’Église comme
communion. L’avantage de cette image est qu’elle exprime l’intériorité
spirituelle de l’Église, aussi bien que sa manifestation dans la vie
extérieure. De nombreux livres ont été écrits ces dernières années sur
l’Église-communion ou l’Église-famille, qui s’en rapproche. Je ne peux que
citer les indications pastorales de Jean-Paul II dans la lettre programme du
début du millénaire : « la communion (koinonia),
incarne et manifeste l'essence même du mystère de l'Église. La communion est le
fruit et la manifestation de l'amour qui, jaillissant du cœur du Père éternel,
se déverse en nous par l'Esprit que Jésus nous donne (cf. Rm 5,5), pour
faire de nous tous « un seul cœur et une seule âme » (Ac 4,32). C'est en
réalisant cette communion d'amour que l'Église se manifeste comme « sacrement
», c'est-à-dire comme « le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et
de l'unité de tout le genre humain ».26
Les paroles du Seigneur à ce sujet sont trop précises
pour que l'on puisse en réduire la portée. Beaucoup de choses, même dans le
nouveau siècle, seront nécessaires pour le cheminement historique de l'Église;
mais si la charité (l'agapè), fait défaut, tout sera inutile. C'est
l'Apôtre Paul lui-même qui le rappelle dans l'hymne à la charité: nous
aurions beau parler les langues des hommes et des anges et avoir une foi « à
déplacer les montagnes », s'il nous manquait la charité, tout cela serait «
rien » (cf. 1 Co 13,2). La charité est vraiment le « cœur » de l'Église,
comme l'avait bien pressenti sainte Thérèse de Lisieux, que j'ai voulu
proclamer Docteur de l'Église justement comme experte en ‘science de
l’amour’: « Je compris que l'Église avait un cœur, et que ce cœur était
brûlant d'amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de
l'Église [...]. Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que
l'Amour était tout ».27
Une spiritualité de communion
Jean Paul II a développé ce thème en spiritualité de
communion : « 3. Faire de l'Église la maison et l'école de la
communion: tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire
qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi
aux attentes profondes du monde.
Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut
promouvoir une spiritualité de la communion, en la faisant ressortir
comme principe éducatif partout où sont formés l'homme et le chrétien, où sont
éduqués les ministres de l'autel, les personnes consacrées, les agents
pastoraux, où se construisent les familles et les communautés. Une spiritualité
de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère
de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur
le visage des frères qui sont à nos côtés. Une spiritualité de la communion,
cela veut dire la capacité d'être attentif, dans l'unité profonde du Corps
mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme « l'un des nôtres
», pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs
et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. Une
spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu'il y a
de positif dans l'autre, pour l'accueillir et le valoriser comme un don de
Dieu: un « don pour moi », et pas seulement pour le frère qui l'a directement
reçu. Une spiritualité de la communion, c'est enfin savoir « donner une place »
à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) et
en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des
pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. Ne nous
faisons pas d'illusions: sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs
de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades
sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de
croissance. »(5)
L’Esprit habite
et vivifie la vie des croyants
Dansla vie quotidienne, le croyant est
accompagné de cette présence divine qui l’habite et qui l’inspire. Il sait que
quelqu’un est là pour le garder en fils de Dieu, pour le guider dans ses
engagements pour inspirer sa prière et son discernement, pour le rendre fort
dans le combat spirituel. Si l’Esprit Saint
anime l’Église, nous pouvons dire tout aussi fortement que l’Esprit est l’âme de
chaque croyant. Cela donne une grande force spirituelle à notre existence et à
nos vocations.
« Vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair, mais sous l'emprise
de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, votre
corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l'Esprit est votre vie,
parce que vous êtes devenus des justes. Et si l'Esprit de celui qui a
ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus
d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui
habite en vous. …En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de
Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de
vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de
vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant
: « Abba ! » C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que
nous sommes enfants de Dieu. » (Ro 8,
11-16)
Ce texte si dense et
bien connu affirme d’abord que par l’Esprit nous sommes nés à la vie nouvelle
du Christ ressuscité et c’est une vérité fondamentale pour tout chrétien. La
conséquence est énoncée aussitôt dans le texte « ne marchons pas sous
l’emprise de la chair, mais de l’Esprit (v.4). Il n’y a pas de vie chrétienne
sans l’Esprit : « si quelqu’un n’a pas l’esprit de Christ, il
ne lui appartient pas » (v.9). De plus, par l’Esprit il nous est donné de
participer à la vie même de Dieu « l’Esprit fait de nous des fils adoptifs
par lui nous crions Abba, Père. Il atteste à notre esprit que nous sommes
enfants de Dieu » (Rom 8 15-16). Enfin l’Esprit qui habite en nous nous
suggère la prière chrétienne, la prière des fils de Dieu, au cœur de notre vie
de croyants : « l’Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne
savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en
gémissements ineffables » (v.26)
L’Esprit nous guide et nous dynamise (Jn 14-17)
(6) Le
discernement spirituel est ainsi l’œuvre de l’Esprit.
L’Esprit
nous rend victorieux dans le combat spirituel « Car
les tendances de la chair s'opposent à l'esprit, et les tendances de l'esprit
s'opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de
faire ce que vous voudriez. Mais en vous laissant conduire par l'Esprit, vous
n'êtes plus sujets de la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair :
débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles,
jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries,
gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l'ai
déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le
royaume de Dieu. Mais voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Face à tout
cela, il n'y a plus de loi qui tienne. Ceux qui sont au Christ Jésus ont
crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes. Puisque
l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit. » (Ga
5, 11-25)
Le
symbole du cœur
Nous avons pensé
l’Esprit comme le principe vital de l'Église. Avec saint Thomas d'Aquin, nous
pourrions recourir au symbole du cœur. Comme il le remarque, le cœur exerce une
certaine influence cachée sur les membres extérieurs. C'est pourquoi « on compare
au cœur l'Esprit Saint qui vivifie et unifie intensément l'Église ».
J.-P. Torrell, qui cite ce texte, le commente ainsi: « Si, dans l'Église-corps,
être Tête convient au Christ, car il s'est manifesté de façon bien visible,
l'efficacité du cœur, invisible mais non moins indispensable, revient donc de
préférence au Saint-Esprit. Étant donné la valeur symbolique du cœur, ce n'est
qu'une autre façon de dire que c'est l'amour qui est la cause suprême de la vie
et de l'unité de l'Église. » Il poursuit: « La métaphore en appelle une autre.
Si dans notre corps physique, tous les membres sont irrigués par la circulation
du même sang qui part du cœur, dans le Corps mystique ce courant vital c'est la
charité (1). » Le courant vital de l'amour agapè tisse le prodigieux réseau de
vie « dans le Christ et dans l'Esprit» qui irrigue le Corps mystique (qui est
aussi la Communion des saints) et qui a sa Source définitive dans la Communion
d'amour absolu du Dieu trinitaire. L'Esprit Saint est le Cœur de l'Église-Corps
du Christ, dont le Christ est la Tête. Les deux symboles se complètent … et
expriment heureusement leur Synergie essentielle. Le symbole du Cœur
s'insère parfaitement dans la doctrine
paulinienne du Corps du Christ(7).♦
1- René Coste, L’Evangile de l’Esprit Cerf 2006
p. 127
2- Jean Paul II, Le Seigneur qui donne la vie, n°
7.