Signes et témoins

L’Esprit Saint m’a conduite à ma place dans l’Église


Huguette Combes


Huguette Combes est mère de famille, membre de la Fraternité spiritaine Esprit et Mission à Allex (Drôme). Elle e été baptisée il y a cinq ans, après la mort de son mari et poursuit son engagement chrétien dans plusieurs services pastoraux, notamment en catéchèse. Nous lui avons demandé son témoignage sur la façon dont l’Esprit a conduit son itinéraire.

A la suite d'un questionnement incessant, de recherche quasi-permanente, nécessaire et nourrissante, j'ai été baptisée à l'âge de 58 ans. Il faut dire qu'auparavant et surtout durant ma prime jeunesse j'ai baigné dans l'anticléricalisme par le fait de mon grand-père paternel et celui de la Libre Pensée par celui de son fils mon père. A trois ans je battais des ailes comme un corbeau sur le seuil de l'imprimerie familiale à chacun des passages du jeune curé de la paroisse. A leur décharge, je dois préciser que ces deux hommes étaient merveilleux, accueillants et généreux.

L’Esprit m’a conduite à l’Église et au baptême.
Petite fille choyée, un peu capricieuse parfois, je changeai subitement d'attitude à la mort de ma mère. Mon père et ma soeur aînée étaient là pour assister à ma métamorphose : je devins responsable et agréable. La disparition de cet être cher me conférait une force insoupçonnée et je pense que l'Esprit Saint était
déjà à l'oeuvre à cette époque car tout s'est passé naturellement, sans heurts, malgré le grand chagrin. L'Esprit Saint est l'amour de Dieu en nous. Plus tard, lorsque j'eus mon fils, je le fis baptiser.
Beaucoup plus tard, alors que j'avais 56 ans, et que je fréquentais la maison spiritaine d'Allex depuis une vingtaine d'années, sans être tentée par un approfondissement spirituel, mon mari, catholique, mourut après une longue maladie durant laquelle il fut accompagné par les Pères du Saint-Esprit. Pour m'aider à sortir de
mon marasme, l'un des prêtres, responsable de la Revue Saint-Joseph d'Allex, m'impliqua dans la confection de ce bimestriel (corrections, photos). Comment travailler correctement si l'on ne comprend pas ce que l'on a sous les yeux ? Je questionnais, j'avais les réponses, je lisais, avide de connaître et un jour je décidai de franchir le pas. N'est-ce-pas là encore une manifestation de l'Esprit Saint ? Si j'en ai parfois douté, aujourd'hui je ne doute plus, je sais et me rappelle souvent le psaume 36 : « fais confiance au Seigneur, agis bien... »

L’ Esprit m’a guidé vers des services d’Église
Immédiatement j'ai ressenti le besoin de témoigner ; je ne pensais plus en évoquant les chrétiens : ils ont de la chance !, à mon tour, je l'avais ! La Revue n'était pas tout ; il fallait entrer dans le vif du sujet et se lancer : il fallut fréquenter et participer à l'Église, se rendre assidûment à la messe – pour mon plus grand plaisir -, apprendre à lire en public. Je découvrais l'importance et la nécessité de l'eucharistie.
Puis ce fut la catéchèse pour laquelle il fallait s'adapter aux programmes et essayer d'anticiper les questions des enfants. Ce fut et c' est toujours un merveilleuse école où l'on reçoit autant que l'on donne. Mais une nouvelle étape m'attendait : celle de la création de la fraternité spiritaine. Proche des Spiritains, protégée par l'Esprit Saint, la lecture des textes du Père Libermann m'a appris la docilité, l'humilité et la « contemplation dans l'action » ; cette dernière me convenant parfaitement ! (St Paul Cor.4, 20 : « car le royaume de Dieu ne consiste pas en discours mais en actes »)
J'ai immédiatement compris qu'il s'agissait là de mettre à l'oeuvre mon énergie. L'Esprit Saint m'accompagnait, je pouvais laisser libre cours aux actions en fraternité : écoute de la Parole, réflexions sur les textes proposés, entraide, souci du bonheur des amis, prière, organisation des réunions, appel à des intervenants pour des informations et une nouvelle ouverture d'esprit ; les activités sont multiples et me comblent de joie.
« Vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu. Voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Puisque l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit ». (Ga 5, 16).

J’accueille l’Esprit au jour le jour
Ma mission chrétienne est le prolongement de ma mission humaine et professionnelle d'attaché territorial : au service des autres toute ma vie comme mes parents l'ont été durant leur trop courte existence. Aujourd'hui, c'est la présence auprès des enfants du village en difficulté scolaire, c'est la catéchèse, c'est la fraternité spiritaine ou la Revue Saint-Joseph d'Allex.
Le don de l'Esprit Saint s'exerce, en particulier lors de la catéchèse, avec les motions de confiance et d'amour mais il est aussi profondément humain par le sourire, le service rendu, une conversation fructueuse avec les personnes rencontrées.
Chaque jour je me nourris de la Parole et des textes bibliques. J'en ressens un grand bien-être et mes réticences ou révoltes s'effacent devant la force de l'Esprit qui me comble de sérénité et de joie . « Et c'est à nous que Dieu, par l'Esprit, a révélé cette sagesse. Car l'Esprit voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu ». (1 Co 2,10)
Je ne cesse pas pour autant de m’interroger ! Les questions sont nécessaires à une meilleure compréhension, à l'écoute et aux subtilités de l'Écriture. « La foi est l'élan de tout l'être vers Dieu, l'engagement du plus profond de soi ». L'Esprit Saint est là : « C'est une énergie divine d'aimer qui nous est donnée ». Tout notre être est tendu vers Dieu. « A la Pentecôte, les apôtres sont envahis par l'Esprit de Jésus. Ils ont désormais en eux celui que Jésus avait en lui». La Trinité réalise parfaitement le voeu de l'amour. Dans la Trinité, où la réciprocité est parfaite, l'Amour lui-même est une personne, le Saint-Esprit : Amour du Père pour le Fils, Amour du Fils pour le Père ».
Le Père Varillon a résumé en quelques mots notre bonheur d'être chrétien : « Joie de vivre, joie de croire » ! Je crois en l'Esprit Saint comme je crois en l'amour : on ne le voit pas, il n'est pas palpable, mais on sait par une multitude de signes qu'il existe. Nous l'avons en nous, sachons l'écouter et le suivre, sachons admirer la beauté de la création, sachons nous battre pour la foi comme on peut se battre pour la liberté. ♦