Chemins de vie
LITURGIE DE LA
CONFIRMATION
Maurice Fréchard, cssp
La célébration de la
Confirmation.
Avant de parcourir le Rituel lui-même, considérons
l’ensemble de la célébration au cours de laquelle la Confirmation sera conférée
à un groupe de baptisés.
L’Assemblée
Soyons d’abord attentifs à la communauté chrétienne
qui entoure les confirmands. Notons d’abord la présence des parrains et des
marraines des confirmands. Ceux-ci ont besoin d’une aide plus rapprochée,
différente mais complémentaire des parents pour vivre leur foi. C’est le rôle
des parrains et marraines, qui normalement ont été confirmés eux aussi.
C’est souvent dans le cadre d’une paroisse qu’a lieu
la Confirmation. Une paroisse qui se mobilise pour entourer les confirmands,
une paroisse qui accueille des membres de leurs familles, de leurs amis, de
leurs éducateurs. On peut considérer que l’assemblée festive de ce jour peut témoigner
de la grâce reçue au Baptême et à la Confirmation, et de la joie qui en naît
naturellement. C’est une assemblée d’Église, qui prend sa part active à
l’évangélisation, pas seulement une rencontre amicale. Au moins pour une partie
notable des participants.
Le
ministre du sacrement
En principe l’évêque du lieu est le ministre ordinaire
de ce sacrement. En cas d’urgence ou de nécessité, il peut demander l’aide d’un
autre évêque ou déléguer un prêtre pour conférer le sacrement. Mais il est
clair que ce remplaçant n’agit pas en vertu de son pouvoir propre, mais au nom
de l’évêque du lieu qui l’a dûment mandaté à cet effet. Car le Sacrement de
Confirmation n’est pas seulement une affaire personnelle. Au-delà de
l’engagement de chacun envers Dieu, il y a l’engagement envers l’Église. Comme
le Baptême, la Confirmation du Baptême est un engagement mutuel de l’Église et
de ceux qui se présentent pour recevoir le sacrement. Et cet engagement mutuel
demeure.
La présence de l’évêque rappelle ce que nous rapportent
les Actes des Apôtres au sujet des Samaritains. « Les Apôtres, restés à
Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la Parole de Dieu. Alors
ils leur envoyèrent Pierre et Jean. A leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les
Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l’Esprit
n’était pas encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement
baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les
mains, et ils recevaient le Saint-Esprit » (Ac 8,14-17).
L’appel
Chacun des confirmands fait d’abord l’objet d’un
appel, chacun est appelé par son nom et répond : « Me voici ».
Ce n’est pas pour vérifier que l’effectif est bien présent au complet. C’est
pour bien manifester que c’est Dieu qui appelle et que la réponse à cet appel
manifeste la réponse positive à l’appel reçu. Ce ne sont pas les confirmands
qui se présentent d’eux-mêmes. Par diverses voies ils ont perçu l’appel à la
Confirmation et, au-delà des relais effectifs, ils reconnaissent l’appel de
Dieu et répondent à une initiative qui
les dépasse. Cela rejoint la réflexion que nous faisions plus haut à propos de
la question : Qui confirme quoi ? Qui appelle qui ? C’est un
premier acte de foi en une vocation d’origine divine. C’était vrai pour le
Baptême, c’est également vrai pour la Confirmation à la suite du Baptême.
La
Profession de foi
Nous vérifions une fois de plus les liens étroits qui
unissent toujours Baptême et Confirmation. Si Dieu lui-même est le principal
acteur de la Confirmation, il n’empêche que les confirmands ont leur part
personnelle à assumer dans cette démarche liturgique. Il s’agit de reprendre
l’engagement baptismal. C’est un engagement constant, que les communautés
chrétiennes sont invitées à ratifier chaque année, durant la nuit de Pâques.
Sous deux aspects complémentaires : la
renonciation au mal, au péché, le témoignage de la foi explicite dans la foi de
l’Église. Plusieurs formules sont possibles selon les âges et les conditions
concrètes, mais l’essentiel ne souffre pas de demi mesure. Ce sont les mêmes
questions posées aux catéchumènes du plus ancien Rituel du Baptême cité plus
haut. Dans l’essentiel de sa formulation la foi de l’Église n’a pas
varié : Croyez-vous en Dieu ? en Jésus Christ, son Fils ? en
l’Esprit Saint ? dans la sainte Église catholique ? Chacun est invité
à répondre de manière à être entendu, compris dans son adhésion de foi.
Non seulement les confirmands renoncent au mal et
proclament leur foi, mais les autres participants sont invités à en faire
autant. Car les participants ne sont pas présents seulement à titre personnel,
mais ensemble ils composent un visage de l’Église concrète d’un quartier, d’une
cité, ils forment l’Église visible ici et ailleurs. C’est en tant qu’ils sont
d’Église qu’ils renoncent au mal, eux aussi, et qu’ils témoignent de leur foi.
L’imposition
des mains
C’est un rite très ancien qui remonte jusqu’au
témoignage des Actes des Apôtres quand Pierre et Jean imposent les mains aux
Samaritains, seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus : « Ils leur
imposèrent les mains et ils recevaient le Saint-Esprit » (Ac 8,17).
Les
prêtres présents sont invités à s’unir au geste de l’évêque qui, les bras
étendus, implore Dieu d’envoyer son Esprit sur les confirmands. Prière
solennelle qui peut prendre deux formes différentes. Mais l’Esprit est le même,
il n’y a aucun doute là-dessus. C’est l’Esprit qui repose sur Jésus au Baptême,
sur les Apôtres à la Pentecôte et sur l’Église depuis lors, qui a transformé en
enfants de Dieu ceux qui sont baptisés. Et les deux formules reprennent
l’expression que leur donne le prophète Isaïe quand il parle du Messie
promis : Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de
connaissance et d’affection filiale, d’adoration.
L’onction
L’onction, ou chrismation, tire son nom du
saint-chrême qui sert à l’onction sacramentelle. C’est une huile parfumée qui
est consacrée par l’évêque le Jeudi-Saint ou un autre jour de la semaine
sainte, durant la messe chrismale, au cours de laquelle sont bénites l’huile
des malades et l’huile des catéchumènes. D’abord, l’évêque rend grâce pour la
mission de Jésus au milieu des hommes jusqu’à la Pentecôte : « Jésus
remplit ton Église de l’Esprit Saint avec la merveilleuse abondance de ses
dons, afin qu’elle puisse achever dans le monde l’œuvre du salut. Depuis, par
le mystère du saint-chrême, (Père,) tu accordes aux hommes les richesses de ta
grâce. Ainsi, tes enfants, après être renés dans l’eau du Baptême, sont
fortifiés par l’onction de l’Esprit, et, rendus semblables au Christ, ils participent
à sa fonction prophétique et royale … Répands largement les dons du
Saint-Esprit sur nos frères que cette onction va imprégner … (Prière
consécratoire).
En effet, le saint-chrême sert à l’onction qui suit le
Baptême pour tout nouveau baptisé, c’est également avec le saint-chrême que
l’évêque confirme les baptisés. Les mains des nouveaux prêtres sont consacrées
avec le saint-chrême comme la tête du nouvel évêque.
A ce moment les confirmands sont accompagnés de leur
parrain, de leur marraine. Ceux-ci posent la main droite sur l’épaule de leur
filleul(le), rappellent à l’évêque le prénom de leur filleul(le). Alors
l’évêque, mitre en tête, marque du signe de la croix le front du confirmand, en
prononçant les quelques mots essentiels : « Pierre, ou Irène, sois
marqué(e) de l’Esprit Saint, le Don de Dieu ». Une parole et un geste
discret d’encouragement terminent le
rite pour chacun.
Qu’attend l’Église de
ces nouveaux confirmés ?
Participer
à la mission de l’Église
Car le sacrement ne ressemble en rien à une
décoration. Comme le Baptême et dans la suite de ce Baptême, l’Église attend
des nouveaux confirmés une action, un témoignage qui soient à la hauteur de la
grâce reçue.
Devenus enfants de Dieu par le Baptême, enrichis une
nouvelle fois des richesses du don de l’Esprit, les nouveaux confirmés sont
rendus parfaitement participants du mystère Pascal de Jésus, de sa Pâque
jusqu’à l’effusion de l’Esprit sur les Apôtres. Ils sont membres de l’Église à
part entière désormais, ils sont désormais équipés pour être des membres
vivants et actifs de l’Église.
La mission de l’Église devient leur mission, en
concertation avec les autres membres, chacun selon ses aptitudes.
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au
nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ; apprenez-leur à garder tous
les commandements que je vous ai donnés » (Mt 28,19-20). La mission
essentielle de l’Église tient en ces quelques mots.
L’Église attend de ces nouveaux confirmés le
témoignage d’une vie de prière pour rendre grâce au Seigneur de leur avoir
accordé tant de richesses spirituelles. Elle attend d’eux également le
témoignage d’une vie conduite selon l’Evangile pour la transformation du monde
et le bonheur de tout homme. Elle leur fournit les sacrements qui leur permettront,
en tout état de vie, de mener une vie conforme à celle de Jésus.
Elle les assure de la présence aimante et agissante de
Dieu à leurs côtés selon les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile selon
saint Matthieu : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à
la fin du monde » (Mt 28,20).
Vers
l’Eucharistie
Quand la Confirmation des adultes suit immédiatement
leur Baptême, ou bien lorsqu’elle sera suivie plus tard par la Première
Communion, elle prépare les confirmés à prendre part à l’Eucharistie pour la
première fois. C’est un autre chapitre des sacrements de l’initiation.