Vie chrétienne / Actualité

Le 18 mai 2008, quatrième centenaire du

miracle eucharistique de Faverney

commémoré par 6 000 pèlerins

A Favernay, en Haute Saone, près de Vesoul, à été célébrée dans la plus grande sollennité ecclésiale, avec présence d’une vingtaine d’évêques, le 4e centenaire d’un miracle sur l’Eucharistie. Rappelons d’abord ce qui s’est passé en 1608..

Le miracle eucharistique de Faverney

Le 25 mai 1608, à Faverney, jour de la Pentecôte, le Saint Sacrement est exposé ; pendant la nuit un incendie brûle la table-reposoir sur laquelle était posé l'ostensoir. Le lundi matin on découvre que l'ostensoir se trouve suspendu dans le vide au dessus des restes carbonisés. Pendant trente trois heures le miracle dure et des milliers de personnes en sont témoins.
Faverney, était alors une abbaye de Bénédictins. Ils avaient demandé et obtenu d'organiser un triduum eucharistique avec exposition du Saint Sacrement à la Pentecôte 1608. Le miracle s’est produit dans la nuit du 25 au 26 mai 1608. Le dimanche de la Pentecôte avait commencé l'adoration et celle ci devait durer trois jours. On avait érigé un " reposoir " contre la grille qui dans les abbayes à l'époque séparait le chœur et la partie réservée aux moines de la nef ouverte aux fidèles. Ce reposoir consistait en une table de bois surmontée d'un gradin de bois et d'une étagère à quatre colonnes, également de bois, rehaussant la table de près d'un mètre.
L'Ostensoir se trouvait donc en haut de cet ensemble. De nombreuses nappes et étoffes de soie recouvraient table et reposoir, avec au dessus, accroché à la grille, un dais festonné d'où descendaient des draperies. La table autel était garnie de fleurs et portait deux chandeliers de cuivre garnis de cierges, et deux chandeliers d'étain portant des lampes d'huile qui devaient brûler jour et nuit devant le saint Sacrement. Jean Garnier, le sacristain, ferma les portes de l'église le soir et revint ouvrir le matin. Il trouva alors l'église remplie de fumée et voit les décombres du reposoir incendié. Les moines accourent et se précipitent vers les débris fumants jonchant le sol. Il n'y reste rien de l'ostensoir. Celui-ci est suspendu en l'air, légèrement penché vers la grille. L'ostensoir n'est supporté ni retenu par rien; la grille elle branle chaque fois qu'on la touche tandis que l'ostensoir reste immobile.
Pendant trente trois heures l'ostensoir va demeurer suspendu en l'air et des milliers de personnes arrivent de partout au bruit du miracle et en sont témoins elles aussi. Au bout de ces trente trois heures l'ostensoir descend doucement, comme porté par une main, et se pose sur le " corporal " qui avait été disposé en dessous. C'était le moment où un prêtre à l'autel principal déposait l'hostie après l'élévation.
La Commission d'enquête ordonnée par l'archevêque de Besançon, dès le 30 mai recueillit les dépositions concordantes des témoins, elle s'arrêta au nombre de 54. Aussi Amédée Thierry, professeur à d'université de Besançon, qui a étudié ces faits avec la rigueur de la critique historique, conclut: " S'il est un fait matériellement prouvé, c'est incontestablement celui là. "

La célébration du Centenaire

Le journal La Croix du 27 mai 2008 a rendu compte de cette célébration par Anne-Marie Kaiser. En voici quelques extraits.
6000 pèlerins du grand Est de la France sont venus célébrer dimanche, jour de la Fête-Dieu, le 400e anniversaire du miracle de Faverney. Cette commune paisible de 1 000 habitants nichée au cœur d’une campagne éclatante de verdure, en Haute-Saône, n’avait pas connu pareille affluence depuis 1958, date de la dernière commémoration, qui avait réuni 20 000 personnes. Un chapiteau géant installé sur le terrain de sport communal a accueilli l’essentiel des festivités. Un peu avant 10 h 30, un long cortège composé de 18 évêques, dont le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques, et le nonce apostolique Mgr Fortunato Baldelli, deux abbés de monastères de la région, 200 prêtres, 30 diacres, des responsables des congrégations du diocèse, a rejoint la vaste estrade où trônait, discret mais bien en vue, l’ostensoir " miraculé ", qui contient toujours l’une des deux hosties sauvées des flammes il y a quatre siècles.
Si le " miracle " de Faverney est connu dans la région, c’était loin d’être le cas de tous les pèlerins. Un DVD spécialement réalisé par le diocèse de Besançon, une exposition d’objets et écrits d’époque dans le cloître attenant de l’ancienne abbatiale, aujourd’hui église paroissiale, étaient à leur disposition pour les informer sur les événements qui ont marqué les esprits en cette Pentecôte 1608.
Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon, a souligné combien " quatre cents ans après, tout a changé : les conditions de vie, les mentalités, la manière dont l’Église porte l’Évangile au monde ". Le cardinal André Vingt-Trois, qui présidait la célébration, n’a pas éludé le questionnement des sceptiques : " Vouloir expliquer un prodige, a-t-il dit dans son homélie, c’est normal, on veut comprendre. Mais la question est-elle vraiment là ? Si un signe a été donné, n’est-ce pas surtout pour solliciter notre foi, plus que notre esprit ? "
Reprenant les mots du message de Benoît XVI envoyé à Faverney pour la circonstance, l’archevêque de Paris a poursuivi : " L’Eucharistie, c’est-à-dire l’incarnation du corps du Christ, n’est-elle pas un prodige quotidien, un don de Dieu autrement plus extraordinaire qu’un ostensoir qui penche un peu ou pas du tout ? C’est cela, l’appel du Christ : croire en lui fait de nous des sentinelles vigilantes, et notre existence, nourrie du Pain de vie, pourra alors devenir le ferment de transformation du monde. "
Pour ce jeune couple descendu d’un petit village de montagne ou ce groupe de Maîche (Doubs) venu avec son diacre, la parole du cardinal a fait tilt : " Ça fait du bien. Enfin, des mots forts et que l’on comprend ! Et puis, il a de l’humour, ça requinque. Souvent les discours d’Église sont tristes… Avec lui, c’est gai, ça redonne l’espoir, l’envie d’avancer. " Patrice, 32 ans, venu avec sa compagne, aime cette idée d’une Église joyeuse : " Et puis, c’est important de montrer que l’Église bouge, qu’on est nombreux et qu’on aime se retrouver. "
Les pèlerins ont ensuite pu participer à un temps de méditation à l’église paroissiale, pendant que d’autres préféraient échanger dans le jardin de l’ancien cloître avant de rejoindre, unis, la procession emmenée par Mgr Lacrampe, sous le ciel clément qui a accompagné l’intégralité de la commémoration.