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Missionnaires et développement

15.1 P. Théophile Klaine

Théophile Klaine est né le 29 mars 1840 à Vannecourt (Moselle). Après son ordinnation sacerdotale chez les Spiritains, il est envoyé au Gabon où il arrive en 1865. Entre autre activité, il va enseigner jusqu'à 1901. Son école comptera jusqu'à deux cents élèves.
Mais, avant tout, il est "le savant botaniste, comme dit le père Briault qui a vécu près de lui, le correspondant assidu du Museum, celui auquel tout le monde a recours dès qu'il y a une expertise sérieuse à entreprendre, une expérience à tenter, une plantation à créer... On se redit qu'il a déterminé à lui seul plus de deux cents espèces végétales nouvelles qui portent son nom. Et, l'on sait que ,du Niger à l'Oubangui, il ne se mangeait pas une mangue greffée, pas une orange, pas une goyave qui ne descendit originairement de ses greffes...".(1)
Si le père Klaine s'est acheminé ainsi vers la botanique, cela a été par gout naturel mais aussi par suite des encouragements de Monseigneur Bessieux, fondateur de la mission de Libreville et premier Vicaire apostolique du Gabon. A cette époque, il y avait aussi nécéssité de se procurer des ressources et des vivres.
Quand le gouvernement colonial crée en 1887 le jerdin d'essai de Libreville, le père Klaine possède déjà dans celui de sa mission une trentaine d'espèces d'arbres fruitiers et plus de quarante espèces de fleurs et d'arbustes d'ornementation.
Le père Trilles, autre missionnaire spiritain du Gabon, et savant lui aussi, dans un volume de 1899 jamais publié, promène dans les jardins de son confrère des visteurs imaginaires: "La vanillerie du père Klaine est là; volontiers, il nous en fera les honneurs. Avec lui, nous admirerons les tiges robustes et saines, les feuilles épaisses au vert luisant, les longues et énormes gousses. Sous sa direstion, nous verrons les espèces utiles dissimulées ça et là dans son jardin d'essai, les roses qu'il a acclimatées et dont il est fier... Que de soins depuis le jour où, au Museum, Deraisne lui confia la première bouture de vanille jusqu'au moment où en 1885 l'on fit la première récolte..."

Si le père Klaine n'est pas oublié aujourd'hui, on le doit à l'okoumé. Un jour, au Museum de Paris, le professeur Auguste Chevalier disait au père Briault: "Songez, votre père Klaine a acclimaté au Gabon tous les cafés... Surtout, il a fait connaitre à l'Europe l'okoumé qui a donné naissance à toute l'industrie du contre-plaqué"... En fait, le nom okoumé est le nom Mpongoue de l'arbre en question. Le père Klaine a du l'entendre de la bouche de ses informateurs. " Bosswellia klaineana" est le premier nom scientifique de l'okoumé, remplacé aujourd'hui par" Aucoumea Klaineana". Ce n'est pas le père Klaine qui a donné son nom à l'arbre, mais le naturaliste Pierre, du Museum, après avoir étudié les échantillons recuillis par des Gabonnais dans la forêt et envoyés à Paris par le père Klaine vers 1894-1896.
N'ayant rien écrit lui-même, le père Klaine a surtout rendu service aux habitants de l'Afrique centrale des fruits plus beaux et de meilleures qualités pour leur nourriture. On n'a pour ainsi dire rien sauvé des collections et des notes de notre confrère, décédé au Gabon le 5 décembre 1911.

P. Roger Tabard, archiviste général adjoint



(1) Le P. Maurice Briault, qui a vécu près de lui à Libreville, a tracé du P. Klaine un savoureux portrait dans son livre : "Sur les pistes de l'A.E.F." Nous en extrayons quelques lignes: Pour ses confrères de la Mission du Gabon le P. Klaine était le vieux maître d'école de Sainte Marie et personne ne se souvenait de l'avoir connu jeune. Il n'était rentré en Europe que deux fois, et il en donnait comme motif qu'il redoutait extrêmement la mer. On le savait instruit, mais il évitait toute conversation scientifique. De sa voix rompue, il évoquait tous les grands noms de l'époque des explorations : le saint Mgr. Bessieux, avec ses idées arrêtées, ses vertueuses indignations et ses austères pénitences ; Brazza, qu'il avait connu jeune midship, partant à pied pour l'Alima; le P. Augouard, qui s'ennuyait à la Côte et rêvait d'aller voir du pays ; ou bien encore cet Anglais terne, trapu, taciturne qui marchait pour le compte du roi Léopold et qui s'appellait Stanley. Pour les Européens d'A.E.F. c'était le savant botaniste, le correspondant assidu du Muséum, celui auquel tout le monde avait recours dès qu'il y avait une expertise sérieuse à entreprendre, une expérience à tenter, une plantation à créer… On se redisait qu'il avait déterminé à lui seul plus de deux cents espèces végétales nouvelles qui portaient son nom. Et l'on savait que, du Niger à l'Oubangui, il ne se mangeait pas une mangue cultivée, pas une orange, pas une goyave qui ne descendit originairement de ses greffes… +voir :www.dacb.org/stories/gabon/f-klaine_theophile.html

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