34. Le père Pierre Maillard.(1710-1762)
Le père Pierre Maillard est né vers 1710 dans le diocèse de Chartres. Après
ses études au Séminaire du Saint-Esprit terminé en 1734, il s’embarque pour le
Canada. Il va vivre au milieu des Micmacs. Il commence par construire une
chapelle et il se met à apprendre la langue : « Je n’ose pas compter le
nombre d’années que j’ai passées à ce travail, huit années presque employées à
ne faire autre chose que d’étudier les idiomes… ». Dès 1735, il commence à
perfectionner une sorte d’écriture hiéroglyphique qui existait déjà. Les
Micmacs lisent ce qu’il écrit avec grande facilité. Ces écrits sont encore en
usage aujourd’hui. Les manuscrits comprennent plus de 500 idéogrammes. Le père
Maillard écrit alors une grammaire, un dictionnaire, des manuels de prières
(cantiques, cérémonies de funérailles, sermons)
Des linguistes vont
publier sa grammaire à New-York en 1864. Les manuels religieux seront édités à
Viennes en 1866. Des copies manuscrites ont continué longtemps à circuler
parmi les Micmacs. En 1920, tous les textes sont édités et donnés aux Indiens.
Le père participe avec les Micmacs aux guerres franco-anglaises,
surtout la guerre de succession d’Autriche. Fait prisonnier par les Anglais,
il revient en France en 1745. Dès qu’il le peut, il retourne au Canada. Les
Anglais vont reconnaître la religion catholique ; et il sera payé 150 livres
par mois pour son ministère. Il faut dire que sa connaissance des Micmacs et
de leurs coutumes est parfois utile, car ceux-ci, non sans raisons se
révoltent souvent. Il participe à de nombreux « powhow » pour tenter de
réconcilier Indiens et soldats anglais. Il aide même à la formation
d’officiers interprètes.
Savant, très engagé auprès des Indiens, le
père Pierre est aussi un grand missionnaire. Après ce que les Acadiens
appellent le grand dérangement en 1756 (déportation des Acadiens), il reste le
seul prêtre pour un grand territoire. Nommé Vicaire général de l’évêque de
Québec, il parcourt d’immenses étendues pour rencontrer les communautés
chrétiennes. Et bien avant le concile Vatican II, il laisse une large place
aux laïcs dans les paroisses. Il choisit un « Ancien » pour chaque communauté.
Ce sont des laïcs qui s’occupent de la catéchèse des enfants, administrent les
baptêmes, président aux funérailles, dirigent les réunions du dimanche. A la
place de l’homélie, ils lisent les lettres du père Maillard, qui, pour les
Indiens plutôt violents, mettent l’accent sur la tolérance, le respect des
ennemis…
Ecrasé par la fatigue, le père Maillard meurt le 12 août
1762. Faute de prêtre catholique, c’est un pasteur protestant qui préside à
son enterrement. Il a droit à une grande célébration suivie par une très
grande foule.
Père Roger Tabard, archiviste général.