17.1 P. Henri Maurice (1874-1929 )
Le
père Henri Maurice est né à Cherbourg le 2 avril
1874. Il fait ses études au lycée de Cherbourg et s'y
découvre un goût très profond pour les Sciences
Naturelles. Bachelier- es- Lettres et es- Sciences Naturelles à
la faculté de Caen, il continue des cours de médecine
aux facultés de Bordeaux et de Paris. Juste avant sa thèse
de doctorat, il demande à entrer chez les Spiritains. Prêtre
en 1902, il est envoyé à Fribourg pour préparer
un doctorat de Sciences Naturelles.
C'est
à cette époque que le gouvernement belge cherchait des
spécialistes pour combattre la maladie du sommeil, qui faisait
au Congo, de nombreux ravages. Le roi Léopold avait même
promis un prix de 200 000 f pour qui trouverait un remède. Le
père Maurice présente sa candidature et est envoyé
au Katanga en qualité de médecin-missionnaire. En 1912,
il fait parvenir au ministre des colonies de Belgique un rapport
sanitaire de la région de Kongolo. Il propose certaines
mesures prophylactiques, le regroupement des "sommeilleux"
en villages pour que l'on puisse mieux les soigner. Il écrit
aux Supérieurs Spiritains: "Il va sans dire qu'en dehors
de ma mission médicale, je n'oublie pas que je suis chrétien,
prêtre et Spiritain; je me réjouis de pouvoir soigner
l'âme et le corps de mes clients". En septembre 1912, il
arrive sur les bords du lac Tanganyka,. Pendant deux mois , il étudie
cette région infestée de moustiques; il fait une carte,
des tableaux, des pourcentages et expédie un volumineux
rapport en Belgique, qui fait dire que les problèmes de santé
de la région du lac ont trouvé une solution. Début
1913, il revient en France avec des notes de voyage, des collections
d'art Laba et Labake.
Pendant la guerre, il est mobilisé
comme médecin auxiliaire et travaille au service de
bactériologie de l'hôpital de Cherbourg" Atteint de
deux maladies de la face à cause de ses contacts avec les
bactéries, il reçoit la médaille d'honneur des
épidémies. Après la guerre, les Supérieurs
lui laissent du temps pour écrire: "Sous les tropiques,
notions d'hygiène et de médecine à l'usage des
coloniaux"; Paris; Vigot, 1920, 293 pages.
En 1922, une mission spéciale
se présente pour le père Maurice: il s'agit de partir
pour la Guinée-Conakry, afin de capturer, acheter, ramener en
France des chimpanzés en bonne santé pour les
expériences du docteur Calmette qui veut essayer son vaccin
anti-tuberculeux et effectuer certaines recherches sur le cancer et
autres maladies plus ou moins incurables, imaginer des greffes... Il
lui fallait pour cela un sang animal le plus proche possible du sang
de l'homme. Ayant réussi cette mission et demandé de
créer des laboratoires de recherche médicale dans tous
les pays africains, il se propose de repartir en Afrique comme
médecin et missionnaire. Pour éviter les difficultés
avec les médecins coloniaux et les directeurs d'hôpitaux
déjà sur place, il demande une mission officielle du
ministère des colonies. On lui promet beaucoup, mais les
relations toujours conflictuelles Eglise-Etat en France font qu'on ne
lui donne rien.
Ses
Supérieurs l'envoie alors comme curé de l'ile de la
Désirade dans les Antilles. Il y a une léproserie dans
sa paroisse et il donne un coup de main au médecin. Cette
petite paroisse de 1300 habitants lui laisse du temps aussi pour
d'autres recherches; il écrit lui-même:"J'ai réuni
un tas de notes sur tout et tous. J'ai trouvé des objets
caraïbes fort intéressants. Jusqu'ici, on s'est beaucoup
occupé des flèches et trop peu soucié des
objets. J'en ai recueilli quelques uns. La géologie de l'ile
aussi est fort curieuse.
D'un
esprit très ouvert, soignant les corps et les âmes, le
père Maurice est décédé subitement le 13
juin 1929 dans sa paroisse.
Père Roger Tabard,
Archiviste-adjoint.
Extraits
de la necrologie :
Le
Père Henri Maurice,
1874-1929.
Mgr
Le Roy raconte qu'un jour de novembre 1898, une dame vint le trouver,
et montrant un jeune homme qui l'accompagnait : "C'est mon fils,
dit-elle avec un sourire. Jusqu'ici je n'ai rien pu en faire. Mais si
vous pouvez l'utiliser, je vous le donne."
, il
s'engagea vers la médecine. Il suivit à Bordeaux les
cours de médecine navale, qu'il vint poursuivre à
Paris. Avant de les achever, certains écarts le firent
réfléchir, et le déterminèrent à
faire, à la Trappe de Bricquebec, une retraite en vue de
s'orienter dans sa vocation. La conclusion fut le noviciat d'Orly, .
il
fut ordonné prêtre en 1902.
A cette époque,
il semblait que la mission de l'Amazonie (Brésil) allait
prendre une réelle importance. Le P. Maurice y fut envoyé,
après un stage de portugais àLisbonne. Mais les
espérances relatives à la mission ne se réalisèrent
pas, et il revint peu après.
Le P. Maurice fut alors
envoyé à Fribourg, en Suisse, pour y préparer un
doctorat ès-sciences naturelles. Il l'obtint avec la mention
magna cum laude. Le gouvernement belge cherchait des spécialistes
pour combattre au Congo la maladie du sommeil ; le P. Maurice
présenta sa candidature et reçut pour le Katanga une
mission officielle, en qualité de médecinmissionnaire.
Revenu au début de 1913, le P. Maurice fit un stage à
l'Institut Pasteur de Paris. Survint la guerre qu'il passa à
Cherbourg comme médecin auxiliaire au service de
bactériologie. Après la guerre, il prit le temps de
terminer un livre : Sous les tropiques, Notions hygiène et de
Médecine à l'usage des Coloniaux. Paris, Vigot, 1920,
293 pages.
En 1922, une mission d'un caractère très
spécial se présenta pour le P. Maurice. Il s'agissait
d'aller en Guinée française, capturer, acheter et
transporter en France quelques chimpanzés pour les expériences
biologiques du docteur Calmette, qui préparait le vaccin
antituberculeux, dit B.C.G. (Mgr Lerouge, évêque de
Conakry, qui n'avait pas été consulté, manifesta
son étonnement près de la congrégation : "J'aime
beaucoup le P. Maurice, écrit-il, mais pas dans cette
fonction, et surtout cette mission simiesque en Guinée! ")
C'est alors que fatigué d'attendre et désireux
d'utiliser enfin sa vie dans un ministère sacerdotal régulier,
il supplia le Supérieur général de l'envoyer en
Guadeloupe, sous la direction de Mgr Genoud, et dans le dernier poste
de la colonie : la petite île de la Désirade, 1700 âmes
et une léproserie (mai 1923).
Durant six ans, il y fut
parfaitement heureux : "Ma petite paroisse va bien ; j'ai de
bons rapports avec tout le monde ; les instituteurs et institutrices
fréquentent l'église ; et après le cyclone, j'ai
béni leurs écoles neuves. Aucun de nos pauvres lépreux
ne part pour l'Eternité sans avoir ses papiers en règle...
J'ai des livres, une vigne avec une treille qui me donne des raisins
deux fois l'an... J'ai réuni des tas de notes sur tout et sur
tous, et trouvé des objets caraïbes fort intéressants.
Jusqu'ici, on s'est beaucoup occupé des flèches et trop
peu soucié des outils : j'en ai recueilli quelques-uns. La
géologie de l'île est fort curieuse ... "
Le
13 juin 1929, entre les bras du Père Gaillard, il est décédé
à la Désirade. Il a eu la satisfaction de réaliser
le programme qu'il s'était tracé au lycée de
Cherbourg: être médecin, prêtre, et missionnaire.