23.1 Joseph Michel (1912-1996)
Joseph Michel est né dans une famille de dix enfants. Sur les dix, 9 deviendront religieux,
religieuses, deux pères Spiritains, trois frères de St-Jean-Baptiste de la
Salle, trois Augustines de Malestroit, et une bénédictine. Le dixième se
mariera et aura dix enfants.
Prêtre en 1938 chez les Spiritains,
Joseph va étudier l'histoire à l'université de Rennes. En 4 ans il obtient un
doctorat avec une thèse sur "L'Activité missionnaire en Bretagne". A la fin de
sa vie il voudra réactualiser cette thèse... A la demande de la Congrégation
du St-Esprit, il écrit en 1962 une biographie très fouillée, qui renouvelle
profondément les travaux antérieurs sur le père Poullart des Places, fondateur
des Spiritains au début du XVIIIème s... En 1976, il revient à la recherche
historique pour publier une vie du père Jacques Laval, l'apôtre de l'île
Maurice, qui sera béatifié par Jean-Paul II peu après... En 1988, il ajoute un
petit ouvrage sur les catéchistes et collaborateurs laïcs du père Laval ...
Mais le père Michel ne fait pas qu'écrire. Il est missionnaire au
Congo de 1946 à 1950 dans la paroisse de Dolisie... En 1962, il sera directeur
du Séminaire-Collège de la Martinique. Les 24 dernières années de sa vie, il
les passe comme aumônier de la communauté des Violettes à Courbevoie, étant
même pendant une époque directeur de l'école des Soeurs.
La période
la plus intéressante de la vie du père est sans doute celle qui commence en
1950. Il est alors rappelé du Congo par Mgr Lefebvre, délégué apostolique pour
l'Afrique noire francophone, afin de travailler à Paris à l'aumônerie des
étudiants africains. (1)
En 1951, il participe à la naissance des "Alizés", un
bulletin pour les étudiants antillais, et en 1952, de "Tam-Tam", pour les
étudiants africains. Ces publications, comme les réunions et les camps faits
avec les étudiants auront une profonde influence sur les élites futures
d'Afrique et des Antilles. Plusieurs articles et numéros spéciaux des deux
bulletins auront un profond retentissement: Hiérarchie catholique et Morale
coloniale, La Scolarisation de l'Afrique noire, Dialogue entre Blancs et Noirs
et surtout le 23 février 1954 le "Devoir de décolonisation". Ce fascicule fait
beaucoup parler et écrire. Certaines personnalités lient en effet patriotisme,
colonisation et évangélisation. De puissants intérêts politiques, coloniaux,
financiers dénoncent les évêques et missionnaires favorables aux indépendances
et sympatisants avec les indépendantistes. On traite ceux-ci d'inconscients
naïfs, d'agents de l'islam, de communistes. Même des personnalités catholiques
s'essayent à une réfutation de ce "Devoir de décolonisation". La réaction des
aumôneries et des responsables des groupes catholiques d'étudiants d'Outre-mer
est tout aussi forte. Ils protestent et se font entendre jusqu'auprès du
cardinal Feltin...
Ainsi le père Joseph Michel aura apporté sa pierre à la
réflexion sur l'indépendance des états africains qui se fera peu de temps
après , en 1960...Mais, dorénavent, Mgr Lefebvre voudra prendre sous son
contrôle les bulletins ronéotés qui sortent de l'esprit du père...
Ce
que nous pouvons retenir du père Joseph, c'est sa grande intelligence, sa
profonde finesse d'analyse des réalités sociales et politiques. C'est aussi sa
compétence et son sérieux dans la recherche historique, aidée par une
excellente mémoire.
Le père Joseph Michel est décédé le 22 juin 1996 et
inhumé à Chevilly, au milieu de ses confrères spiritains.
Père Roger Tabard,
archiviste général.
1- voir une intervention du P. Michel Legrain à
http://www.spiritains.org/qui/histoire/dossier/doss8.htm
2 - autres infos à
http://spiritains.forums.free.fr/defunts/micheljo.htm