14.1 Le Père Louis Picarda
Fils du maire de Meslan, Morbihan, Louis Picarda nait le 18 juillet 1848. Trois
de ses frères, comme lui, deviendront Spiritains, dont Mathurin, Vicaire
Apostolique de Sénégambie.
Envoyé en stage à la Martinique de 1869 à 1873, il
rencontre le père Duss qui a entrepris d'élaborer une flore des Antilles
françaises. Prêtre en 1880, notre confrère revient à la Martinique jusqu'en
1886. Comme le père Duss pour lequel il travaille parfois, Louis s'intéresse à
la conchyologie de la Martinique, puis à l'entomologie et à la
bryologie.
Professeur de Sciences Naturelles, il mène ainsi l'enseignement
théorique à la pratique afin de mieux motiver ses élèves. Rapidement, il
comprend que loin des bibliothèques, des centres scientifiques, il ne peut
étudier lui-même ses découvertes. Alors il envoie ses specimens à des chercheurs
d'Europe. Ainsi, c'est l'allemand Carolus Muller qui étudie les mousses qu'il a
trouvées et les décrit en 1898 dans "Hedwigia".
Les phanérogames de la
Martinique et celles de Haïti où le père Picarda est nommé professeur au grand
collège St Martial de 1886 à 1898, sont étudiées par deux autres chercheurs,
Krug et Urban. Leur herbier comporte 1667 numéros de Picarda. A Haïti, il pousse
le sérieux de sa recherche jusqu'à monter plusieurs fois de suite jusqu'à 1600
mètres d'altitude pour ramener des plantes au temps de la floraison, puis au
stade de la fructification.
Les savants qui ont étudié ses découvertes,
conscients du prix de son travail vont donner son nom à plusieurs specimens.
Ainsi, une rubiacée de la région de Pétionville (Haïti), deviendra la Picardae.
Le spécialiste mondial des piperacées à cette période, le suisse Cazimir de
Candolle donne le nom de "P. Picardae C.D.C" à une plante. Krug et Orban qui ont
largement profité des envois du Père baptisent de son nom six espèces: "Drypetes
Picardae"," Eugenia Picardae"," Exostema Picarda", "Myrica Picardae", "Senecio
Picardae", "Teucrium Picardae". D'autres naturalistes comme O. Warburg, R.
Schlechter appelleront aussi " Picarda", des fruits de leurs recherches..
De retour en France,
"
Il fut nommé supérieur de l'importante communauté de N.D. de Langonnet ... En
1900, ne se sentant plus la force de remplir ses fonctions, il partit pour
Pierroton, près de Bordeaux. Rien ne put le guérir, ni la paternelle sollicitude
de Mgr Barthet, ni les soins fraternels qui lui furent prodigués. Il voulut
mourir à Langonnet ; c'est ce qu'il fit le 26 décembre 1901. Il avait 52 ans.
Doux, humble, bon et modeste, presque jusqu'à la timidité, il était complaisant
et serviable pour tous. Aussi avait-il la sympathie de tous ses confrères. "
(notice biographique)
Ainsi le père Picarda, décédé en France en 1901, sans avoir jamais
rien publié lui-même a fait avancer la connaissance scientifique des végétaux
des Antilles.
.
Père Roger Tabard, Archiviste Adjoint.