3.1 Le Père Charles SACLEUX
Missionnaire et savant.
.
" Je ne possède aucun titre scientifique. Je ne suis ni bachelier ni docteur
es-sciences. Je me suis formé moi-même. Me consacrer à la mission fût de bonne
heure ma seule ambition".
Celui qui écrit ces lignes est un linguiste
renommé et l'un des premiers et meilleurs connaisseurs du Swahili, la langue de
l'Est africain. C'est un botaniste très apprécié du Museum d'histoire naturelle
de Paris. C'est peut être, en tant qu'ami de Branly, un des précurseurs de la
radiophonie. Il s'appelle Charles Sacleux.
Né le cinq Juillet 1856 à
Enquin-les-Mines,dans le Pas-de-Calais, ordonné prêtre en 1878, il s'embarque à
Marseille le neuf Octobre 1879 pour Zanzibar, ile de la Tanzanie actuelle.
Contre l'avis de son Supérieur qui pense que c'est du temps perdu que
d'apprendre les langues africaines - Il faut plutôt apprendre aux Africains les
langues européennes-, il apprend le Swahili.(1) "Dès le sixième mois de mon séjour,
dit-il, je débutai dans la prédication et m'essayai à la compilation d'un
dictionnaire swahili". En 1886, il revient en France malade. Il est de nouveau
en Europe en 1892. C'est sans doute cette année là qu'il faut placer un épisode
assez curieux. Le père Sacleux s'était lié d'amitié avec E Branly, qui venait
d'inventer en 1890 le premier tube radio-conducteur. En 1892, Branly installé
sur la Tour Eiffel essaye avec succès la première liaison radiophonique à
distance avec le père Sacleux posté dans un arbre du parc du séminaire de
Chevilly (94).
En 1898, sa santé étant de plus en plus délabrée, Charles rentre
définitivement en France. Il va devenir professeur de linguistique et de
sciences au séminaire de Chevilly.
Il est temps de jeter un oeil sur
l'immense oeuvre du père Sacleux, dont la renommée s'étendra au fil des années,
oeuvre double de linguistique et de botanique. En linguistique, il publie:
Dictionnaire français-swahili, édité par l'imprimerie qu'a créee le père, en
1891. En 1903, il sort "Introduction à l'étude des langues bantoues". Puis, en
1904, "Le verbe être dans les langues bantoues". En 1905, la librairie H Welter
de Paris, publie "Essaie de phonétique pour les idiomes africains". En 1909,
c'est "Grammaire swahili et des dialectes swahili" qui parait et qui lui vaut le
prix Volnay de linguistique. Grâce à l'école des langues orientales, il reprend,
en deux volumes sur deux colonnes, le dictionnaire français-swahili en 1939.
Dès 1894, le père participe aux travaux de la Société linguistique de
Paris. En 1902, le général Gallieni fonde l'académie de Madagascar et nomme
Charles Sacleux membre correspondant. C'est l'occasion pour lui de préparer un
savant travail sur la langue Chingazidra parlée aux iles Comores. Le ministère
des colonies lui fera d'ailleurs traduire en 1912, 21 pièces du testament de
Said Ali, sultan de la Grande Comore.
Esprit curieux, le père devient
aussi un botaniste confirmé. Correspondant assidu du Museum de Paris, il ira y
travailler chaque semaine pendant les 40 ans qu'il passe à Paris. Il se chargera
de l'étude des herbiers concernant l'Est-africain, dont le sien propre. Il
publiera un catalogue de la flore de l'Afrique orientale avec les noms
vernaculaires des différentes espèces (2640 numéros). Environ 200 plantes
portent son nom.
Tout ce travail de collections de mots et de plantes lui
vaut aussi une collection de médailles: officier d'académie, de l'instruction
publique, chevalier de la légion d'honneur en 1937.Travaillant jusqu'à la fin de
sa vie à un essai
de grammaire Chingadzidra (publiée en 1979), il mourra à 87
ans, le 16 Mai 1945, à Grasse, dans le Sud de la France.