Archives spiritaines..   
Missionnaires et développement

5.1 Le Père Constant Tastevin

Missionnaire et savant. .


Le 17.07.1955, le ministre Louis Marin accueille Constant Tastevin comme membre titulaire de l'académie des Sciences d'Outre-mer: il salue un digne fils de la Bretagne, un ethnologue doublé d'un linguiste de grande valeur, en même temps qu'un vaillant apôtre de l'Amazonie.

Constant nait à Lorient le 21.02.1880. Il passe son enfance à Cléder, en pays de langue bretonne. Sa mère lui fait apprendre le français. Voulant devenir missionnaire, il part au petit séminaire de Seyssinet; il fera ses études de philosophie et de théologie au Séminaire français de Rome. Prêtre, il passe quelque temps à l'Ecole biblique de Jérusalem, dirigée par les Dominicains, puis est nommé pour l'Amazonie. Il arrive à Téfé, sur un territoire immense des affluents du Haut-Amazone, jusqu'aux frontières du Pérou et de la Colombie. De 1905 à 1925, il essaye d'entrer en contact avec les indiens disséminés dans cet immense enfer vert du Brésil. Il réalise avec sa seule boussole le relevé du fleuve Jurua et du delta du Japura. Mais, surtout, il s'attèle à l'étude de la langue et des coutumes des indiens Tupi. En 1910, il publie une grammaire et en 1922, (1) un dictionnaire Tupi. Ensuite, il publiera de nombreux articles d'etnologie et de linguistique sur les peuples d'Amazonie.

EN 1926, il devient chargé de cours de missiologie au séminaire spiritain de Chevilly. En 1927, il inaugure la chaire d'ethnologie à l'Institut catholique de Paris. Il enseignera aussi l'ethnologie à l'Ecole d'Anthropologie de Paris. Ses nombreux contacts avec les missionnaires qui reviennent d'Afrique lui font aimer ce continent. Il lit tous les documents qu'il trouve sur les langues africaines. Avec l'aide du ministère de l'éducation nationale et de nombreux amis, il peut faire deux voyages d'études en Afrique: en 1933, en Afrique francophone, en 1937, en Angola, Congo Belge, Afrique Orientale. Il en ramène une étonnante documentation en ethnologie, et surtout en linguistique (vocabulaire, astuces grammaticales, filiations entre certaines langues). Celà l'aidera à écrire "Les petites cléfs des langues bantus"en 1946. Parlant de nombreuses langues européennes, l'hébreu, le Tupi, il pense un peu trop être devenu spécialiste de
linguistique africaine. Mais aujourd'hui encore, on le lit surtout pour ses articles sur l'Amérique du Sud.

En plus de la croix de guerre 1914-1918, il est fait officier de la Légion d'honneur, officier de la Croix du Sud (Brézil), officier de l'Instruction publique; il reçoit aussi trois médailles d'or de la société de géographie. Il meurt le 25.09.1962.

.Roger TABARD
archiviste général adjoint
rtabard@yahoo.fr

1- "(...)En 1919, il repart pour le Brésil et reprend son ministère, mais ajoute des travaux cartographiques, linguistiques et ethnographiques orientés par le Professeur Rivet, du Musée de l'Homme, et subventionnés par le Gouvernement français. Il fait paraître une grammaire et un dictionnaire de la langue tupy et publie de nombreux articles dans les revues ­scientifiques, ce qui lui vaut, avec l'estime du monde savant, les Palmes académiques. ..." (extrait d'unen notice par le P. Bouchaud)

Sommaire Archives           Page précédente           Accueil site