Père Léon AMAN 1927-1987
décédé à Yaoundé le 17 septembre 1987, à l'âge de 60 ans


Le 17 septembre 1987, Léon AMAN, à 60 ans, après 40 ans de profession et 33 de sacerdoce, était fauché par une mort subite.

Il revenait d'animer une récollection avec les étudiants du collège de la mission de Nkilzok, une de ses anciennes paroisses, et avant de se rendre à une réunion de prêtres, religieux et religieuses de Yaoundé, à18h00, il se promenait dans le jardin du Cénacle, sa résidence, quand un malaise le terrassa. Malaise précédé par d'autres malaises qui annonçaient la grande rencontre, "un aller simple" comme il disait avec humour.

Il naquit en 1927, à Hagenthal le Bas, diocèse de Strasbourg, riche en familles chrétiennes qui savaient accepter l'éclosion et la croissance des vocations sacerdotales ou religieuses. Nos écoles apostoliques l'accueillirent avec son frère que le Seigneur rappela en pleine jeunesse, à Allex. Très affecté par cette mort, mais encouragé par son oncle Aloyse Aman, Léon continua sa marche en avant qui le conduisit à la Profession en 1947. Les supérieurs estimèrent que le climat universitaire de Rome pourrait favoriser les dons naturels de Léon. Une licence en théologie clôtura ses études, mais ce qui devait l'enrichir et le marquer dans ce séjour à Rome, ce fut la découverte des richesses de la Bible et de la liturgie, non pas exécution des rites, mais expression vivante de la prière. Cette acquisition marquera profondément tout son travail apostolique.

Prêtre en 1954, Léon fut affecté au Cameroun, son seul champ de travail.

1955-1965 : 10 ans aux séminaires d'Akono et de Mvaa. Un licencié en théologie, nommé professeur de maths et de sciences, pourrait paraître bizarre! Mais ces disciplines étaient les points forts de Léon. Il avait un sens pratique efficace et il voulait que son enseignement débouche sur des aspects concrets: connaissance des secrets d'un moteur, efficacité d'une installation électrique etc... Ces années d'enseignement se situaient au moment de la préparation et de l'éclosion de l'Indépendance pour le Cameroun. Des frottements peu agréables auraient pu se produire entre professeurs et élèves, mais il sut mettre au service de ses élèves qu'il estimait profondément, sa disponibilité, sans anéantir la clarté de son franc-parler, tempéré par un humour jovial, pour les aider à prendre conscience des horizons nouveaux qui seraient le cadre de leur vie.

1965-1977 : 12 ans au service de 4 paroisses : Nkol Avolo, Nkilzok, Mbandjock, Kong. "Les supérieurs exagèrent" pouvait-il dire. Mais Léon comprenait que ces nominations suivaient la Providence qui par la mort, la rotation ou la nomination d'un évêque, vidait un poste en laissant ' aux supérieurs le soin de combler ce vide. La disponibilité du P. Aman, aussi bien que sa facilité d'adaptation, lui permettait de continuer son ministère sans transition. Dans chacune de ses quatre paroisses, il sut utiliser ses dons d'artiste pour rénover les lieux de culte et le cadre de vie des missionnaires. Les soins accordés à la liturgie, aux cercles bibliques, à la vitalité de la catéchèse, n'avaient pas de prix pour lui.

1977-1983 : Supérieur Principal du District de Yaoundé : travail délicat et difficile dans une période où la présence des spiritains diminuait. Le développement du clergé camerounais était, certes, une grande joie, mais les urgences apostoliques, dans tous les domaines, ne cessaient de croître. Que faire, face à tous ces soucis?

Une année à l'Ecole de la Foi à Fribourg lui avait fait comprendre d'une façon plus profonde encore le sens du partage, de la prière et de la communauté. Les Spiritains du District," sa nouvelle paroisse, préparaient leur nouvelle Règle de vie et son témoignage personnel était un argument heureux pour aider ses confrères face aux aspects actuels de la vie missionnaire. Une nouvelle conversion? Non, car l'apostolat ne peut être sincère que s'il s'accompagne de conversions quasi-quotidiennes. C'était sa pensée.

1983-1987 : A la fin de son mandat de Principal, sur l'invitation pressante de deux évêques, Léon demande à pouvoir fonder un petit centre de prière et &accompagnement spirituel, le Cénacle, sur la colline de Mvolyé à Yaoundé. Il répondait ainsi à un appel personnel, mais aussi à un besoin actuel de maison de prière et d'accompagnement spirituel. Beaucoup de prêtres, religieux, religieuses et laïcs; ont profité de cette possibilité nouvelle. Léon était souvent sur les routes aussi pour animer retraites, week-ends de prière et réflexion, et cela dans tout le Cameroun et jusqu'au Tchad. Il soutenait, encourageait aussi de toutes ses forces, des groupes de Renouveau charismatique. Toutes ces activités ont laissé des traces profondes et nombreux sont les appels à poursuivre un tel ministère.

Et maintenant, Léon, tu contemples face à face ton Dieu, notre Dieu de tendresse et de miséricorde. A nous revoir, tous ensemble, dans la joie et la paix que tu voulais voir rayonner sur la terre.
Jean POUGET

Page précédente