Le Père Charles ANDREA
décédé à Wolxheim le 26 janvier 1988, à l'âge de 76 ans


Né le 18 février 1912 à Sélestat, dans une famille profondément chrétienne, Charles ANDREA fut attiré très jeune vers les Missions.

Il fit ses études secondaires à Saverne ; son noviciat à Neufgrange en 1933 et termina son scolasticat à Blotzheim au début de la guerre.

Ordonné prêtre le 6 juillet 1941, il va rendre service dans le diocèse de Metz comme vicaire à Algrange en attendant que se rouvre la route de l'Afrique.

En 1946 il peut partir par bateau de Bordeaux, avec le premier fort bataillon de spiritains retenus comme lui en Europe par suite de la guerre, vers sa première mission.

Pour Charles Andréa ce sera le Cameroun où il commencera son ministère comme vicaire, durant 8 années, àEbolowa avec les Pères Morvan et Dumas. En 1954 on l'envoie fonder la mission d'Ebotnkou en pays Fong. Je me souviens l'avoir conduit dans sa nouvelle mission où l'attendait une pauvre case en bois et en raphia. Pendant 16 -ans il se dévoua corps et âme à la fondation et à l'implantation de l'Église dans cette région :

en missionnaire dévoué par le zèle apostolique, toujours en route pour visiter ses 28 villages, dont il connaissait parfaitement les coutumes et la langue.

Il fut aussi un véritable ascète, vivant pauvrement, ne mangeant pas toujours à sa faim, mais sachant accueillir avec largesse et bonté ses confrères.

- En constructeur compétent et infatigable il fit sortir de ter re : maison d'habitation, salle de réunion, écoles, et surtout une église toute en pierre dans laquelle il mit tout son coeur. - Mais il s'appliqua surtout à former des Communautés ferventes, priantes, auxquelles il donnait l'exemple de sa foi profonde et de sa charité rayonnante, spécialement pour les pauvres.

Et voilà que soudain le Seigneur allait mettre un terme à cette action missionnaire si féconde... et l'appeler à un autre service missionnaire. En 1970 un mal inexorable l'oblige à rentrer en France. Deux ans durant, d'hôpital en hôpital, on essaya d'enrayer son mal, mais il restera définitivement paralysé des jambes et condamné à vivre dans un fauteuil roulant le restant de sa vie... 17 ans!

Charles Andréa aurait pu devenir un missionnaire découragé, déprimé, sinon aigri. Son esprit de foi transforma cette longue période de sa vie en apostolat missionnaire - au moins aussi fécond que ses 16 années à Ebotnkou. Il en avait d'ailleurs conscience. En décembre dernier il écrivait à un confrère et ami missionnaire : "Je suis plus missionnaire ici par,-ce que je prends le temps de prier longuement, fidèlement, profondément pour mes chrétiens... ce que je ne faisais pas assez là

Le Seigneur lui avait fait la grâce de comprendre que la prière, l'offrande quotidienne de sa souffrance courageusement et parfois joyeusement assumée avaient elles aussi, elles surtout, valeur apostolique. Et dans cette maison de Wolxheim, quand on venait le voir pour lui apporter le réconfort d'une visite, on repartait 'réconforté par la paix et la joyeuse sérénité qui rayonnaient de toute sa personne.

Dans ses instructions aux missionnaires, le Vénérable Père Libermann écrivait : "Il faut que la sainteté de JésusChrist réside dans le missionnaire et cette sainteté doit, en même temps, se fonder dans son intérieur et se produire dans sa conduite par son travail et par sa souffrance. C'est ainsi qu'à l'exemple de Jésus-Christ, il enfante les âmes à Dieu dans la vérité parce qu'il leur communique la vie du Sauveur qui est'en lui".

Le Père Charles Andréa, missionnaire dans l'âme, le resta jusqu'au bout, jusqu'à cet instant où le mardi 26 janvier dans l'après-midi le Seigneur est venu l'appeler .
Pères J. HIRTZ et Ch. STINTZY

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