Le Père Joseph AUZANNEAU,
décédé le 9 décembre 1967, à Usson-du-Poitou,
à l'âge de 70 ans.


Né à Usson-du-Poitou, le 15 mars 1897. Mobilisé en janvier 1916, sergent, croix de guerre à deux étoiles. Démobilisé et rentré au grand séminaire de Poitiers, en octobre 1919. Prêtre le 17 juin 1923. Profession religieuse dans la Congrégation du Saint-Esprit, en 1925. Arrivé à Mbamou (Congo), le 5 mars 1926 ; résidence à Kibouendé à partir de juillet 1927. Premier congé en France de mai 1936 à avril 1937, avec cure thermale à Vichy. Deuxième séjour à Kibouendé. Ramené mourant à Brazzaville en février 1941. Aumônier au Lycée et au grand séminaire de Brazzaville. Séjour en France de mai 1949 à novembre 1954, à la communauté de Bordeaux, à partir de juillet 1950. Nouveau départ pour le Congo, avec résidence à la paroisse de Mongali, jusqu'en juillet 1959. Après quelques mois de congé, rejoint la communauté de Bordeaux où il reste jusqu'en avril 1967. Après opération, résidence à Usson-du-Poitou, où il meurt le 9 décembre 1967.

Dans La Semaine (hebdomadaire de la mission à Brazzaville) du 24 décembre 1967, le P. Maurice Ramaux écrit : « Le P. Auzanneau vient de nous quitter pour une vie meilleure. le Seigneur l'aura reçu dans sa paix, car il aime les âmes franches et loyales. Et la droiture du P. Auzanneau est presque légendaire. Elle l'a tellement marqué qu'elle est devenue en lui comme une seconde nature et que le Père a souffert énormément de tout ce qui n'était pas droit. Il voyait tellement de choses en dehors du plan divin qu'il en était malade, et on peut dire que c'est la raison majeure de son départ d'Afrique. Il en était annihilé : lui, il ne savait pas passer la gomme.

« A Kibouendé, où il a passé de longues années, il a marqué sa mission et tous ceux qui l'ont connu le vénèrent encore. Le Père fut un exemple d'ascétisme, d'ordre, de travail organisé. Il n'était pas tendre pour lui-même. Il disait : Il faut vivre du Congo et crever au Congo. On peut dire qu'il a crevé du Congo, mais il a eu tort de trop en vivre. Un Africain me disait jadis à Kibouendé : Le P. Auzanneau, il mange comme un Noir, laissant entendre que ce n'était pas normal.

« Le P. Auzanneau a été un homme de ministère : il fut un catéchiste puissant et assidu, ne laissant jamais passer un jour sans enseigner, et s'efforçant de créer chez son peuple une foi virile et vivante. Les examens de catéchisme n'existaient pas chez lui et ses catéchumènes savaient la doctrine. “ S'ils ne savent pas, disait-il, ils ne sauront jamais et Dieu les prendra comme ils sont. ”

« On lui a reproché de n'être pas sociable et sauter par dessus un minimum de confort, mangeant son manioc, alors que son vis-à-vis consommait du pain de froment. Disons qu'il était original et qu'un être viril pouvait vivre en franche amitié avec lui.

« Il y aurait beaucoup à dire sur les talents d'écrivain du P. Auzanneau. Dans la quarantaine de cahiers qu'il a laissé [une partie de ces cahiers se trouvent aux Archives générales de Chevilly] il y avait des perles précieuses qui auraient pu faire un livre intitulé (malicieusement) : Un peu au-dessous du zéro équatorial (allusion à un livre du P. Maurice Briault : Sous le zéro équatorial).

« Mais surtout, le P. Auzanneau était un saint, voyant tout avec les yeux de la foi et faisant fi de sa personne. Original, oui, mais tous les saints ont été des originaux. maintenant, il est un voyant. Ce qu'il a cru, il le possède. »

Une citation du P. Auzanneau :
« Certes, je veux bien - et il est providentiel - que les moyens de locomotion moderne ultra-rapides charrient l'évangile à toute vitesse jusqu'à l'extrémité du monde ; qui les bouderait de parti pris ne serait pas catholique, omnia vestra sunt, et ferait tout simplement figure de poseur. Mais peut-être aussi dans l'ordre éternel des choses, même à une époque où le dernier facteur rural enfourche sa bécane pour aller distribuer le courrier dans les hameaux, il y ait encore des piétons qui péniblement, sur le sable des pistes solitaires, usent la semelle de corde de leurs sandales, et que ces derniers survivants d'une espèce en voie de disparaître, soient principalement des porteurs de la bonne nouvelle. C'était le métier même de Jésus-Christ. »

Voir : Joseph AUZANNEAU, Au jour le jour à Kibouendé. Correspondance, 1926-1941, Congrégation du Saint-Esprit, Paris, 1996, 268 p. (photocopie, 21 x 29,7).

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