Le Frère Pierre Narcisse Joseph AVELINE

Né : 10 janvier 1924 à Vaux sur Aure (14)
Profès : le 08 septembre 1950 à Piré;
Décès: le 18 novembre 2015 à Chevilly

AFFECTATIONS :
FRANCE:
Chevilly (50-53; Triennat); SENEGAL: Ziguinchor (53-70; constructions); Témento(70-72; constructions); FRANCE: Maison-Mère (72; Recyclage); Strasbourg (72-73); RCA: Bambari (73-83; Travail auprès des Bororos); Ndele (83-98; Travaux divers d'entretien); FRANCE: Chevilly (98-2014; Retraite)

Pierre est un homme qui se disait timide. Il a passé sa vie de missionnaire en faisant le bien, dans une grande discrétion. Secret, parlant peu de lui-même mais facilement de ce qui l'intéressait, il avait un côté énigmatique. Il y avait chez lui de la pudeur, peut-être une marque de sa timidité. Il pouvait y avoir aussi la crainte des remarques de ceux qui pensaient en savoir ou en faire plus que lui...
La responsable de l'aumônerie de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif donne son témoignage : "était très fidèle. Courageux. Il allait jusqu'au bout de ce qu'il avait entrepris sans ménager sa peine pour ses visites très régulières auprès des malades du service hépatobiliaire. Des malades en fin de vie pour la plupart. Dans les réunions, il ne parlait guère, mais était toujours souriant. Un homme attachant, grand priant, droit, limpide. Il aimait beaucoup la Vierge Marie et elle comptait dans sa vie".
Pierre, lors de son recyclage en 72-73 à Strasbourg, avait manifesté un attrait pour ce qui touche à la religion ou à la piété populaire. Il se nourrissait de livres parlant des manifestations de la Vierge dans des lieux de pèlerinage reconnus ou non. Il s'intéressait aux questions touchant la vie après la mort, la communication entre le monde des vivants et des morts…
Pierre restera célèbre en Centrafrique pour deux choses : la fabrication de "noires" si utiles contre les morsures de serpents et son engagement auprès des Bororos, éleveurs nomades musulmans venus des confins du Tchad et cohabitant difficilement avec les agriculteurs sédentaires. Il avait l'âme profondément missionnaire avec ce sens de la proximité avec les gens, en particulier ceux qui étaient réputés le plus éloignés de nous. Que ce soit à Bambari ou à Ndele, il a été proche du monde musulman. Au Sénégal, c'est en Casamance qu'il a donné de sa personne. Il a fait partie de l'équipe qui a construit la cathédrale de Ziguinchor. Il a été en contact avec les rebelles qui venaient de Guinée Bissau et se réfugiaient en Casamance.
Au cimetière du Père Lachaise, il allait régulièrement se recueillir sur la tombe d'un jeune dont il avait découvert la vie dans des livres. Il était à l'écoute des personnes qui venaient là pour leurs défunts. Dans ses visites aux grands malades de l'hôpital Paul Brousse, Pierre a montré un don d'écoute et une vraie attention aux malades les plus isolés. Il fondait son action et sa vie sur une spiritualité très mariale, sensible à tout ce qui parlait d'apparitions ou révélations.
Un homme en recherche: par ses lectures, mais aussi par la culture de plantes médicinales dont il fabriquait des potions avec lesquelles il se soignait ou qu'il prenait à tous ses repas pour se prémunir de divers ennuis de santé liés au grand âge... Je garde en mémoire la figure d'un grand priant dont on appréciait le sourire et le regard un peu malicieux... Son sourire, il le puisait dans sa relation à son Seigneur. Durant les deux dernières années, chacun écoutait ses questions revenant sans cesse: "ù est-on? Que fait-on maintenant? A quelle heure est la messe? Où l'on va maintenant? Il n'y a rien maintenant? Alors je peux aller dormir?" Une réponse respectueuse à ses questions suffisait à l'apaiser.
Maintenant, Pierre, tu as trouvé le but de la marche que tu aimais faire jusqu'au cimetière. Tes dernières marches, tu les faisais avec un bâton... Tu n'en as plus besoin et tu as trouvé la réponse à tes questions. Te voilà arrivé vers le lieu où la Vie est claire et belle…
Marc SOYER
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