Le Père Désiré BARILLEC,
1831-1909


Mathurin-Désiré Barillec naquit le 28 septembre 1831 à Billiers, dans une vaillante famille de marins : le père fit carrière dans la marine de l'Etat, et quatre neveux périrent en mer de 1865 à 1870 ! Le petit Désiré, fort pieux, entra au séminaire de Sainte-Anne en 1842 et s'y distingua par ses succès. Entré au grand séminaire en 1847, il avait déjà reçu la tonsure et les quatre ordres mineurs en 1850. Il n'avait que dix-huit ans et demi, ce qui l'obligea à attendre trois ans l'âge canonique de 21 ans pour recevoir le sous-diaconat. Dans cet intervalle, il termina ses études théologiques au séminaire, passa une petite année en famille, et devint précepteur chez M. Lallement à Vannes. Il reçut le sous-diaconat en 1853 et le diaconat en 1854. Son choix était fait, il suivra les Pères Le Berre, Guyodo, et Guyot, dans la congrégation du Père Libermann. Le 9 août 1854, il s'embarque à Vannes sur le bateau à vapeur qui va le déposer à Nantes, où il prend le train pour Paris, Aniiens et N.D. du Gard.

Ce qui l'a le plus frappé à Paris, c'est la personne du T.R.Père Schwindenhammer. Pendant plus de trente ans, ces deux hommes devaient se confondre en une remarquable unité de pensées, de préoccupations et de travaux. Le jeune postulant le décrit ainsi dans une lettre à sa mère : "Au Séminaire du Saint-Esprit, je fus présenté au Supérieur général qui me serra dans ses bras, avec une affection vraiment paternelle. Quel homme ! quelle figure de saint ! La bonté, la douceur, la sainteté sont peintes sur son visage."

Il fut tout aussi cordialement accueilli au noviciat de N.D. du Gard par le bon Père Frédéric Levavasseur. Trois mois après son entrée au noviciat, il fut appelé à la prêtrise, qu'il reçut, avec dispense d'âge d'une dizaine de mois, le 23 décembre 1854. L'ordination eut lieu à Paris où le noviciat du Gard venait d'être transféré avec 14 novices. C'est là aussi qu'eut lieu le 25 août 1855, l'émission des trois voeux religieux qui fit de la nouvelle congrégation une véritable congrégation religieuse.

C'est peu après, que le P. Barillec fut envoyé au Séminaire français de Rome, fondé il y avait à peine deux ans. Mais il ne devait pas y rester : dans la même année 1856 il fut rappelé, et placé comme professeur au collège de Gourin, qui passait alors des mains de l'abbé Maupied en celles de la congrégation. Son orgueil se plia en une humble soumission, et ü s'appliqua avec sérieux à ses fonctions de professeur de cinquième et de quatrième.

A la rentrée de 1857, le P. Barillec fut nommé sous-directeur du noviciat des clercs à Monsivry, où il servit déjà de secrétaire au Supérieur général pour la rédaction de nombreux documents en usage dans l'Institut. En 1861, il est nommé secrétaire-archiviste de la congrégation. Avec la collaboration du P. Jouan, il va reconstituer la collection des documents historiques relatifs à la Congrégation du Saint-Esprit, dans la période antérieure à la Révolution, disparus dans le pillage officiel de 1792. Il rédigea le projet des Constitutions que le Supérieur général proposa à l'examen du Chapitre général constitutif de 1875. Mais le grand travail du P. Barillec, qui le fera connaître et bénir de toutes les générations futures, auquel il a travaillé près d'un demi-siècle, c'est le Bulletin général de la Congrégation. En 1867 commencent les démarches pour la Béatification du Père Libermann ; le P. Barillec est nommé postulateur à Paris, le P. Freyd à Rome.

Le P. Barillec eut la douleur de voir décéder le Père Schwindenhammer en 1881 et le Père Levavasseur l'année suivante. Leur successeur, le Père Emonet choisit le P. Barillec comme second Assistant, en lui gardant ses fonctions de Secrétaire général. Le développement étonnant de la congrégation à cette époque lui donna un surcroît de travaux. Il soutint personnellement ce surmenage pendant dix ans ; mais en 1892 il dut prendre du repos à St-Ilan, avant d'accepter la visite des communautés de France - Langonnet, Cellule, Castelnaudary, Seyssinet, Epinal, et jusqu'en Savoie et la Suisse. En 1894, il réintégra définitivement à Paris son bureau de secrétariat.

Tous ces travaux ne doivent pas nous faire oublier que le P. Barillec s'occupa avec bonheur du patronage Sainte-Mélanie durant vingt ans, de 1860 à 1880 ; et qu'il a accordé son ministère sacerdotal aux religieuses de St-Joseph de Cluny durant un demi-siècle. En 1904, Mgr Le Roy voulut faire des noces d'or sacerdotales du P. Barillec un vraie fête de famille. C'est le 14 janvier 1909, que le bon et fidèle serviteur de la congrégation rendit sa belle âme à Dieu. Il avait 77 ans.

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