PERE François BEAUD
Bulletin Général de la Congrégation Tome 13, p. 647


03/02/1885 :Une perte plus douloureuse encore pour la Congrégation, est celle du P. Beaud, le dernier survivant des anciens compagnons du Vénéré P. Laval à Maurice .

La mort de ce zélé missionnaire a causé dans la colonie une vive impression . Voici comment l’un des journaux du pays annonçait cet événement : « Après six mois de cruelles souffrances supportées avec la résignation d’un chrétien, ce saint missionnaire, âgé de 64 ans[5], a expiré ce matin à 5 h, à la résidence de l’honorable Beyts, à Moka .

Digne émule du R.P. Laval, de pieuse mémoire, dont il a partagé les plus belles œuvres, il avait fait de Maurice sa patrie d’adoption . Il y a passé 36[6] années de son existence, dont 25 à la Cathédrale et 11 aux Cassis .

Littérateur distingué, théologien éminent, en même temps que prêtre irréprochable, le R.P. Beaud faisait honneur à l’ordre auquel il appartenant . »

Le P. Beaud avait 37 ans de communauté et 36 ans et 5 mois de Profession . Il a succombé le 03/02/1885 .

Bulletin Général de la Congrégation Tome 13, p. 1038

On connaît déjà la mort du P. Beaud, Supérieur Provincial de Maurice, arrivée le 3 février 1885 . Nous commençons ce Bulletin par quelques détails sur sa maladie et ses derniers moments . – Pour lui assurer de meilleurs soins, on avait cru devoir le placer dans une famille des plus chrétiennes et des plus honorables . « Rien n’est épargné, écrivait le P. Garmy, pour le rendre à la santé . Et l’on ne saurait dire de quels soins il est l’objet de la part de cette excellente famille Beyts, dont le chef lui-même a voulu veiller notre cher malade . Les médecins viennent le voir quatre fois par jour : deux fois le Dr. Vinson, et deux fois le Dr. Clarence . Mme la gouvernante est on ne peut plus inquiète sur son état, et s’en fait donner fréquemment des nouvelles . Elle a même été lui faire visite, accompagnée de M. le Gouverneur, animé aussi d’excellent sentiments chrétiens . Et c’est de leur résidence du Réduit que vient à notre cher malade le vin le plus fortifiant . Mais malgré tous ces soins et cet affectueux dévouement, nous ne le sauverons pas, je le crains bien . (lettre du 20 janvier 1885)

En effet, quelques semaines après, il avait la douleur d’écrire : « Notre bon P. Beaud n’est plus ! C’est le 3 février (1885), à 9 heures du matin, qu’il a rendu sa belle âme à Dieu . Mais quelles souffrances ! Ses derniers moments ont été terribles : son agonie a duré trois jours . Il a néanmoins conservé sa connaissance jusqu'au dernier souffle . Le samedi 31 janvier, je recevais de l’honorable M. Beyts qui me réclamait en toute hâte . J’accourus, je confessais le cher malade et lui fis faire le sacrifice de sa vie . ‘Je m’offre à Dieu comme victime, me dit-il, pour la conversion de l’Afrique . » - Je passai la nuit près de lui . Le mardi, jour de la commémoration de l’Agonie de Notre Seigneur, j’offris le St Sacrifice de la Messe pour lui obtenir une bonne mort, et à 5 heures, il rendait pieusement le dernier soupir . Les PP. Perraud et Carré, qui l’avaient consolé et fortifié dans ses derniers moments, lui fermèrent les yeux .

« Prévenu par télégramme, j’allai immédiatement trouver Sa Grandeur, qui me manifesta le désir que l’enterrement eut lieu aux Cassis, me promettant de faire lui-même l’absoute . Puis je fis part de la douloureuse nouvelle au Gouverneur, ainsi qu’à tout le clergé . Le Gouverneur me répondit par dépêche que lui et Lady Hennesy prenaient une part bien grande à notre chagrin et que tous les deux assisteraient à l’enterrement .

« Le mardi soir, à 5 heures, nous déposâmes le corps dans une bière de plomb, et à 7 heures, nous le transportâmes dans la sacristie des Cassis, transformée en chapelle ardente pour la circonstance . A partir de ce moment, elle ne cessa de se remplir . Chapelets, médailles, livres de messe, durent toucher le corps de notre bon pasteur, comme disaient les pauvres gens des Cassis, de la Petite Rivière, des Pailles, de la ville et même de Ste Croix .

« Le mercredi à 10 heures, nous fîmes sceller le cercueil, et le laissâmes toujours à la sacristie . Le jeudi, dès le matin, foule immense . Impossible à beaucoup de pénétrer dans l’église . Le Gouverneur et Lady Hennesy, les notabilités du pays, tout le clergé régulier et séculier, et surtout nos pauvres enfants étaient là !

« A 9 h 30 commence la Ste Messe, que je chantai moi-même . Monseigneur donne l’absoute ; et ensuite nous partons pour la Petite Rivière, où se trouve le caveau de la Congrégation . Nos pauvres enfants voulurent accompagner le corbillard qui allait au pas . M.Mme Beyts, Adam et May vinrent à la Petite Rivière . Là, nouvelle absoute dans l’église de la paroisse . Enfin, nous arrivons au cimetière où notre bon Père nous quitte à tout jamais, pour aller tenir compagnie aux PP. Thévaux et Lambert .

« De tout côté on nous envoya des cartes de condoléances, tant était grande et générale l’estime et la vénération dont jouissait notre bon Père . » (lettre du 15 février 1885)

[5] Le P. François BEAUD est né le 26/05/1820 à Lullin (74) diocèse d’Annecy (Haute Savoie)
[6] Il a fait ses premiers vœux le 15/08/1848 à N-D du Gard ; il a fait ses vœux perpétuels à Ste Croix, (Maurice), le 13 / 09 / 1860 ; il a été ordonne diacre le 01 / 07 / 1846 à Annecy et prêtre le 29/05/1847 à Annecy . Il a travaillé à Maurice du 11 / 01 / 1850 à sa mort, le 03 / 02 / 1885, âgé de 65 ans, après 36 ans de Profession

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