Le père Jean BERNACHON

Né : 14 décembre 1930 à Somain (59)
Profès : 08 septembre 1949 à Cellule Prêtre : 06 octobre 1957 à Chevilly-Larue
Décès : 1er février 2021 à Chevilly

AFFECTATIONS :
FRANCE :
Paris (1958-1959 : Notre-Dame-des-Champs, vicaire) ; MADAGASCAR : Tsaratanana (1959-1966 : vicaire) ; Ambato-Boéni (1966-1972 : curé) ; LA RÉUNION : Quartier-Français (1972-1978 : curé) ; Terre-Sainte et Grand-Bois (1978-1980 : curé). FRANCE: Paris (1980-81 : recyclage). LA RÉUNION : Sainte-Rose (1981-1989 : curé) ; Saint-Jacques (1989-2014 : vicaire puis curé). FRANCE : Rennes (2014-2015 : vicaire) ; Chevilly-Larue (2015-2021 : retraite).

Le père Jean Bernachon nous a quittés à quatre-vingt-dix ans. Les derniers temps, il parlait souvent de sa mort : « Je sens que le P. Adrien (Rémy) me demande de le rejoindre » m’a-t-il dit dix jours avant sa fin. Quelques heures avant de mourir, après avoir reçu le sacrement des malades, il essayait encore de dire au P. Supérieur tout le bien qu’il pensait du P. Daniel Woillez qui venait de décéder. Finalement, c’est la pandémie qui a hâté sa fin.
Jean était un homme attachant. Son curriculum vitae, il l’a décliné bien souvent : naissance dans une famille chrétienne du diocèse de Cambrai ; une formation spiritaine très classique ; ensuite treize ans à Madagascar puis quarante-deux à La Réunion. Là, son plus long séjour aura été pour Saint-Jacques où il sera vicaire, puis curé, durant dix-huit ans. Il y avait gardé beaucoup d’amis avec lesquels, depuis Chevilly, il communiquait tous les jours par téléphone ; c’est très souvent par ses amis que nous apprenions les nouvelles de la paroisse.
Jean avait soif de reconnaissance. Il a construit ou réaménagé bien des églises et presbytères à La Réunion. Sa plus belle réalisation : la chapelle du bienheureux Jacques Laval, à Bras-Pistolet. Partout, il laissait la trace de son passage par des épigraphes : « … Jean Bernachon étant curé », ce qui donnait lieu à des plaisanteries goguenardes de confrères. Il se contentait d’en sourire sans jamais se fâcher. Il savait financer ses projets sans laisser la moindre dette, ce dont il était très fier. Avant de quitter La Réunion, il rêvait encore de construire une dernière église à Beauséjour ; le diocèse et ses supérieurs l’en ont dissuadé. Les malentendus et son obstination ont précipité son départ de l’île, vécu avec une certaine amertume.
Jean était un homme de foi, un peu traditionnelle. Il s’est senti très à l’aise dans la foi populaire des Réunionnais, en phase avec eux pour organiser nombre de pèlerinages, dans l’île mais aussi à l’extérieur. C’est peut-être pour cela que les gens l’aimaient. Il prenait plaisir à accueillir ses confrères et les autres prêtres. Il avait un grand souci des vocations depuis son stage pastoral à Notre-Dame-des-Champs, à Paris ; et il a eu la joie de voir un des enfants de Saint-Jacques parvenir au sacerdoce. Un autre souci : valoriser les riches heures du passé religieux de l’île par des articles dans Église à La Réunion et en encourageant ceux qui s’essayaient à être passeurs de cette mémoire.
Une de ses dernières grandes joies : en 2019, des paroissiens de Saint-Jacques l’ont invité et accompagné pour le pèlerinage du Rosaire à Lourdes, en fauteuil roulant. Lors des aurevoirs à la grotte de Massabielle, échappant à la vigilance de ses accom­pagnateurs, Jean s’est précipité au micro pour saluer une dernière fois les Réunion­nais et leur dire : « Désormais : au ciel, au ciel ! » Ce fut son dernier baroud d’honneur. Nous croyons que le Seigneur lui a ouvert les portes de son paradis.
Étienne OSTY
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