Le Frère Charles BERNIER,
1859-1921


C'est à l'âge de 35 ans que Gabriel Bernier entra dans la Congrégation. Son curé le présentait ainsi: "Un jeune homme de ma paroisse, ancien sousofficier d'infanterie de marine, très intelligent, instruction primaire très complète, caractère énergique et décidé, fils d'un assez riche cultivateur, cultivateur intelligent lui-même, sentiments religieux excellents, très bonne conduite, désirerait vivement travailler à la gloire de Dieu et de l'Église dans les missions étrangères. J'ai pensé que vous pourriez le recevoir et l'employer dans vos missions d'Afrique comme catéchiste ou comme directeur de travaux de culture dans vos orphelinats agricoles."

Charles Bernier entra ainsi, à Chevilly, le 24 juin 1892 et fit profession le ler octobre 1893. Puis il passa en Sénégambie. Ses divers postes ont été Kita, Kayes, Dinguîra (jusqu'au transfert de ces postes, aux Pères Blancs du Soudan) ; Bathurst et Thiès depuis 1903. Partout il fut chargé du jardin et s'acquitta de ses fonctions en homme entendu et en bon religieux. Bien fatigué au début de l'année 1921, il s'embarqua pour rentrer en France au mois de juin, bien qu'on eût hésité à lui laisser entreprendre ce voyage. Dès le premier soir il confia son argent à deux Sœurs de l'ImmaculéeConception de Castres qui étaient à bord avec lui, comme s'il se sentait incapable de gérer lui-même ses affaires.

" Le bon Frère Gabriel, nous écrivent les Sœurs, a bien souffert pendant ces jours de traversée ; rien ne lui plaisait, tout le faisait vomir, il éprouvait un grand malaise, il agonisait en pleine connaissance. Sa patience a été grande et sa résignation admirable. Il a pris part à toutes les prières. Nous l'avons soutenu par de fréquentes aspirations, tout le reste du jour. Vers 7 heures du soir, il recevait encore l'absolution et redisait avec force combien il acceptait la mort avec résignation. Puis ses douleurs devinrent plus aiguës. Il étouffait et je n'oublierai jamais ces quatre heures passées auprès de lui. Il se levait, s'asseyait sur le fauteuil, sur le lit, se couchait d'un côté, de l'autre, et toujours sa bouche grande ouverte et ses yeux tournés vers nous ou vers le ciel. Enfin il s'assit une dernière fois et sembla attendre les yeux en haut; il resta dix minutes dans cette attitude et expira : il était 11 h. trois quarts. Le lendemain soir dimanche, on l'immergeait vers 11 heures et demie, au large de Barcelone. "

Le Frère avait reçu les derniers sacrements du chanoine de Keyser, directeur général des Sœurs Franciscaines de Gand, qui revenait du Brésil et avait pris passage à bord du "Formosa". Le commandant, les officiers et plusieurs passagers de Dakar témoignèrent leur sympathie au bon Frère et aux charitables Sœurs qui l'assistèrent ; ils n'eurent qu'un regret, celui de ne pouvoir prolonger jusqu'à Marseille les jours du malade. Le Frère Gabriel Bernier était né le 14 avril 1859 à Rorthais, dans les Deux-Sèvres.

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