Le P. Pierre BITAULD,
décédé dans l'Alima (Congo), le 4 janvier 1901, à l'âge de 25 ans.


Né au Sel (Ille-et-Vilaine), le 20 janvier 1901, Pierre Bitauld, après deux ans de théologie au grand séminaire de Rennes, entra à Chevilly, le 20 septembre 1895. Trois an plus tard, le 2 octobre 1899, il faisait sa profession et sa consécration à l'apostolat et, le 15 du même mois, il s'embarquait pour l'Oubangui.

Après quelques mois à Brazzaville, Mgr Augouard lui donna sa destination pour la station de Sainte-Radegonde,. Il devait, hélas ! périr avant d'y arriver, victime de son imprudence. Voici le récit que nous envoie à ce sujet le P. Rémy, qui était allé lui-même, avec les bateaux de la mission, le conduire à son poste :

« Sainte-Radegonde, 7 janvier 1910. Me voilà dans l'Alima, à la station de Sainte-Radegonde, après un voyage de dix jours, qui a été un vrai chemin de croix, par divers accidents qui nous sont arrivés… Le plus triste et le plus pénible a été la mort du pauvre P. Bitauld.

« Nous arrivions à Pombo, à un jour et demi de vapeur environ de Sainte-Radegonde, en montant la rivière. C'était le vendredi 4 janvier, vers 4 heures de l'après-midi. Je disais tranquillement mon bréviaire en haut, près de la barre. Descendu dans la cabine, j'entends tout à coup les enfants et les Noirs se précipiter dans les pirogues. On me crie : “Le Blanc se noie! ” C'était, hélas ! le pauvre P. Bitauld qui luttait contre le courant. Je l'entends pousser un dernier cri ; j'aperçois encore ses deux bras, puis il disparaît dans un tourbillon. La pirogue n'était plus qu'à dix mètres de lui. Je fais plonger, mais en vain, la violence du courant l'avait déjà sans doute entraîné bien loin, et je n'osais pas risquer de nouvelles vies, d'autant plus qu'il y a dans la rivière beaucoup de caïmans. On met un poste d'observation au coude inférieur, mais nous n'avons même pas eu la consolation de revoir le cadavre de ce cher confrère.

« Dans l'espace de deux minutes, tout a été consommé ! Et tout cela par suite d'une imprudence inconcevable ! Sans rien m'en dire, sans prévenir personne, le Père avait voulu prendre un bain, à l'arrière de nos deux bateaux amarrés côte à côte. Or, en cet endroit, le courant est extrêmement fort, et la profondeur de cinq à six mètres. Je n'aurais pas supposé qu'un Européen pût jamais avoir l'idée de se baigner dans un endroit pareil. Perdre ainsi un missionnaire jeune et actif, dès son arrivée dans la mission, et quand les besoins sont si grands !… Nous en sommes consternés. » -
BG, t. 21, p. 134.

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