Le Père Jules BLAIS,
1883-1930.


Au mois de septembre 1902, on vit arriver au noviciat d'Orly trois jeunes gens du diocèse de Sées. Gais et pleins d'entrain, ils aimaient rire. Tout de suite, ils conquirent la sympathie de leurs confrères. Ils s'appelaient Paul Lesellier (41),Auguste Leroyer (42), et Jules Blais. Le second repose depuis 1915 dans le petit cimetière de Setté-Cama, au vicariat de Loango ; le P. Lesellier a péri en 1920 dans le naufrage de l'Afrique. Le P. Jules Blais, après un apostolat continu de plus vingt années en Afrique orientale, s'est éteint à Chevilly le 18 décembre 1930.

Sixième prêtre de la famille Blais pendant un demi-siècle, Jules naquit à Flers le 13 juillet 1883. Il fut baptisé le même jour par son oncle, vicaire à la Ferté-Macé. A l'école primaire des Frères de Ploërmel il songea à la prêtrise, et à Sainte-Marie de Tinchebray. il ressentit l'appel particulier de Dieu vers les missions. Il s'adressa à un Père capucin, prédicateur de retraite, qui lui indiqua les Missions Étrangères et les Pères du Saint-Esprit. Jules Blais choisit l'Afrique sans hésiter.

Sa préparation au sacerdoce se fit sans heurt. En 1908, il fut ordonné prêtre à Fribourg en Suisse. Ses deux oncles prêtres vinrent de Normandie assister à la cérémonie, pour remercier Dieu d'avoir acco é à la famille le sixième prêtre. L'année suivante, il reçoit son obédience pour le vicariat de Zanzibar. De Suisse, il passe à Rome, où il a le bonheur de voir le pape saint Pie X. Il continue vers Naples, et il s'embarque sur un navire allemand pour l'Afrique orientale.

L'évêque de Zanzibar l'affecta provisoirement à l'île de Pemba, puis à la mission de Bura. En 1912, le P. Blais fut adjoint au P. Paul Leconte (28) pour une fondation à Ukamba. Ils vécurent ensemble plusieurs années dans des huttes en paille. Il fut ensuite appelé à Nairobi, où il eut à organiser le ministère pour les Kavirondos, que l'on trouvait dispersés le long du chemin de fer ou dans les plantations des européens. Cette tribu, originaire des bords du lac Victoria, y vivait à l'état de nudité complète dans la bonne chaleur équatoriale. Mais au contact avec les blancs, ils cherchaient à les imiter dans tout ce qu'il y a de plus élégant ; en même temps ils recherchaient l'instruction et avaient un ardent désir de devenir chrétiens. Le P. Blais, sous le surnom d'Ayott (vif, rapide) qu'ils lui avaient donné, devint vite très populaire parmi eux.

Abandonnant à d'autres confrères I'œuvre de Nairobi, le P. Blais fonda la résidence de Kalimoni et l'annexe de Kilima-Mbogo. C'est à ces deux œuvres qu'il a consacré les dernières années de sa vie, ré-compensé par de beaux succès. La liste de ses baptêmes, qu'il a porté avec lui jusqu'à sa mort, comprend 4021 noms.

En 1930, il dut quitter sa mission, l'enflure de ses jambes ne lui permettant plus de travailler. Revenu en France, il ne retrouva pas la santé, mais accueillit la mort avec sérénité, en offrant sa vie pour ses chers Kavirondos.

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