Le Père André BOBLIN
décédé à Cayenne (Guyane) le 18 mars 1997, âgé de 97 ans
inhumé à Cayenne, le 20 mars


Né : 29.10.99, à Avranchhes (50). Profès : 08.09.61, à Cellule. Prêtre : 01.05.64, à Chevilly.
AFFECTATIONS - France . Allex, professeur (64-66). Guyane : Acarouani, léproserie (66-75); Saint-Laurent, auprès des Indiens du Maroni, puis Maripasoula, vicaire (75-96) Cayenne, Maison Stellina, retraite (96-97).

André Boblin est né en Normandie, dans une famille modeste d'artisans. Il était tellement chétif que le médecin, bourru, prévint ses parents : "Ne vous attachez pas à cet enfant, il ne vivra pas."

Le jeune André vécut... et à l'âge de la Sixième il demanda à entrer au petit séminaire. A nouveau le "sage" médecin intervint : "Vous n'y pensez pas, il ne supportera pas l'austérité de l'internat."

Tout de même, le jeune garçon entra à l'Ecole Normale pour devenir instituteur. La guerre de 1914 éclata. Bientôt, la plus grande part des maîtres d'école, en poste se trouva mobilisée. Le sérieux d'André avait été remarqué : on lui demanda de prendre en main une classe à Mortain. Le jeune homme n'avait que seize ans.

Cette situation provisoire devait durer plus de quarante ans. Peu à peu, André devint à Mortain l'incontournable Monsieur André. Il dirigeait, outre l'école dont la responsabilité lui fut vite confiée, la société de gymnastique, la fanfare et même la préparation militaire, bien qu'il n'eût jamais revêtu l'uniforme !

Quand approcha l'âge de la retraite, le désir de devenir prêtre le saisit à nouveau. Il entra dans la congrégation, où il fut condisciple de scolastiques dont il aurait pu être le père. Rapidement affecté à la Guyane (il atteignait 67 ans), il fut envoyé . à la léproserie de l'Acarouani, où il se dépensa avec une énergie qui surprit. Puis, ce fut Saint-Laurent et, en particulier, une présence persévérante dans les villages amérindiens.

Enfin, placé à Maripasoula, il rayonna dans tous les hameaux dispersés le long des rives du Maroni. Les films qu'il a tirés de ses déplacements témoignent de son audace infatigable. Il faudra, à 80 ans passés, un ordre exprès pour le maintenir en deçà des "sauts".

L'année dernière, il dut se replier sur Cayenne, à la maison spiritaine. Ce fut une brève étape. Par un brin de coquetterie amusée, il l'aurait volontiers prolongée, pour l'exploit, jusqu'à l'an 2001 :

"Savez-vous que j'aurais connu trois siècles !
Antoine GRACH

Page précédente