Le Père Joseph BOGNER,
décédé à Paris, le 12 septembre 1961,
à l’âge de 54 ans.


Le 14 février 1907, naissait à Strasbourg Joseph Bogner. Durant ses années d'études, ses maîtres sont unanimes dans leur éloge: bon, pieux, délicat, très dévoué, très bon sujet. Cette conduite durant les études secondaires se poursuit au noviciat d Orly, au scolasticat de Mortain, au cours de l'année de surveillance et de professorat à Neufgrange, enfin à Chevilly.

Arrivé au Congo le 5 octobre 1934 il fut affecté à la jeune mission de Saint-Michel de Madingou. Durant 2 ans et 3 mois, il sut s'attacher la jeunesse kamba par sa rayonnante bonté, sa souriante bonhomie. A la mission, au poste administratif, dans les villages, il ne comptait que des amis, tant parmi les Africains que parmi les Européens.

Ce qu'il fut pour ses chrétiens, il le fut tout pareillement en communauté parmi ses confrères. Dans la conversation, il avait toujours le mot pour rire, semant la bonne humeur. Un Frère, qui vécut seize ans avec lui, témoigne : « Il n'y a que lorsque la plaisanterie allait à l'encontre de la charité que le Père devenait sourd, et tout le monde comprenait très vite la leçon donnée. Dès que la conversation reprenait la bonne direction, le sourire revenait. »

En janvier 1937, le P. Bogner est envoyé Mossendjo, pour y fonder une nouvelle mission. Ce n'était plus la chaude savane de Madingou, mais l'humide forêt de Mossendjo. La constitution du Père, qui apparemment semblait robuste et très résistante, eut bien du mal à s'adapter à ce climat nouveau. De là sans doute cet asthme qui ne devait plus le quitter jusqu'à la mort.

Il organisa son école centrale de Saint-Joseph, puis les annexes de brousse, au fur et à mesure de ses tournées à travers son immense mission. Avec le P. Molager, son supérieur, il répartit le travail et s'y donna lui-même avec joie. Le F. Éloi assurait les constructions; les deux Pères parcouraient la région, à pied ou à bicyclette quand l'état des pistes le permettait. Et le travail se compliquait du fait des protestants suédois qui avaient devancé de dix ans la mission catholique.

Il passa dix-neuf ans dans la mission de Mossendjo, et c'est là qu'il commença à voir ses forces diminuer sensiblement ; mais il n'en continuait pas moins à se dépenser sans compter.

En mars 1955, le Père revint en France pour un repos indispensable. De retour en décembre, il fut affecté à M'Fouati-Kimbenza, la mission-mère de laquelle Madingou s'était détaché 23 ans plus tôt. Devenu curé de ce centre minier, il eut vite fait de gagner, là encore, toutes les sympathies du personnel noir et blanc et, quand, en octobre 1960, atteint de la cataracte aux deux yeux et presque aveugle, il dut quitter M'Fouati, tous lui manifestèrent leur profonde reconnaissance d'une façon qui le toucha au plus haut point.

Une première opération pratiquée à Strasbourg lui rendit l'usage d'un œil et lui permit de reprendre le bréviaire et la célébration de la messe d'une façon normale. La seconde intervention eut moins de succès. Le Père n'en reprit pas moins quelque activité, comme aumônier de l'hôpital de Saverne.

Le 12 septembre 1961 au matin, il se rendait à la Maison Provinciale pour y recevoir une affectation en France. Après un voyage de nuit, de Strasbourg à Paris, le Père s'égara, au Châtelet, dans les vastes corridors de cette station de métro. Exténué de fatigue, il célébra cependant sa messe, non sans de grandes difficultés, puis vint prendre le petit déjeuner au réfectoire. Remontant dans sa chambre, au second étage, pour se reposer des fatigues du voyage, il n'était pas encore arrivé à la porte de cette chambre qu'il s'affaissait de tout son long. Le R. P. Supérieur, appelé en hâte, lui administra aussitôt une dernière onction, et tout était fini. -
Auguste Ubrun - BPF, n° 119, p. 60.

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