Le P. Victor Bouteiller est né à Vessey dans la Manche. Il sera le plus jeune d'une famille de 6 garçons. Louis qui est l'ainé sera son parrain. Parrain et filleul sont restés très unis dans les joies comme dans les peines et se sont soutenus mutuellement jusqu'au bout. Maintenant Victor est allé rejoindre Louis.
Après ses études primaires à Vessey et secondaires à Avranche, Victor rentre au noviciat des spiritains à Orly en 1936, son frère Louis était déjà prêtre depuis 4 ans. Il fera ses études de philosophie à Mortain. Ensuite il sera mobilisé un certain temps avant de rejoindre Chevilly pour la théologie et être ordonné prêtre le 4 juin 44.
Sa première affectation est pour l'œuvre des Apprentis d'Auteuil où il sera surtout économe dans différentes maisons dans une période assez difficile sur le plan économique. Homme très pratique et ingénieux, il servira à Thiais puis à Saint Michel en Priziac et enfin à Verneuil sur Indre.
En 1952 il est nommé économe à Saint Ilan. Après 11 ans de service en France, il reçoit une affectation pour le Sénégal. Là-bas il sera un grand entrepreneur, il rendra de gros services dans plusieurs missions, d'abord à Fatick où il est chargé d'un centre d'animation rurale. Pendant 4 ans, dit-il, il a essayé d'apprendre à 15 jeunes la culture attelée, le jardinage, la construction de cases en dur, le forage de puits.
Il passera une année ensuite à Joal mais vu son sens pratique l'évêque le nomme économe du petit séminaire de Ngazobil. En 65, il se retrouve avec le P. Simonnet à Nguéniène où il exercera encore un peu tous les métiers. C'est en 73 qu'il arrive à Mbodiène: ce sera vraiment sa mission où il restera 18 ans. Victor travaillera en étroite relation avec les sœurs de Saint Thomas de Villeneuve. C'est là qu'il construira une église dont l'originalité sont les vitraux fabriqués avec des bouteilles de bière ou de vin. Victor exercera son don de sourcier et fera creuser beaucoup de puits pour permettre aux populations d'accéder à une eau potable. Il n'a pas ménagé sa peine et le 1er juin 89 il est obligé de rentrer en France.
Victor retrouve la Normandie dans la communauté spiritaine de Saint Lô. Très vite il maitrise les nouvelles technologies: internet, la webcam, l'appareil photo numérique. En communauté, Victor était un confrère agréable, toujours prêt à rendre service; il vieillissait avec la joie de vivre. Le dimanche il rendait service dans différentes paroisses. Après la fermeture de la communauté de Saint Lô, il rejoint son frère Louis pour quelques années à Grimouville, puis parrain et filleul viendront ensemble à Langonnet.
Ici à l'abbaye, Victor ne restera pas inactif. Il passera beaucoup de temps à ranger les outils dans les ateliers. Puis ses forces diminuèrent doucement; il sortait de moins en moins. Ses dernières semaines furent douloureuses. Il nous a quittés paisiblement en allant à un rendez-vous qu'il avait préparé et qu'il désirait depuis quelques temps. Victor nous laisse le souvenir d'une personnalité attachante que l'on aimait rencontrer.