Père Georges BOUVIER
Décédé le 10 février 2002 à Cayenne (Guyane), âgé de 73 ans.
Né : 17/12/1928, Rennes. Profès : 8/09/49, Cellule. Prêtre : 5/10/58, Chevilly

AFFECTATIONS :
GUADELOUPE : Gourbeyre (60-63) - Massabielle (63-73).
FRANCE : Maison Mère (73-74).
GUYANE : St Louis (Mirza: 74-75) - St Sauveur (75-76) - Ste Famille (Grant : 76-94) - St Paul (ND de Fatima: 94-2002)


Emotion considérable et intense communion spirituelle le 21 février, dans la cathédrale de Cayenne, en lien avec la famille et la communauté chrétienne réunie à Rennes. Tous se sentaient personnellement atteints par la mort du Père Bouvier. Georges, né à Rennes, a fait ses études à St Ilan : le souvenir est resté d'un jeune éveillé, mais modeste. Grâce aux multiples initiatives proposées alors aux jeunes, il développa le goût des initiatives et une remarquable attention aux autres. De là vient en grande part cette tranquille audace qui lui fit entreprendre en Guyane tant de risques assurnés avec une tranquille lucidité.

En 1960, il est envoyé en Guadeloupe comme enseignant, puis préfet des études. Mais, le ministère pastoral l'attire et, après une année de recyclage en France, il demande à venir en Guyane. Son zèle, emprunt de bonhomie, le fait partout apprécier. Il fait partie des divers conseils qui partagent des responsabilités dans le diocèse, la congrégation. Ses confrères le choisiront aussi comme supérieur religieux. Il se consacre à tous, sans jamais, réserver du temps pour lui-même. Il en arrive ainsi à connaÎtre tout le monde. Sa réputation d'efficacité et son désintéressement attirent de partout des gens en difficulté. Parallèlement, il réussit, par sa simplicité et son entregent, à réunir les fonds qui devaient permettre l'ouverture du chantier de la nouvelle église de la Ste Famille. Insensible (mais non sans lucidité) aux conseils de prudence que beaucoup lui prodiguaient, il ne ralentissait en rien son accueil de toutes les misères qui convergeaient vers lui. Ce chemin devait être, et de quelle terrible manière, "imitation de Jésus-Christ", son chemin de Croix, puisqu'il fut assassiné.

Ses funérailles, présidées par Mgr Louis Sankalé furent d'une qualité et d'une ferveur rares. Notre évêque devait relever que sa mort, surtout quand elle revêt un tel caractère dramatique, provoque un légitime sentiment d'indignation. Mais elle trouve son sens dans le Christ ressuscité. "Notre horizon, dit-il, n'est pas limité à ce que nous voyons. Une brèche est ouverte qui permet d'annoncer la mort, non supprimée mais vaincue. L'histoire continue, qui appartient à Dieu. Il ne s'agit de consolation à bon marché, car il y eut dans l'histoire cet événement d'un Homme sorti vivant du tombeau... celui qui a dit : "Courage, j'ai vaincu la mort." Puis, Mgr Sankalé, s'appuyant sur l'exemple du P. Bouvier, s'adresse à la communauté guyanaise rappelant que le Père disait volontiers à propos de l'aide qu'il apportait aux plus démunis : "Si je ne le fais pas, qui le fera ? " Ce message, il nous le laisse. Pendant qu'il est encore temps, saurons-nous nous pencher sur tant de besoins qui exigent des réponses, des actes ? Saurons-nous combler les carences d'accueil, aujourd'hui trop visibles ?
Père Antoine GRACH