Le P. François BOVIER
originaire de la Vice-Province de Suisse, décédé à Sion, le 28 novembre 1956,
à l'âge de 57 ans et, après 33 années de profession.


Bien qu'originaire de la Vice-Province de Suisse, le P. Bovier consa­cra toute sa vie apostolique au service des Missions aux côtés de confrères de la Province de France. C'est pourquoi le Bulletin n'hésite pas à publier cette petite notice que lui a adressée le P. Poignant.

Le P. François Bovier naquit le 5 mai 1899, au village de Vex, dans le Valais (Suisse), de parents cultivateurs. Ses classes primaires achevées, il demeura dans son pays natal. Ce ne fut qu'assez tard, vers l'âge de 18 ans, qu'il se sentit attiré vers le sacerdoce et la vie missionnaire.

Il fut d'abord admis à l'école apostolique du Bois-Noir, près de Saint­Maurice, en Valais. De là, il passa à Allex.

Après les études secondaires, il entra au Noviciat d'Orly, où il fut un novice exemplaire. Il est possible que sa vertu lui ait demandé pas mal d'efforts, car de temps en temps le naturel cherchait à reprendre le dessus, oh ! tout à fait exceptionnellement. Il se manifestait brutalement par l'explosion d'un éclat de rire que rien ne permettait de prévoir. C'était sans doute quelque chose d'incoercible chez lui. Mais l'explosion terminée, le bon novice reprenait ses droits et jugulait son naturel un peu trop fougueux Tel il fut au noviciat, tel nous le retrouvons au scolasticat. A Mortain d'abord, après l'émission des premiers vœux en 1923. C'était l'époque de la réouverture de l'Abbaye-Blanche, ancien Petit Séminaire du diocèse de Coutances; temps héroïque pour ceux qui l'ont vécu. Les nouveaux sco­lastiques trouvèrent une maison où tout était à refaire et tout à organiser. Avec beaucoup de courage et d'entrain, ils partagèrent leur temps entre les études philosophiques et le travail manuel. François Bovier, grave et décidé, accomplit sa tâche, avec son énergie silencieuse et un peu têtue. Après deux années passées à Mortain, il fit trois ans de théologie, à Che­villy où il se prépara avec ténacité à partir en Missions. Ordonné prêtre le 28 octobre 1927, il fit sa consécration à l'apostolat, le 8 juillet 1928, et reçut Majunga comme obédience. Dès le début de septembre, il quitta son Valais natal, et débarqua à Majunga le 4 octobre suivant.

Il fut immédiatement affecté à Mandritsara, mission nouvellement fondée. Son supérieur était un homme fort original : grand voyageur de­vant l'Eternel, le P. Ravaud était aussi peu apte que possible à gouverner et à diriger un jeune dans ses débuts de vie missionnaire. Le P. Bovier dut se former lui-même; lui aussi il passa le plus clair de son temps à parcourir ce district très étendu et très peuplé; il était vraiment heureux au milieu de ses Tsimihety qu'il visitait le plus souvent possible, tâchant de connaître ses chrétiens un par un. Il devint capable d'établir de mé­moire leur filiation. Partout où il passa, il faisait du bien et était très aimé des chrétiens qu'il avait formés. Il ne pêchait pas au filet, mais à la ligne; le Tsimihety ne se décide que lentement à quitter ses habitudes ancestrales.

En 1938, le Père prit son premier congé, et, à son retour, reprit sa place à Mandritsara, mais pas pour longtemps. En 1942, il est directeur de la station de Port-Bergé, puis à Analalava. Il passe aussi dix-huit mois à Maevatanana et revient à Port-Bergé. Très fatigué en 1949, il part -en congé au mois d'avril; il ne devait revenir qu'en janvier 1951. Monsei­gneur Batiot le nomma alors directeur de l'école des catéchistes nouvel­lement fondée, à Mandritsara. Il se consacra pendant deux ans et demi à cette oeuvre si importante; mais sa santé ne lui permit pas de continuer plus longtemps. Sur sa demande, on lui confia une desserte de Tsarata­nana, Betrandraka. Il y travailla tant qu'il put, allant visiter les villages qui lui étaient confiés, soit à pied, soit à bicyclette; mais il se fatiguait vite. Au début de 1956, il dut se replier sur Tsaratanana auprès de deux confrères, valaisans comme lui, et où se trouvait un docteur malgache très dévoué.

Au mois de juin 1956, il obtenait un repos en Suisse; il partit bien décidé à revenir. Au début de novembre, il écrivait à ses supérieurs que, de nouveau, il se portait bien et qu'il envisageait son retour pour le début de 1957. Mais l'homme propose et Dieu dispose; une crise cardiaque le terrassa chez sa sœur, à Vex, son pays natal. Transporté immédiatement à l'hôpital de Sion, il put recevoir tous les sacrements en pleine connais­sance, mais succomba le lendemain, 28 novembre, à une crise d'urémie.

Le P. Bovier nous a quittés bien brusquement à un âge peu avancé, mais on ne l'oubliera pas de si tôt. Sous des dehors toujours un peu mystérieux - il n'était pas communicatif - c'était réellement un apôtre dévoré de zèle pour les âmes. Durant de nombreuses années, toujours par monts et par vaux, il était à la recherche des hommes de bonne volonté, pour les attirer au Christ et leur montrer le chemin du salut; ses chrétiens l'avaient bien compris. Ils l'entouraient de vénération, et le chagrin pro­fond qu'ils ont manifesté à l'annonce de sa mort, et les messes qu'ils ont fait dire, en sont la preuve évidente. Que le Seigneur daigne récompenser son bon serviteur en lui accordant le repos éternel !
Arsène POIGNANT

Page précédente