LE PÈRE LAURENT BREIDEL
(1859-1913)
Notices Biog V p. 433-435


Le P. Laurent Breidel est né le 14 décembre, 1839, a Hessenheim, en Alsace. Il appartient à une de ces familles patriarcales dont le seul objectif ici-bas était Dieu et sa plus grande gloire. La prière et la vertu y était tellement en honneur que tout était comme dans un monastère.

C'est dans ce Milieu, dès son bas âge jusqu'à 12,ans, que fut élevé le P. Breidel. De très bonne heure il entendit L'appel de Dieu et voulut se consacrer à lui dans la vie religieuse., A l'exemple de son cousin,- le P. Marc Voegtli, il se dirigea vers notre Congrégation.

Admis par le P. Libermann au petit scolasticat de Langonnet, il commença ses études latines le 20 septembre 1872. Sous des dehors d'une gaieté parfois excessive, il cachait des trésors de générosité et de renoncement très prononcés déjà pour son jeune âge., Dans ses études il se fit remarquer par une vive intelligence et un grand amour du travail.

A la fin de sa théologie, il fut envoyé au Gabon. Reçu par le vénérable Mgr Le lierre, il est d'abord placé à Lambaréné. Chargé des enfants, il se met aussitôt à l'étude de la langue, et au bout de quelques mois il peut parcourir les villages, pour y faire du ministère, sans l'aide d'un interprète. Le zèle qu'on lui a connu pour les catéchismes et son assiduité au chevet des mourants se manifestent dès cette époque.

Quelque temps après, Mgr Le Berre le fait venir à Saint-Pierre de Libreville, où il se trouve chargé exclusivement du ministère dans les différents villages et dans les hôpitaux. Là encore il se montre le vrai missionnaire aimant à catéchiser, dévoué à tous, ne s'écoutant jamais malgré ses déceptions.

Et cependant pour lui St-Pierre était la station la plus pénible de tout le vicariat du Gabon. La conduite des Européens lui causait de réelles souffrances, lorsqu'il considérait le mal causé par eux. Les noirs, écrivait-il, sont bons lorsqu'ils sont laissés au missionnaire, mais à peine sortis de chez les Pères et de chez les Soeurs, ils sont détournés de leurs devoirs par des gens sans foi ni loi. A cause de ces souffrances, il demanda à changer de station, et ce fut la seule fois. Puis soumis à la divine Providence il se remit à la dure besogne. Dans cette même lettre il disait que ces tristesses étaient contrebalancées par les consolations du saint ministère inauguré sous l'égide du P. Gachon, de sainte mémoire. En un seul mois, ils donnaient à eux deux le baptême à deux cents personnes, administraient cent Extrêmes- Onctions, et faisaient des milliers de visites auprès des malades, visites qui étaient souvent de vraies courses apostoliques. Cette même année, il baptisait un mahométan. Il fut témoin très souvent de la grâce sur cette population visiblement privilégiée.

Un des meilleurs moments qu'il passa à Libreville et qu'il aimait à, rappeler, c'était la visite à bord de la Minerve, petit aviso de la marine, et dont il était aumônier. Qu'il était heureux quand la baleinière du bord descendait à terre et le prenait, avec, tout l'apparat dû à son grade, pour le conduire à ses malades. Et quand officiers et marins lui rendaient les honneurs, il en était ravi pour le respect qu'on témoignait à son caractère sacer­dotal. Le souvenir de la marine de Libreville lui a été un des plus chers de toute sa vie.

Par suite d'excès de fatigues, et après un séjour de neuf ans, il fut obligé de rentrer en France et eut aussi le bonheur de revoir tous ceux qu'il avait quittés pour se donner au salut des âmes. Un court séjour en Europe, le remit de ses fièvres et de son anémie; cependant on le condamna à rester un peu plus longtemps, afin que bien rétabli il pût se remettre avec plus de forces à son ministère apostolique. Pendant son séjour en France il fut placé à Orgeville et à Merville, où il devint provisoirement professeur.

La santé rétablie, il repart aussi tôt pour le Gabon. La confiance de Mgr Le Berre l'appelle à diriger momentanément la mission de Bata. Il en profite pour exercer son zèle chez les Pahouins et se met à l'étude d'une seconde langue. Peu de temps après, de retour à Ste-Marie, le P. Bichet le réclame pour faire du Ministère dans le lac des Nkomis. C'est dans cette Mission, à Ste-Anne du Fernan-Vaz, que le P. Breidel aura passé la plus grande partie de sa vie de missionnaire. Dans ses tournées il resta toujours le même, zélé pour les catéchismes et assidu auprès des moribonds. En 1903, il tombe frappé, de paralysie, ce qui l'oblige de retourner en France, le 4 juin 1905. Deux ans après, le désir de mourir dans la mission le ramène à Ste-Anne, le 12 juin 1907. Depuis il y est resté, faisant trois catéchismes par jour et du ministère dans les environs, autant que le permettait son infirmité.

Le Bon Dieu n'a pas voulu que le P. Breidel mourût à Ste-Anne, ce qu'il désirait tant. Ayant obtenu de Mgr Adam d'aller prier sur la tombe de son frère, le F. Ladislas, enterré à Libreville, il s'était rendu à Donghila, pour visiter là plantation faite par son frère. C'est là qu'il devait finir ses jours. Il y est mort subitement, d'une rupture d'anévrisme.

Voila ce qu'écrivait de lui Mgr Adam, son évêque : « Excellent confrère, saint missionnaire et fervent religieux. Il n'est pas un missionnaire qui ne l'aimât. Le vicariat perd, dans la personne du cher P. Breidel, un missionnaire qui, par sa piété, son dévouement et son zèle, a fait beaucoup de bien dans ce pays. Toujours aimable et toujours gai, c'était une belle âme d'apôtre, et à laquelle Dieu saura donner la suprême récompense de ses fidèles serviteurs ».

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