Le Père Henri BRICHET,
1827-1900


Henri Brichet naquit à Vannes, le 11 février 1827, de parents de condition modeste, mais d’une piété exceptionnelle. Son père tenait près de la cathédrale un petit atelier de cordonnerie, et entretenait ainsi sa famille par le travail de ses mains. La prière et le chant des cantiques accompagnaient le bruit du marteau sur le cuir ; et au son de l’horloge, tout le monde répétait à l’unisson : A tout moment et à toute heure, Que le nom de Jésus soit écrit dans nos cœurs

Dès cinq heures du matin, hiver comme été, le jeune Henri accompagnait ses parents à la cathédrale. Aussi, dès l’âge le plus tendre, songea-t-il à devenir prêtre. A la sortie de l’école des Frères, il reçut les premières leçons de latin d’un prêtre zélé, l’abbé Georgelin, alors aumônier du collège de Vannes. Du collège, Henri passa au petit séminaire de Sainte-Anne, et en octobre 1844 il entra en philosophie au grand séminaire. Tout semblait aller à souhait; malheureusement, bien que le Droit canonique ne mentionne pas ce défaut parmi les irrégularités, l’autorité épiscopale, eu égard à la surabondance des vocations, faisait alors du " strabisme " un cas d’empêchement pour l’admission dans le clergé diocésain.

Grande fut la douleur du jeune Henri ! Il recourut aux praticiens et subit plusieurs douloureuses opérations, mais sans amélioration sensible. Il obtint cependant sans difficulté de garder la soutane et fut successivement précepteur, surveillant au collège d’Auray, puis professeur de mathématiques et économe au collège de Gourin, fondé par l’abbé Maupied, et cédé cinq ans plus tard à la Congrégation. Il resta trois ans dans cette institution, avant d’entrer chez les Spiritains. Le 13 octobre 1853, il arrivait à N.D. du Gard près d’Amiens, pour compléter ses études théologiques. Il fit son noviciat à Monsivry et fut ordonné prêtre, le 17 mai 1856, par Mgr Sibour, archevêque de Paris.

Admis à la profession religieuse le 26 août de cette même année, le P. Brichet resta un an à la maison mère comme économe, et fut envoyé l’année suivante comme économe et procureur du Séminaire français à Rome, qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort.

C’est pour répondre au désir des évêques de France, que le Père Lannurien, disciple du Père Libermann, était arrivé, le dimanche 27 février 1853, à l’hôtel de la Minerve à Rome. Emporté dès l’année suivante par une épidémie, le jeune fondateur fut remplacé par le P. Freyd, qui en 1856 acheta une partie de l’ancien couvent de Santa Chiara ; mais, outre les réparations et aménagements à faire à la maison, il y avait à reconstruire l’église tombée en ruines. Des emprunts considérables avaient dû être faits, et en face de toutes ces dépenses, il n’y avait point d’autre ressource que la faible pension des élèves !

C’est dans ces conditions que le P. Brichet fut chargé de l’économat du Séminaire. Pour répondre à tous les problèmes, la réponse du P. Brichet était simple : il fallait patienter, économiser, recevoir les dons des bienfaiteurs, les capitaliser, les faire fructifier en les plaçant d’une manière aussi sûre que possible ; et avec saint Joseph pour grand pourvoyeur et protecteur, le temps viendrait où tout pourrait s’effectuer. C’est en effet ce qui eut lieu. Grâce au savoir-faire et à la sagesse du bon économe, le Séminaire fut bâti, il a été même agrandi, et les dettes furent payées.

Ce qui a attiré vers le P. Brichet toutes les sympathies, c’est sa bonté, son dévouement, son 7,üle infatigable à rendre service. La note dominante de son caractère était la gaieté, et sa vertu de prédilection la charité envers tous. Le P. Eschbach par exemple, qui devint son supérieur en 1875, disait de lui . " Bien qu’il m’eût vu jadis au séminaire comme simple scolastique, le P. Richet fut à mon égard plein de déférence, de soins et d’attentions, et il m’aida singulièrement durant 25 ans dans mes nouvelles fonctions, sous tous les rapports, tant auprès des personnages haut placés de Rome, qu’auprès des élèves et des membres de la communauté ".

L’évêque de Vannes, Mgr Bécel, lui conféra en 1883 le titre de chanoine honoraire de sa cathédrale, en reconnaissance des services qu’il en avait reçus.

Religieux exemplaire jusqu’à la fin, il se levait toujours à quatre heures, malgré ses 73 ans, présidait la méditation des Frères, faisait la lecture du sujet d’oraison, et leur disait la sainte messe. Il n’a cessé que cinq jours avant sa mort, qui survint le 22 janvier 1900.

A la nouvelle de son décès, le cardinal Langénieux, archevêque de Reims écrivit : " Ce saint prêtre laissera un impérissable souvenir dans le cœur de tous ceux qui l’ont approché. Toujours prêt à rendre service, il a étendu l’influence heureuse du Séminaire français, dont il a vu les premières assises et affermi les bases. "

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