Le Père Eugène BRISSON,
1917-1988


Le Père Eugène Brisson est né à Concarneau, le 15 novembre 1917, dans un foyer profondément chrétien. De son ascendance celtique, il avait hérité d'un certain nombre de valeurs humaines : esprit d'aventure (dans le bon sens du terme) qui pousse tant de bretons vers le "grand large"; sensibilité très vive, opiniâtreté qui touchait quelquefois à l'entêtement...

C'est très tôt que se posa en lui un appel à une vie consacrée à Dieu et aux hommes. Dans des notes très intimes, il reconnaît que ce ne fut pas sans problèmes, ni sans débats intérieurs. A plusieurs reprises il signale, pour sa période d'études secondaires, de sérieuses difficultés disciplinaires... je n'en fais qu'à ma tête, avoue-t-il. Mais au terme d'une retraite à Allex en avril 1936, il note : "Dans la nuit du jeudi au vendredi saints, je m'offre entièrement àDieu, toute hésitation cessante. Je serai prêtre, religieux, missionnaire dans la congrégation du Saint-Esprit". Quelques mois plus tard il entre au noviciat d'Orly, le 8 septembre 1937. Après sa profession religieuse il écrit alors : "Je prononce mon engagement d'une voix assurée et avec une sincérité indubitable: me voilà lié au service de Dieu".

Il poursuivra ses études cléricales à Mortain de 1937 à 1939. Après l'intermède mouvementé des années 1939-1940 -où mobilisé et "volontaire pour combattre au front" il échappera quasi miraculeusement à la déportation en Allemagne comme prisonnier de guerre il se retrouve en septembre 1940 à Chevilly pour ses études théologiques. Il est ordonné prêtre le 4 juin 1944 et fera sa consécration à l'apostolat le 8 juillet 1945.

Un peu déçu, il est d'abord nommé en France, à Langonnet ; mais l'année suivante il partira pour Haïti comme enseignant au collège Saint-Martial où il héritera des sumoms de "Zeus" et de"Boxeur". Il est alors affecté à Pétionville, grande banlieue de Port-au-Prince.

Pour raison de santé il rentrera pour un an en France avant de retourner en Haïti au "Centre de rééducation de Carrefour". "C'est une catastrophe pour moi", écrit-il, "et je ne parviens pas à réaliser l'étendue de mon malheur. Tout s'effondre de mes projets, de mes rêves, de mes affections et j'ai l'impression d'un immense vide autour de moi". Une année après, il retourne à "St-Martial" et œuvre de nouveau à Pétionville et Duval, et c'est là que le surprendra l'expulsion de tous les spiritains d'Haïti au cours de l'été 1969.

Il partira pour l'lie Maurice en 1970-1971, fera une année de recyclage en France pour partir aux Bahamas auprès des "boot-poeples". En 1979 il rejoint la Guadeloupe où sa connaissance de l'anglais est bien utile. Mais sa santé, après 33 années de vie missionnaire est vraiment délabrée, et il lui faut revenir en Europe. Il réside à Chevilly où il va se dépenser auprès des "Migrants de la Région parisienne durant six années. Une de ses plus grandes joies, durant ces années, sera de retourner en pèlerinage à Maurice lors de la Béatification du Père Laval.

Il entre en clinique au lendemain de Noël 1986... Et au moment où l'église commençait la célébration de l'octave de la Résurrection en cette année du Seigneur 1988, une de ses dernières paroles aura été de murmurer : "C'est merveilleux Il est décédé à Chevilly, le 9 avril 1988, à l'âge de 70 ans.
Jean Ferron

Page précédente