Le Frère Emile Cady
1830-1880.


né le 01/07/1830 à St Paul (974) Diocèse de St Denis (Réunion) ; 1 vœux à la Rivière des pluies, le 08/09/1851 ; vœux perpétuels à la Providence, le 19/03/1860 ; décédé à Gorée (Sénégal), le 19/02/1880, âge de 50 ans après 28 ans de profession .

(Notice du Bulletin général de 1880)
« A la fin de la Règle des Frères, qui va prochainement être envoyée aux communautés, on pourra lire une lettre de notre Vénéré Père du 18 mars 1851, adressée aux frères profès et novices de l'île de la Réunion, où il dit : « J'ai appris avec beaucoup de consolation que le petit arbre de la Congrégation a produit une petite branche à Bourbon, et que cette petite branche est bonne et donne l'espoir de produire des fruits de salut et de sanctification . »

« Or, parmi ceux qui formaient cette petite branche, dont parle avec tant de satisfaction notre Vénéré Père, l'un des premiers était le frère Emile-Marie Cady dont nous avons à regretter la mort récente à Gorée . Voici, en effet, ce que nous lisons dans les Annales de la Mission de Bourbon, écrites, il y a plusieurs années déjà, par le Père Le Vavasseur :

« A l'époque de l'affranchissement, il y avait chez M. de Villèle, un jeune noir, nommé Emile, qui était au service de Mme Léon de Villèle, nièce de sœur Marie-Madeleine de la Croix, et qui avec celle-ci et Melle Marie-Anne avaient commencé dans le monde la première petite communauté des Filles de Marie . Ce jeune noir, excité par les paroles et les exemples de sa maîtresse, s'était donné fortement à Dieu . Il éprouvait de grandes douceurs spirituelles, et se confessait à moi quand il en avait l'occasion . La grâce le portant à la vie religieuse, nos confrères de Bourbon crurent qu'il fallait l'aider à suivre le désir qu'il avait de se faire frère .

« Dans le même temps, le jeune indien Nassy -c'est le frère François Nassy, mort il y a deux ans à Bagamoyo - voulait aussi se donner à la congrégation . Cet Indien, depuis son baptême, était resté dans une admirable innocence . Quand fut terminé son temps d'engagement avec M. Boyer de la Giroday, au service duquel il se trouvait, lorsque les pères Collin et Blanpin le virent pour la première fois, il s’engagea chez moi, pour aider le frère Olivier et le bonhomme Elie, vieux noir, qui nous servait de cuisinier . Nassy avait 5 ou 600 francs de gages quand il songea à se faire frère . Dieu lui faisait de grandes grâces .

« Le R.P. Collin voyant donc les bonnes dispositions du jeune Emile Cady et de Nassy, essaya un commencement de noviciat . Les deux novices, avec le frère Vincent, qui était comme leur maître de novices, s'occupaient du soin matériel de la mission et des enfants de la Rivière-des-Pluies . Dieu bénissait singulièrement ce commencement de noviciat. » (Annales de la Mission de Bourbon, 2.. cahier, p.383)

Ce que raconte ici le R.P. Le Vavasseur, se passait au commencement de l'année 1848 . Le bon F. Emile, né à Saint-Paul en 1830, avait alors 18 ans . Persévérant avec courage dans sa sainte vocation, il eut le bonheur de faire sa profession à la Rivière-des-Pluies, le 8 septembre 1851 ; et depuis ce temps jusqu'à sa mort, il a toujours été, au témoignage de tous ceux qui l'ont connu, et un excellent frère et un bon religieux . Il fut successivement employé, selon que les circonstances le demandaient, dans nos différentes communautés de la Réunion et de l'île Maurice . Mais un des postes où il a été le plus longtemps à Bourbon, et qu'il affectionnait d'une manière particulière, c'était celui de la léproserie de Saint-Bernard, où il était --avec le P. Horner . Il aimait à soigner les pauvres lépreux, et montrait, dans ce service si rebutant pour la nature, un vrai dévouement . Il s'occupait en même temps avec zèle du soin de la sacristie . Plus tard, quand la congrégation reçut la direction de l'établissement de la Providence, le F. Emile fut placé au Pénitencier et chargé d'une section d'enfants . Comme il était très entendu dans les travaux du jardinage et de la basse-cour, à la Réunion comme au Gabon, où il ira plus tard, c'était toujours l'emploi qui lui revenait de droit, et il s'en acquittait avec activité .

En tout, il était plein de docilité à l'égard de ses supérieurs . Il n'avait jamais non plus la moindre difficulté avec ses confrères ; son bon naturel et son aménité lui conciliaient les sympathies de tous . Aussi, lorsqu'il sollicita la faveur de prononcer ses vœux perpétuels, fut-on heureux de la lui accorder . Il les émit à la communauté de la Providence, le jour de la fête de Saint Joseph, le 19 mars 1860 .

Appelé en France en 1868, après 15 années de vie religieuse à Bourbon, il fut ensuite envoyé au Gabon, où il est resté jusqu'en décembre dernier (1879) . Comme il souffrait depuis quelque temps d'une hépatite, les médecins jugèrent prudents de l'envoyer en Europe . Le 6 décembre, il quitta donc sa chère mission de Sainte-Marie de Libreville, à bord du Loiret . A Dakar, il devait attendre la bonne saison pour rentrer en France . Mgr Le Berre espérait qu'il pourrait se remettre suffisamment pour revenir plus tard au Gabon . « Le départ du bon F. Emile, écrivait Mon- seigneur au T.R. Père, laisse dans la communauté un vide qu'on ne comblera pas facilement . Ce bon Frère a toujours été animé d'un excellent esprit religieux ; il accomplissait ses humbles, mais importantes fonctions, avec un zèle et un dévouement à toute épreuve . Espérons que Dieu va le guérir et qu'il nous le renverra bientôt » (Lettre du 6 déc. 1879)

Mais tels n'étaient pas les desseins de la Providence . Le bon serviteur avait mérité sa récompense, et il n'allait plus tarder à l'obtenir . Arrivé au Sénégal dans les premiers jours de janvier, on l'envoya à l'hôpital de Gorée ; en le voyant les médecins déclarèrent qu'il n'avait plus que peu de temps à vivre . Ce n'est cependant que le 19 février qu'il a rendu sa belle âme à Dieu . Il a eu à endurer de bien vives souffrances ; il les a supportées avec une résignation et un courage admirables.

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