Frère CÉLESTIN, Martin CANSOT,
1840-1922.


Le Frère Célestin Cansot eut deux frères dans la Congrégation, tous les deux plus jeunes que lui : l'un, le Frère Calixte, le précéda de quinze mois au postulat de N.D. de Langonnet, l'autre, le Frère Nicodème, y vint sept ans plus tard. Tous les deux sont morts avant lui : le Frère Calixte en 1904 à 60 ans, le Frère Nicodème à 66 ans, en 1915. Leur aîné les suit dans la tombe à 81 ans. Ils avaient deux sœurs religieuses, l'une au couvent du Sacré-Cccur à St-Brieuc, l'autre dans la Congrégation des Sœurs de St-Joseph de Cluny.

Né à St-Gilles-Pligeaux (Côtes-du-Nord) le 4 août 1840, le Frère Célestin prononça ses premiers vœux à Langonnet le 28 septembre 1862. Comme il tombait sous le coup de la conscription, il obtint d'être immatriculé au 2e régiment d'infanterie de Marine et "placé en position de congé de six mois, susceptible d'être renouvelé d'office par l'autorité militaire compétente."Cette situation lui permit d'être envoyé à l'île de la Réunion. Pendant six mois il y fut employé comme surveillant des enfants du pénitencier de la Providence, puis en 1863, quand les Pères Horner et Baur furent prêts à partir à Zanzibar, il leur fut adjoint. C'était d'ailleurs à cette nouvelle mission qu'il était destiné. Il y resta deux ans, tout à la fois magasinier, caviste, jardinier, surveillant des enfants et directeur des travaux. Puis il tomba malade et il fallut le ramener à la Réunion, où il devint jardinier du pénitencier et, en 1867, surveillant de la Léproserie de St-Bemard. Au bout de huit ans, un mal dont il fut atteint au bras droit le força à rentrer en France. C'était au commencement de 1876. Quand il fut guéri il reçut son obédience pour le Sénégal, mais la fièvre et des maux d'yeux ne lui permirent pas d'y demeurer.

En 1877, il était de nouveau à Paris; puis il passa à N.D. de Langonnet, y remplit pendant deux ans la charge de chef de propreté au collège, et en 1880 fut placé à St-Michel. Jusqu'à la dispersion en 1904, il rendit tous les services dont il était capable. Chef de propreté avant tout, il était maçon à ses heures, comme son frère le Frère Calixte ; sa connaissance de la langue bretonne permettait de l'employer à vendre des pommes de terre, à acheter des pommes à cidre. Il avait la surintendance du pressoir et étendait son autorité sur la cave.C'est lui, on le pense bien, qui nous a conservé ses menus détails de ses occupations. Il s'y plaisait, et volontiers, malgré ses 63 ans passés, il les auraient continuées, quand il fut réduit à descendre à N.D. de Langonnet et à y attendre la mort.Le Frère, Célestin avait la vue très basse, et cette infirmité lui a causé plus d'un désagrément. A Zanzibar, par exemple, un jour que, nu-pieds dans le sorgho emmagasiné dans le grenier, il le remuait pour l'aérer et en empêcher la fermentation, il remarqua que quelque chose remuait sous le grain, à ses pieds. "Ah! fit-il, encore une souris !" Et s'armant de la pelle qu'il tenait en main : "Attrape, vilaine bête" s'écriat-il. Hélas ! la vilaine bête, c'était son orteil, qu'il venait d'écraser. C'est en souriant de cette aventure, que nous terminerons la belle histoire des trois frères Cansot, si courageux et tellement sympathiques.

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