Père Maurice CASTELAIN
Décédé à Chevilly le 18 février 2002, à l'âge de 69 ans.
Né : 16/07/32, Tourcoing (59). Profès : 08/09/55, Cellule. Prêtre : 1/10/61, Chevilly.

AFFECTATIONS :
SENEGAL : Mont Roland (62-70) ; Fandène (70-71) ; Thièse (72-73).
FRANCE : Recyclage (73-74).
SENEGAL : Tambacounda (74-82).
FRANCE : Bordeaux (82-85).
SENEGAL : Pikine (85-2001).
FRANCE : CHEVILLY (2001-2002).


Les pas de Maurice se sont croisés à plusieurs reprises avec les miens. D'abord à Chevilly en 1960. Un souvenir de cette époque : l'enthousiasme de Maurice lors de ses retours de séances de catéchisme ou des célébrations eucharistiques dans les paroisses lorsqu'il fut ordonné prêtre. Maurice aimait partager ses joies et ses préoccupations missionnaires : il les partageait avec certains de ses confrères qui avaient sa confiance, mais aussi avec sa famille, son père particulièrement auquel il était très attaché et à qui il écrivait fréquemment. D'un tempérament sensible et affectueux, Maurice était très attaché à sa région natale, le Nord, à Tourcoing où il aimait revenir passer ses congés, à notre communauté de Lille ; grâce à lui, sa famille est restée également proche de cette communauté et de la famille spiritaine.

En 1962, Maurice arrive au Sénégal où il passa pratiquement toute sa vie missionnaire. D'abord à la mission de Mont Roland, à l'ombre d'un missionnaire spiritain, à la personnalité assez marquée, le P. Albert Pouget. Maurice s'est mis de tout cœur à la pastorale et à l'apprentissage de la langue wolof qu'il aimait parler. Sa dernière lettre circulaire de Noël 2001 contenait des citations en wolof dont celle-ci prémonitoire : "Etre en vie l'année prochaine vaut mieux que d'avoir beaucoup de mil". Après Mont Roland et Thiès, ce fut la mission de Fandène. En 1974, Maurice part à Tambacounda et s'occupe des chrétiens qui se sont déplacés depuis Thiès pour trouver des terres nouvelles à cultiver. Mission très difficile physiquement et moralement, auprès de populations déplacées et démunies ; Maurice y a laissé en grande partie sa santé.

Il rentre en France en 1982 pour se soigner ; nommé dans notre communauté de Bordeaux, Maurice s'occupait de l'aumônerie des Antillais et Réunionnais et rendait service dans les paroisses. Chaque année, il m'envoyait sa lettre circulaire de Noël dont la dernière, il y a quelques semaines. Une lettre qui n'était jamais banale : sa réflexion sur le mystère de Noël accompagnait le récit de ses activités apostoliques et aussi de ses soucis et, dans les dernières, ses ennuis de santé.

Maurice rêvait de repartir au Sénégal. Il est nommé en 1985 à Pikine, dans la banlieue de Dakar, Dans cette paroisse immense Maurice était précieux par sa connaissance du wolof, langue à peu près comprise de tout le monde. Mais à nouveau la maladie l'a rattrapé; retour en France pour des opérations; nouveau séjour au Sénégal ; retour définitif en France en 2001. Maurice se savait gravement malade. Il avait un dernier souhait : faire un voyage d'adieu au Sénégal, revoir ses paroissiens de Pikine. Ce rêve s'évanouit peu à peu. A chacune de nos rencontres, je mesurais l'évolution psychologique et spirituelle de Maurice : d'un sentiment de révolte, bien compréhensible, Maurice est passé à la résignation et finalement à l'acceptation sereine de ne pas faire ce voyage d'adieu, mais de faire un autre voyage, celui de passer sur l'autre rive de la vie. C'est le lundi 18 février que le Seigneur est venu le rencontrer et lui a dit : "Passons sur l'autre rive".
D'après la présentation du P. Pierre HAAS