Gabriel est né le 17 novembre 23 à Nozeroy où il m'emmena un jour sur des tombes de sa famille : son père, Louis (+38) et sa mère Geneviève (+84) donnent naissance à 5 enfants. Gabriel est le 4ème de la fratrie.
Il fait ses études primaires à l'école Pasteur de Dole. Puis il entre au petit séminaire des Pères du Sacré Cœur de St Quentin situé à Viry-Chatillon. Il a probablement continué chez les Pères du Sacré Cœur: où? et combien de temps? Pas de réponse à ces questions. Gabriel n'en parlait pas.
Il poursuit alors au séminaire de philosophie du diocèse de Besançon à Faverney; puis au grand séminaire de Besançon où il est tonsuré; son interruption d'alors est là aussi un point mystérieux
Il passe ensuite 6 mois en famille à Malbuisson où il est repéré par le Père Gaulard, recruteur spiritain de Bletterans: on lui confie le service de surveillant et une charge de professeur à Bletterans. Il enseigne les sciences naturelles, les mathématiques et la géographie.
Âgé de 30 ans, il est accueilli au Noviciat à Cellule le 1er septembre 54 et fera sa profession le 8 septembre 55 avec 37 autres novices et entre en 1ère année de théologie à Chevilly. Il commence sa seconde année de théologie mais le 7 avril 57, il est transféré au Triennat des Frères. Il renouvelle ses vœux temporaires le 8 septembre 58 à Piré et prend le nom de frère Acheul.
Suivent les années où Gabriel est appelé à servir dans plusieurs de nos Maisons en France et durant 5 ans au Sénégal. Au total 40 ans de secrétariat surtout, avant de venir à Chevilly en 97.
Je rapporte maintenant quelques traits ou anecdotes que j'ai conservées de Gaby. Il m'accorda grande confiance et de rares confidences : je l'en remercie. Ces traits ou anecdotes ont été confiées lors du voyage que nous faisions ensemble au moment des vacances d'été vers le Jura.
Aussitôt le départ de Chevilly dans la 205 Peugeot, Gaby me demandait: "Si on disait le chapelet?" et souvent je lui répondais: "Laisse-nous sortir de la région parisienne !" et plus tard, dans la campagne, je m'exécutais: nous disions le chapelet.
Au milieu d'un de ces voyages, une question de Gaby: "Est-ce que tu accepterais de me mener à Nozeroy ?"- "Pas de problème!" pour cet écart de la route directe. Et nous nous sommes recueillis sur des tombes familiales. Puis il me fit ensuite visiter les beautés de sa ville natale et berceau de la famille (qui effectivement vaut le détour).
La plupart du temps, lors de son séjour chez sa sœur Marie Thérèse où je l'avais déposé, il s'efforçait de venir au pèlerinage de St Sorlin le premier dimanche d'août; et il m'y retrouvait. La dernière fois qu'il y est venu, c'est aussi la dernière fois que je l'ai emmené chez sa sœur aînée
. Dernier trait, mais sur place ici à Chevilly. Il y a une dizaine d'années, je crois que c'était après la fête de ses 80 ans à Malbuisson, il est venu me voir un matin après le petit déjeuner et il m'a dit: "je voudrais te parler… : crois-tu que je pourrais encore devenir prêtre?" Dans ces mots, il avait mis tout : un immense regret et son retrait douloureux dans un mélange de sentiment d'infériorité et de profonde humilité.
Tout le monde a vu ces derniers temps Gaby faire et refaire son tour de parc quotidien, le chapelet à la main. Quand je le rencontrais, pas de bavardage inutile. J'entamais: "ça va Gaby?"- "Pas bien ! je crois que je vais mourir!"- "As-tu téléphoné à Marie-Thérèse?"- "C'est pas la peine!" Et il continuait route et chapelet, jusqu'à la grotte de Lourdes, là où il est tombé avant d'être accompagné à l'hôpital de Thiais. Après quelques jours de soins, il est revenu parmi nous terminer le pèlerinage de sa vie
Que Marie accompagne son fidèle priant Gabriel Acheul et le garde auprès du Souverain Prêtre!
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