Le Père Pierre CHRISTIAENS
décédé à VILLEJUIF, le 22 avril 1988, à l'âge de 61 ans


Pierre Christiaens était né le 5 août 1927, à Bondues, une de ces nombreuses "villes-satellites" qui, aujourd'hui, forment la grande métropole du Nord de la France, connue sous l'appella­tion de "Communauté urbaine Lille-Roubaix-Tourcoing". Il était né dans une de ces familles, typiques de cette région industrieuse. Famille nombreuse : 5 enfants naîtront au foyer de Julien Christiaens et de Marie Couvreur ; famille chrétienne : 3 garçons s'orienteront vers le "service de l'Eglise" ... Louis, prêtre dans le diocèse de Lille, aujourd'hui décédé, Pierre, spiritain, et Albert, actuellement en mission au Tchad.

Après un court passage dans notre petit scolasticat de Ruitz, dans le Nord, avant la guerre de 1939, Pierre Christîaens poursuivit ses études secondaires successivement, à Allex, au petit séminaire d'Haubourdin, dans le diocèse de Lille, enfin à Saint Ilan où il obtint la première partie du baccalauréat. Les appréciations portées sur lui par ses formateurs sont déjà celles qu'on retrouvera tout au long de sa formation religieuse et missionnaire : vocation sérieuse et solide ; rapports mutuels simples, francs, mais un peu réservé.

Pierre Christiaens fait son noviciat à Cellule durant l'an­née 1946-1947, et il se consacre à Dieu par la profession reli­gieuse, le 6 octobre 1947. Il poursuit sa formation sacerdotale à Mortain de 1947 à 1949, et après son service militaire , à Chevilly, à partir de 1950. A la veille de son sous-diaconat il fait une année de surveillance à Saint Ilan, durant l'année scolaire 1953-1954. Il sera ordonné prêtre le 9 avril 1955 à Chevilly, et y fera sa consécration à l'apostolat le 3 juillet 1955.

Ce séjour à Saint Ilan lui aura permis de déceler ses qualités de pédagogue et lui fournira l'occasion de développer ses talents musicaux. Aussi, Mgr Graffin, vicaire apostolique de Yaoundé, qui cherche des professeurs et des éducateurs pour son petit séminaire d'Akono, obtient-il l'affectation de Pierre dans son vicariat apostolique. Pierre Christiaens enseignera, à Akono, de 1955 à 1959. Il dirigera également une chorale dont la réputation dépassera rapidement les limites du petit séminaire. Son souvenir y restera bien vivace puisque, longtemps après, en 1973, il sera officiellement invité pour la célébration du cinquantenaire de ce haut lieu de l'Eglise camerounaise.

Mais son désir d'être "missionnaire à la base" le pousse à demander son affectation dans le ministère pastoral. Il est donc affecté à Emana, toujours dans l'archidiocèse de Yaoundé, en 1959. Il va y demeurer 10 années, s'occupant des écoles, mais aussi du ministère en brousse. Son départ, en 1969, lui vaut une longue "adresse" des Maîtres de l'école St Martin d'Emana. Y sont loués : son dévouement, son impartialité, son sens de la discipline en face desquels, je cite : "nous n'avons présenté aucune résistance à devenir ses admirateurs passionnés". Est signalé aussi : "son amour de la musique religieuse" ; et il est vrai que Pierre était un passionné de musique. Cela lui sera fort précieux pour l'avenir, lorsqu'il sera confronté à sa terrible maladie.

Sa santé commence, hélas, à susciter des inquiétudes, tant chez lui que chez ses supérieurs. Aussi, pour le ménager, après un temps de repos à Grasse, est-il affecté à la mission-mère de l'Archidiocèse, à Mvolyé, dans la banlieue de Yaoundé. Il va y travailler de 1969 à 1972. A nouveau il doit ménager ses forces. Il exercera son ministère dans la Haute-Sanga, en 1972 et 1973 à Nanga-Eboko et à Minta.
En 1974, il doit rentrer définitivement en France. Il y subit de très nombreux examens, tant à Paris qu'à Lille. Affecté à la communauté spiritaine de Lille, il s'efforce de travailler à l'animation missionnaire, mais de plus en plus lès symptômes de la terrible maladie, qui a fait tant de ravages parmi ceux qui lui sont proches, se confirment. Il est atteint de chorée de Hun­tington. Cette affection atteint les centres nerveux et provoque une dégradation progressive de la motricité. Pierre va assumer cette épreuve avec une grande foi, et aussi avec une pleine connaissance de de qui l'attend. Il va gravir son long chemin de croix, à la rue Lhomond tout d'abord, de 1976 à 1980, puis à Chevilly à partir de septembre 1980. Les conséquences physiques de sa maladie ne cessent de de s'aggraver, il doit être hospitalisé en juin 87 à Villejuif. Lors d'une de mes dernières visites, le jour de Pâques, je l'y ai trouvé, toujours lucide, mais terriblement marqué par de nombreuses chutes, donnant à son visage la figure de l’Ecce Homo. S'étant engagé, à l'âge de 20 ans, à suivre le Christ, pauvre et obéissant, il Lui a été configuré dans sa dimension la plus mystérieuse : celle de l'Homme des douleurs. Merci, Pierre, pour l'exemple que tu nous laisses. Mainte­nant, repose en paix dans le royaume éternel où Dieu, Père, com­ble de sa gloire et de sa joie tous ceux qui ont participé à la Passion de son Fils. J. Ferron

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