Le Père Léon CIMBAULT,
1868-1953


C'est à Bossay, dans l'Indre-et-Loire, que le P. Cimbault vit le jour le 10 avril 1868. Ses parents étaient des "terriens", bien attachés à leur travail, peinant à longueur de jour sur leurs champs. De cette ascendance de robustes cultivateurs, le P. Cimbault héritera son bon sens, son dévouement, sa bonne humeur, un brin d'entêtement aussi, il faut l'avouer ; il héritera encore une foi intense profondément ancrée au fond de son cœur.

Il fit ses études, petit et grand séminaires, au diocèse de Tours, et y fut ordonné prêtre le 12 juin 1892. Après deux ans comme professeur, il demanda et obtint sa sortie du diocèse et entra au noviciat des Pères du Saint-Esprit. (A cette époque, bien des séminaristes frémissaient d'enthousiasme aux récits de quelques missionnaires spiritains, comme le P. Horner, le P. Duparquet, Mgr Augouard ou Mgr Le Roy). Il fit profession en 1895, et s'embarqua aussitôt pour Dakar sur le Taurus, un des premiers vapeurs à relier bravement et de leur mieux la France et la Côte d'Afrique.

La "Vie" du P. Raimbault, la Vie qu'il avait choisie commençait. Il devait rester 58 ans en Afrique et se donner tout entier, avec tout son cœur et toute sa foi à la tâche missionnaire. Durant ces 58 ans, il ne regagna la France que trois fois, en 1900, 1910 et 1923. L'Afrique, à cette époque, était encore toute neuve, ignorante de la trépidante civilisation dont elle fut si avide par la suite. Mais si son charme était envoûtant, elle présentait aussi de rudes difficultés de pénétration.

Le jeune P. Cimbault avait rêvé d'aller au cœur du Continent Noir, il fut servi - son Vicaire apostolique, Mgr Berthet, le destina aussitôt à la mission de Kita au Soudan. Pour s'y rendre, on partait de Dakar par la voie ferrée, toute récente, à Saint-Louis du Sénégal. Il n'y avait bien sûr qu'un train par jour. Aussi partait-on le matin. A midi on s'arrêtait pour se restaurer, et cahin-caha, on arrivait le soir à Saint-Louis dans un grand bruit de ferraille et de sifflet. Après un repos bien mérité, on gagnait Kayes en huit jours de navigation sur le Sénégal. Pour vous remettre de la réverbération du fleuve, on reprenait encore le rail, dans un "Decauville", de Kayes à Bafoulabé. Enfin de Bafoulabé à Kita, il n'y avait plus que huit jours de cheval et on était rendu... C'était simple, comme on voit, et même facile, à condition de n'être pas trop pressé.

Kita était une chrétienté commençante, et le P. Cimbault fit ce que font tous les missionnaires : prise de contact avec les populations, constructions, plantations. Il s'y donna de tout cœur, heureux de se trouver au pays de ses rêves et de gagner des âmes au Christ. Mais il n'eut pas le temps de voir beaucoup les résultats de son travail, puisqu'en 1901, six ans après son arrivée, toute cette partie orientale du Vicariat de Sénégambie était détachée et cédée aux Pères Blancs, les Spiritains ne gardant que le Sénégal proprement dit.

De 1901 à 1906, nous trouvons le P. Cimbault à Ngasobil, qui était alors la perle des missions du Sénégal. De Ngasobil, il est nommé en Casamance, au sud de la Gambie, et sans doute dut-il gagner son poste nouveau sur le "St-Joseph", cotre de l'évêque, qui reliait à cette époque les missions de la Côte, et qui, en mars 1908, devait disparaître tragiquement corps et biens avec Mgr Kunemann. D'abord responsable de la mission de Carabane, il fut nommé ensuite comme vicaire à Saint-Louis, première capitale du Sénégal, où le curé était entouré de trois ou quatre vicaires triés sur le volet.

Ce ministère de Saint-Louis prit fin en 1917, quand le P. Cimbault fut appelé à Dakar pour la procure du Vicariat de Sénégambie. Ce n'était pas une petite chose. Le P. Cimbault réussit ce tour de force. Ajoutez à cela qu'il était en même temps procureur du Soudan, car les Pères Blancs n'avaient pas encore de procure à Dakar. Il veillait aussi aux intérêts de la Casamance, qui est bien obligée de passer par Dakar pour beaucoup de choses. Dans ses fonctions il était d'une serviabilité extraordinaire. C'est probablement son aménité qui le fit choisir comme Vicaire Capitulaire à la mort tragique de Mgr Jalabert en 1920. Mgr Le Hunsec qui lui succéda reprit le P. Cimbault comme procureur. Malgré tous ses soucis, il se reposait du samedi midi au lundi matin en devenant curé de Gorée.

Quand il mourut le 23 août 1953, la foule qui l'accompagna à Dakar au cimetière de Bel-Air marqua suffisamment que tous les chrétiens le tenaient pour un saint prêtre. Le cher Père, de son air bonhomme, du haut du ciel, dut se demander ce que tout ce triomphe signifiait, appliqué à sa personne qu'il jugeait si petite... (Résumé de la notice du P. Christian Berthault)

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