Le Père Pierre COMPES,
1869-1944


Le P. Pierre Compès, né le 24 août 1869 à Loctudy, est décédé à Langonnet le 25 mai 1944, à l'âge de 75 ans. Nous reproduisons pour lui la notice biographique que lui a consacrée la Semaine religieuse de St-Brieuc, le 1- septembre 1944.

Le Père Compès. - Bien que finistérien d'origine, le Père Compès était briochin depuis si longtemps que le diocèse de Saint-Brieuc le pleure comme l'un de ses prêtres.

Entré, après son service militaire, chez les Pères du Saint-Esprit, le P. Compès fit ses études ecclésiastiques à Rome, à l'Université Grégorienne, et y conquit brillamment les grades de docteur en philosophie et en théologie.

Peu après, en 1897, il devenait répétiteur au Séminaire français de Rome, fonction qu'il remplit jusqu'à la guerre de 1914, avec un dévouement inlassable. Il n'était pas l'homme qui étonne et enthousiasme les élèves par la limpidité et la facilité de ses phrases, mais sa précision doctrinale, sa technique de la préparation aux examens, la connaissance qu'il avait de toutes les petites ruses et finasseries des examinateurs accrédités auprès de l'Université, donnaient à ses leçons une saveur et une valeur pratique incomparables. Tout élève sérieux, qui voulait écouter avec attention ses explications toujours si nettes et si pertinentes, pouvait, sans inquiétude, affronter le jury universitaire.

En 1914, le P. Compès revint en France pour la mobilisation générale, et, la guerre terminée, devint le supérieur de l'école des apprentis ouvriers à St Michel de Langonnet, dans le Morbihan. Il y demeura quatre ans, puis fut nommé à l'école de St-llan, près de Langueux (Côtes-du-Nord), où il cumula, avec la charge de supérieur, celle de professeur de latin.

Ses élèves n'oublieront pas de si tôt ni les doctes enseignements de ce maître qui n'ignorait rien des secrets de la langue de César et de Cicéron, ni la délicatesse et la bonté de ce supérieur, si compréhensif et si bienveillant, qui savait si bien être chef, sans jamais cesser d'être père. Ses méditations et ses conférences spirituelles aux jeunes gens des "Vocations tardives" étaient pour eux un régal de premier choix, où le pittoresque et l'inattendu se mariaient souvent aux aperçus les plus savants sur la vie surnaturelle. Le saint religieux revenait à plaisir sur les éléments de notre vie divine : la grâce, les vertus et les dons de l'Esprit, qui formaient aussi le thème habituel des retraites qu'il prêcha, avec tant de bonheur, aux communautés religieuses.

Homme de vie intérieure et religieux modèle, le Père Compes était également homme de société de très bon aloi, aimant la compagnie des confrères, et assaisonnant volontiers la conversation d'histoires authentiques, empruntées, pour la plupart, à sa vie romaine et à ses relations avec les curés des campagnes de la Sabine et autres lieux. Quelques-unes plus particulièrement savoureuses, sont restées dans toutes les mémoires, tant le bon Père, par charité, aimait à les redire à chaque occasion favorable.

Sans effort il reprenait de même ses études d'antan, et le Supérieur du Séminaire de St-Brieuc sait avec quel soin minutieux son censeur lisait les manuscrits du fameux "Manuel de théologie dogmatique en 4 volumes", avant de lui concéder le "nihil obstat" exige pour obtenir l'imprimatur de l'Évêque diocésain.

Peu avant la guerre de 1939, ses forces commençant à décliner, le Père Compès dut résilier ses fonctions de supérieur, sans quitter sa bonne maison de St-Ilan, où Mgr le Hunes, Supérieur général des, Pères du Saint-Esprit, en reconnaissance des services rendus à la Congrégation, lui proposa de vivre ses dernières années.

Pourtant, quelques mois avant sa mort, afin de lui ménager une retraite plus paisible, St-Ilan étant toujours occupé par les troupes allemandes, on lui offrit une chambre à l'Abbaye de Langonnet. C'est là que le bon Père s'est éteint, au cours de l'hiver, sans secousse et, pour ainsi dire, sans maladie, entrant dans la maison du Père de famille, comme le voyageur, qui, ayant achevé sa course, rentre chez lui, pour y goûter le repos qu'il a si bien mérité. Beati qui in Domino moriuntur.
Chanoine Hervé de St Brieuc

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