Le P. Célestin DÉCREMPS,
1859-1936.


Célestin Décremps est né à Cahors, le 22 novembre 1859. Il fit ses études primaires à la maîtrise de la cathédrale et fut ensuite engagé en ville comme clerc d'avoué, au tarif de 30 à 35 francs par mois. Après ses études secondaires à Cellule, il vint à Chevilly faire sa philosophie et commencer sa théologie. Mais sa santé, à cette époque, donna des inquiétudes assez sérieuses, puisque, plus de cinquante années plus tard, il écrira : "Ma vie s'est prolongée au-delà de mes espérances et en dépit de la Faculté, car, lorsque je faisais la philosophie àChevilly, le brave docteur Reulos a prononcé gravement que je ne passerais pas l'hiver... Alors je me suis tourné vers Dieu et, par l'intercession de la Très Sainte Vierge, je lui ai demandé de me laisser vivre au moins jusqu'à trente ans. Le bon Dieu a largement exaucé ma prière."

Cette santé précaire fut la raison de son envoi au Portugal, dans un climat meilleur ; il y continua ses études théologiques, tout en assurant la surveillance au collège, alors si florissant de Braga. Célestin Décremps rentra à Chevilly pour son ordination en 1885 et son noviciat l'année suivante. Aussitôt après, il reprit le chemin du pays qui était devenu pour lui une patrie d'adoption, où il devait passer une grande partie de sa vie, et où il devait mourir.

Au moment où le jeune P. Décremps revenait au Portugal, on ouvrait, àPorto, le collège Sainte-Marie. Il fut désigné pour la nouvelle fondation et il resta là vingt-quatre ans. En 1902, il publia pour ses élèves un Cours de thèmes français. C'était un recueil intéressant, instructif et moralisateur, qui fut adopté par le petit séminaire de Porto et par les collèges ecclésiastiques du diocèse. Il en parlait dans une lettre au supérieur général "Au point de vue matériel, ce ne sera pas une mauvaise affaire pour notre communauté, car tous frais compris, d'impression et de reliure, le volume ne nous revient pas à plus d'un franc, et nous le revendons quatre." Heureux temps ! C'était en 1902 ...

La révolution de 1910 ferma le collège et dispersa le personnel de la province du Portugal. Rentré en France, ü se trouva comme exilé dans sa propre patrie, tellement il était accoutumé au Portugal, à la langue portugaise, aux coutumes du pays, aux fêtes, à la vie de ce peuple. Il navigua alors par diverses régions de France : professeur à Saint-Pé de Bigorre dans les Pyrénées, à Cellule en Auvergne, à Saint-Ilan en Bretagne, aumônier du sanatorium à Bligny dans la région parisienne.

Il était aumônier à Brachay en Haute-Marne, quand il reçut une invitation au mois de mai 1936 pour une grande réunion de tous ceux qui furent élèves des PP.. du Saint-Esprit, à Braga, à Porto et à Porta Delgada. Il hésita à cause de sa santé, mais il ne put résister et commença à rédiger son toast, en excellent portugais, car il le parlait toujours comme à sa sortie du Portugal, sans publier proverbes et dictons familiers... Mais son cœur ne soutint pas les fatigues du voyage. Et le 24 mai, à l'heure où tous les anciens élèves des collèges du Saint-Esprit devaient se trouver réunis àBraga, pour fêter leurs anciens maîtres, ils se trouvaient réunis, à Coimbra, autour du cercueil, ouvert selon la coutume, d'un de leurs maîtres qu'ils pleuraient !

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