Le Frère Félicien DELAGARDE,
1922-1993


Jacques Delagarde est né à Crucey-Villages, par Brezolles, le 18 mars 1922. En marge de la demande pour la prise d'habit de Jacques Delagarde, entré à 19 ans au postulat, on lit: " Âme religieuse par tendance. Se donne pleinement. Maturité supérieure à la moyenne, bien que de caractère très jeune et très gai. " Il prononce ses premiers vœux le 9 septembre 1942.

En 1943, il est requis pour le Service Obligatoire du Travail en Allemagne. Il fait partie de l'équipe de Marcel Callo, béatifié depuis. Pour Frère Félicien, trois mois dans la prison de la Gestapo à Erfurt, pour propagande religieuse en 1944, ce fut dur. Il disait : " Si j'étais mort en Allemagne, je serais bienheureux... " Sa santé fut certainement marquée par ce temps de privations.

A partir de 1946, et pendant 17 ans, il rend d'innombrables services au Sénégal. Chargé de ravitailler les chantiers, il évoquait plus tard des pannes mémorables sur les voies difficiles de l'époque.

Vient ensuite la phase européenne de sa vie religieuse. Il est appelé àParis, puis à Rome, où il est l'homme à tout faire, mais surtout chauffeur de Mgr Lefebvre, puis du Père Lécuyer devenu Supérieur général.

Libre en 1974, il retourne au Sénégal. Pendant 12 ans, il est l'économe de la maison spiritaine d'accueil de Dakar. Toujours prêt à rendre service, à l'affût plutôt des services à rendre.

Avec l'âge, la fatigue vient. Il disait : "Le cœur est un peu gros, mais encore utilisable". Il est affecté à Saint-Louis. Plus qu'à Dakar, il peut s'y consacrer à la recherche et au soin des lépreux, des handicapés, les aidant à tailler leurs béquilles... Souvent les familles cachent leurs infirmes. Félicien parvient à les découvrir, à les recenser, à leur rendre espoir. A l'heure actuelle, quelque 500 malheureux bénéficient de son action. Celle-ci a été sanctionnée récemment par le Mérite National Français. Solidarité, sans doute, mais surtout esprit de foi : "Je travaille à faire connaître le Christ, en essayant bien humblement de faire transparaître son amour pour les pauvres. Je vois clairement qu'il m'a fallu des années de préparation pour arriver àcet épanouissement. Je fleuris à la fin de mes jours."

Il a dû quitter le Sénégal pour affronter les chirurgiens ; il est parti serein, prêt à se présenter au Seigneur. Lucide, il disait: "Une opération à cœur ouvert... ou à ciel ouvert. Il est décédé à Paris, le 21 août 1993, âgé de 71 ans.
Gérard Vieira

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