Le Père Félix DELATTRE
décédé le 17 juin 1997, à Chevilly, âgé de 86 ans
inhumé à Chevilly le 19 juin


Né : 05.12.10, a Audinghen (62). Profès: 09.10.29, à Orly. Prêtre : 06.10.35, à Chevilly.
AFFECTATIONS - Gabon : Lambaréné (36-38). France. Montana, convalescence (38-39) Allex et Recoubeau, professeur (39-42); Ruitz, ministère (42-43) puis aumônier du travail (42-51) ; Lille, aumônier d'Action catholique, chargé du Centre d'A.C. missionnaire (51-64); Wingles et Douvrin (62), ministère paroissial (64-79); Lille, ministère (79-93). Retraite : Chevilly (93-97).

Audinghen, où naquit Félix Delattre, pousse ses champs fertiles en légères ondulations jusqu'aux falaises de craie du cap Gris-Nez. L'enfant y fréquenta l'école primaire, puis poursuivit ses études à Boulogne et à Amiens, avant d'entrer dans la congrégation. Venu pour être missionnaire, il passa moins de deux ans à Lambaréné. Sa santé, toujours défaillante, le maintint ensuite en France, mais dans son apostolat il ne cessa pas de porter le souci de l'Afrique.

De Montana (qui appartenait à la Province de France en ce temps-là), soigné, mais très affecté (pneumothorax), il passa à Allex et à Recoubeau, maison de vacances pendant l'été, maison de courants d'air toute l'année. Puis on l'envoya en Artois.

Ruitz avait été école apostolique. Avec les PP. Cossé, Gemmerlé, Gayet, Louis Carron.... c'était devenu une base d'action dans le diocèse d'Arras, pour "la formation de jeunes et d'adultes, par la vie et dans la vie", selon les canons très précis de l'action catholique ouvrière de l'époque et dans le sens du cardinal Liénart.

Le P. Delattre s'y donna en plein accord avec ses confrères, adoptant "exactement leurs vues sur la mission de l'Eglise, du sacerdoce et du laïcat, et la préparation à la vie ouvrière". Quand la communauté de Ruitz fut supprimée, en 1951, on pensa le placer dans l’œuvre d'Auteuil. Mais il convainquit les supérieurs de le maintenir dans "cette région du Nord où sa situation de famille, ses connaissances et un ministère de bientôt dix ans devaient lui permettre d'intéresser beaucoup de monde, prêtres et laïcs, à la cause des Missions". 1

A Lille, il s’occupe avec prédilection de la formation des missionnaires à l'action catholique, attentif à éviter qu'elle ne se réduise à « l’exportation d'une A.C. européenne », veillant à ce que plutôt "les missionnaires et les chrétiens indigènes inventent une A.C. africaine". Sessions dans ce sens à Lille ou à Genève (et les noms de Mgr Glorieux et de l'abbé Noddings doivent être rappelés), mais aussi congrès en Afrique, par exemple à Douala ou à Lomé, où des rassemblements de jeunes militants "prouvent indiscutablement ce que peut donner la méthode de formation, humaine et chrétienne à la fois, préconisée par la J.O.C. et l'A.C. en général".

Une nouvelle étape s'ouvre en 1964, car le P. Delattre assurera une ministère paroissial dans la région minière (Wingles et Douvrin). Puis en 1979, déjà âgé, il rentra en communauté à Lille, désireux de consacrer ses forces et son expérience du clergé local à un ministère utile sans être trop astreignant.

Homme réservé, cultivé, très au fait de l'histoire de sa région et de ses vicissitudes, homme de prière avec un sens pastoral aigu : il accompagnait encore une équipe de foyers chrétiens à Villeneuve d'Ascq et assurait toutes les semaines une permanence pour les confessions à la paroisse St-Maurice de Lille.

Il a ainsi passé quelque cinquante ans dans l’Artois ou les Flandres : on comprend que la nostalgie l'ait tenu (et retenu) quand il lui fallut se retirer à Chevilly. Pour y achever, paisiblement grâce à Dieu, une longue vie.

D'après sa correspondance et le témoignage de Robert GEVAUDAN

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