Le Père Philippe DÉLÈGUE,
1914-1988


C'est le 23 août 1914 que Philippe Delègue est né à Boulogne sur-Mer, au sein d'une famille de neuf enfants. Ce foyer profondément uni et chrétien a permis à sa vocation religieuse et missionnaire de mûrir et de se fortifier. Un de ses "grands oncles", Mgr Daveluy, grand ami du Père Libermann, a été martyrisé en Corée et béatifié par le Pape Jean-Paul H, lors de son voyage pour le centenaire de cette Église.

Philippe entre au noviciat d'Orly en septembre 1933. Son Père Maître signale une riche personnalité et un tempérament très généreux. Déjà, notre confrère connaît des problèmes de santé qu'il supportera avec courage et constance. Il fait sa profession religieuse le 29 septembre 1934.

En 1939, il est mobilisé et grièvement blessé en mai 1940, ce qui lui vaudra plus tard l'attribution de la Croix de Guerre, avec une citation élogieuse. Rapatrié comme "grand blessé", il reprend ses études à Cellule, où il est ordonné le 4 juillet 1943. Et le 18 juin de l'année suivante, il fait sa consécration à l'apostolat et reçoit comme affectation le Gabon

Arrivé dans ce pays, il s'initie à la vie de brousse dans la Mission de Port Gentil. Fin 1949, il doit revenir en France pour se refaire une santé bien délabrée. L'inactivité n'étant pas son fort, il se lance dans l'animation missionnaire ; c'est ainsi que pendant deux ans, il sillonne la Vendée et les régions proches. Non seulement il présente la Mission, mais encore il a à cœur de détecter et d'aider des vocations missionnaires.

En 1951, nouveau départ pour le Gabon. Affecté à Libreville, il est choisi, en 1953, pour diriger la toute jeune mission Notre-Dame de-la-Salette de Koulamoutou ; c'est là qu'il va donner toute sa mesure pendant 17 ans, et les chrétiens lui donneront le surnom de "Tata mavenga" (celui qui ne tient pas en place).

Malheureusement sa santé s'aggrave et l'oblige a revenir en France définitivement ; on devine le grand déchirement qui fut le sien. Nommé supérieur de la communauté de Bordeaux, il va s'y dépenser généreusement pendant neuf ans, orientant tout particulièrement son ministère vers les Réunionnais et les Mauriciens.

En 1982, il est contraint de prendre une semi-retraite à Chevilly. Mais il ne reste pas inactif pour autant : il organise aussitôt sa vie en fonction de la "Mission", se mettant à la disposition de la communauté réunionnaise de Paris. Il est aussi pleinement disponible pour tous les services possibles ; on ne fait jamais appel à lui en vain.

Il s'oublie totalement, comme il l'a fait toute sa vie. En mai 1987, cédant aux invitations pressantes de ceux qui le suivent médicalement depuis longtemps, on ne peut que constater la gravité du mal qu'il porte en lui.

C'est dans la paix et dans la foi qu'il répondra au dernier appel du Seigneur qu'il a tant aimé et servi toute sa vie : la rencontre définitive a eu lieu au matin du 7 septembre 1988. Il avait 74 ans. Jean FERRON

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