Le Père Adam DENU
décédé à Strasbourg, le 19 juin 1990, à l'âge de 82 ans


Né le 09/10/07, Uberach; profès : 29/10/30, Neufgrange; prêtre: 04/10/31, Chevilly. - Professeur : Neufgrange (37-41); St-Ilan (42-55). Enseignement, ministère: Guadeloupe (55-70). Curé: Dimbsthal 1970-82). Retraite: Obernai (82-90).

Le Père Adam Denu n'était déjà plus un enfant lorsqu'il est entré en Sixième à Saverne (1921). Il a laissé de ses années de formation le souvenir d'un élève doué, aussi bien dans les matières classiques qu'en musique, dessin ou sport. Trop d'application en Philosophie à Allex (28-29) a ruiné ses capacités de concentration intellectuelle. Bien qu'il eût une prédilection pour l'Histoire, il objecta un moment, devant un emploi à plein temps dans l'enseignement, alors qu'il avait un très rude ministère dans un doyenné déchristianisé de la Brie (1942). En réalité, il resta 13 ans à St-Ilan, loin de l'Alsace, de sa jovialité, de la langue maternelle... Mais il fut un bon professeur, un bon directeur d'âmes. On se souvient des cartes murales, qu'il dessinait lui-même sur du papier fort, pour illustrer un fait géographique ou un événement historique. La rose de la cathédrale de Strasbourg se projeta même un jour de Fête-Dieu dans une allée, aux rayons de l'ostensoir.

Il est resté 15 ans en Guadeloupe, dans une variété d'affectations qui peut faire penser qu'il n'a pas été tout à fait à l'aise, en cette période fort troublée (55-70). L'historien chez lui répugnait aux changements non contrôlables. Rentré en Europe déjà âgé, se sentant encore capable de travailler, mais sans emploi dans des communautés vieillissantes ou "évoluées", il sollicita une paroisse en Alsace. Il en reçut deux : Dimbsthal et Birkenwald, dans les arrières de Marmoutier. Il en fut le pasteur pieux, sensible, mainteneur. Mais son écriture de cette époque le révèle très affaibli.

On a jugé le P. Denu, parfois avec dureté : acerbe, ami de ses aises, passionné de voyages... A le lire, on voit plutôt un homme franc, direct dans l'expression de ses désirs et soumis à l'avance à la volonté de supérieurs que nous avons connus bons, mais sans faiblesses... Contraint de surveiller ses efforts pour ne pas compromettre une année scolaire (le professeur n'a que les vacances pour être malade ... ), il a pu paraître se préoccuper de lui-même, - ou égratigner le prochain trop florissant. Mais, il fut sans doute mystérieux, intérieur et méconnu.
R. Pochet

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