Le Père Alexis DERRIEN

décédé le 23 avril 1996, à Quimperlé (56), âgé de 87 ans
inhumé à Langonnet, le 25 avril. Né: 28.09.08, à Meslan. Profès: 08.09.29, Prêtre: 08.10.35, Affectations : Cameroun : Kribi 36-39 ; Bengbis 40-49 ; Douala 50-55 ; Dizangué 5657 ; Douala 57-75 et 75-88 ; retraite à Langonnet 88-96.

A l'école de Meslan, les parents d'Alexis Derrien avaient maille à partir avec leur fils qui fuguait. Langonnet n'était pas loin. Pour dresser l'enfant on le plaça comme pensionnaire à l'Abbaye. "Miracle : du jour oû j'ai mis les pieds dans cette maison, il n'y a plus eu aucun problème, à croire que le bon Dieu m'y avait donné rendez-vous ! " Le missionnaire a passé toute sa vie active au Cameroun : cinquante-deux ans ! Il a rédigé lui-même de sa jolie écriture, des "souvenirs" où il faut se résigner à butiner, faute de place.

En 1936, à Kribi, il s'initie : la langue, les activités propres à une mission centrale et aux tournées de brousse, les arcanes de la construction "en dur", car l'expansion de la chrétienté crée partout des chantiers.

Après l'intermède de la guerre, vécu sur place, à Edéa, on l'affecte à Bengbis, gros centre agricole en pleine forêt. Là, pendant neuf ans, presque toujours seul, il s'applique à construire écoles, presbytère, dépendances, chapelles annexes, église centrale. "De cette mission dépendirent peu à peu une soixantaine de postes de brousse qu'il fallait visiter, en général à pied. C'était une population simple, attachante. Après 40 ans, j'y pense encore avec nostalgie". En 1950, pendant son premier (!) congé, il apprend, non sans objecter, sa nomination de curé à la cathédrale. N'ayant pu se dérober il n'aura de cesse qu'il ne soit libéré. Dizangué est une mission de brousse, bonheur !, d'où il est arraché au bout d'un an, hélas !, par le premier évêque camerounais, Mgr Mongo, qui fait de lui le responsable de toutes les affaires matérielles et financières du diocèse. Le nouveau Procureur assume cette écrasante fonction dix-huit ans durant.

Mais un nouvel évêque, Camerounais lui aussi, est nommé à Douala. Le P. Derrien sollicite de céder la place à un gestionnaire africain et d'être rendu aux spiritains. En fait, on le verse à la Procure spiritaine, ou sa longue expérience du temporel sera utile encore treize années. Mais il est âgé, et sa santé devient préoccupante. Il rentre et prend sa retraite à Langonnet, où il lutte contre le mal avec la lucidité et l'énergie que donne l'esprit de foi .
P. Jean Ferron

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