Le Père Gérard DESTOMBES
décédé à Nice, le 13 mai 2000, âgé de 80 ans
Né : 09.02.20, Mouscron (Belgique). Profès : 08.09.46, Cellule. Prêtre : 07.10.51, Chevilly

AFFECTATIONS : CONGO - Kellé, vicaire (52-57) ; Mbamou, professeur (57-58) ; Liranga, responsable (58-60) ; Ouesso, vicaire (60-64) ; responsable : à Epéna (64-67) ; à Mossaka (67-74) ; Brazzaville, Procure (74-75) ; responsable : à Kellé (75-81) ; à Mossaka (81-86) -
FRANCE - Vence, économe (86-87) ;
CONGO - Ewo, responsable (87-91) -
FRANCE - Thiais, aumônier (91-97). Retraite, Vence (97-00)


En 1939, Gérard DESTOMBES enseignait la menuiserie dans une école professionnelle du nord de la France, quand le recruteur de l'époque, le père Cossé, vint faire une conférence avec projections. Le professeur (sinon les élèves) entendit alors l'appel à la mission. Il commença les démarches pour devenir spiritain et malgré la guerre et la débâcle il se mit au latin à Saint Ilan : il avait vingt ans.

Onze ans plus tard il est affecté au Congo dans une mission du nord, à Kellé. Il se lie d'amitié avec son compagnon, le père Martin Joosten. Avec lui, il devient constructeur, fondateur de postes de catéchistes et d'écoles de brousse. Après cinq ans il aspire à autre chose, et se retrouve professeur au petit séminaire de Mbamou, pour un an. Le retour au Nord-Congo sera prompt et, pour ainsi dire, de longue durée, mais tous les quatre ou cinq ans, il lui faut changer ; c'est pourquoi il fera presque toutes les missions du nord, comme vicaire ou comme curé, peu lui importe. Mais ses préférences étaient pour les missions du fleuve, et la fameuse vasière longue de 80 kilomètres, entre Impfondo et Epéna, qu'il traversa à pied ou à vélo de nombreuses fois.

Il ne se vantait jamais, mais aimait à parler de ces traversées épiques. En 1986 après avoir construit une belle église face au fleuve avec le père Ernst, il rentre en Europe, épuisé et malade. Mais un séjour d'un an le remet en forme et il repart pour Ewo où, avec son ami de jeunesse, il va se trouver confronté à des sectes qui ont envahi la région. Alors, fatigué, un peu aigri, il préfère rentrer définitivement en France.

Son ministère est apprécié à Thiais auprès des Soeurs de Cluny ainsi qu'à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre. Au bout de six ans, la communauté de Vence l'accueille, ainsi que la paroisse de Tourrettes. Sa santé se dégrade, les opérations chirurgicales se succèdent. Il sent la mort venir et l'accepte avec foi et sérénité : au téléphone il en parle sans illusion. Ainsi, le 13 mai, il est prêt au dernier appel de son Maître qu'il a servi avec tant de fidélité.

Menuisier, il a toujours gardé le goût du travail manuel, ce qui a été d'un précieux secours dans les missions si dispersées du Nord-Congo. Avec la même ténacité, il se consacra à son ministère sacerdotal, sans bruit, sans vantardise ni plainte. Certains confrères ont jugé Gérard parfois difficile à vivre. C'est possible. Exigeant pour luimême, il peut n'avoir pas toujours compris le problème de « l'autre »; mais il n'avait ni ranccour ni méchanceté, et les malentendus ont eu souvent pour cause... sa grande surdité! Ce fut un grand missionnaire selon la tradition spiritaine.
Jean-Marie Grivaz