Le Père François-Gédéon DOUCE,
1905-1979.


Il est né à Barges le 30 janvier 1905, un an et demi après son frère Paul qui consacra sa vie à la Réunion. C'est le nom de Gédéon que ses confrères préféraient, comme plus conforme à son originalité, mais c'est le nom de François qu'il utilisa durant la seconde guerre mondiale, de crainte de confusion. Mais à part cela, c'est le chemin de son frère qu'il suivit à Langogne, à Cellule et au noviciat d'Orly. Après son service dans la section militaire de la météorologie, ses supérieurs religieux l'envoyèrent à Rome pour des études universitaires en philosophie et en théologie. Il comprit qu'il était destiné à l'enseignement dans les séminaires. C'est ce qu'il fit, en effet, pendant la première moitié de sa vie : deux ans à Chevilly en 1931-1933, puis 13 ans à Paris au Séminaire d'Outre-Mer, enfin 4 ans au Portugal, au grand scolasticat de Viana de Castelo.

En 1950, il revient en France et prodigue l'enseignement spirituel en des lieux nombreux et à des auditoires variés. Aumônier dans l'Œuvre d'Auteuil, il officie chez les religieuses et éduque les adolescents à Montgeron, à Bligny, aux Pressoirs-du-Roy, à le Souterraine, et à Cormeilles en Parisis. En 1973, il vient se ressourcer deux ans à Cellule où s'épanouit son adolescence. A 70 ans, il se retire à Langonnet pour y prendre sa retraite. Il arrive avec d'impressionnants bagages, où voisinent notes et livres de théologie, d'Écriture Sainte, des dictionnaires de langues (il connaissait l'italien, l'anglais, le portugais et un peu d'espagnol), et tout le bric-à-brac d'un bricoleur, frotté de sciences et amateur de photographie et d'astronomie (suite de son service dans la météorologie) ...

Le Père traîne aussi, hélas, un diabète non soigné depuis longtemps. Les complications nécessiteront bientôt l'amputation haute d'une jambe et des mois de rééducation. Finalement tout cela aura raison de sa forte carrure et de son calme courage. Car cet homme mystérieux et solitaire s'apprivoise à l'hôpital et en cure : il étonnait par son goût de la controverse et ses prédictions en météorologie, mais il était reconnu et respecté surtout comme prêtre du Seigneur.

Le jeune François-Gédéon, dans l'enthousiasme des années romaines et de ses premières armes, avait couvert des pages et des pages de méditations poétiques... Un quatrain, écrit dans la mansarde du Vénérable Père à Rome, demandait pour lui la grâce d'imiter sa foi et sa vie austère. Sa dernière souffrance exprimée fut de ne plus pouvoir célébrer la Messe. Très peu de temps avant sa mort, il avait retranscrit quelques lignes du cardinal Marty : "Et Dieu nous conduit... là peut-être où nous ne voudrions pas aller, mais Lui connaît le chemin. Lui seul nous introduit dans le mystère ineffable." Le Père Douce y est entré le 4 avril 1979. Il avait 74 ans.

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