Le Père Ange DREAN,
1882-1933


Ange Dréan est né à Damgan, où son père était douanier ; il fut ensuite transféré à Billiers puis à Sarzeau, sur le golfe du Morbihan, où se passa la première enfance du futur missionnaire. Celui-ci suivit d'abord son frère Pierre chez les Eudistes à Plancoët, entre Saint-Brieuc et Dinan. Sa santé l'ayant obligé à revenir en famille, il poursuivit ses études à Ste-Anne d'Auray ; et c'est là qu'il se laissa entraîner par Mgr Buléon, qui venait d'être élu évêque de Dakar, après un fécond apostolat au Gabon.

Novice à Orly, il fit profession en 1902, fut ordonné prêtre à Chevilly en 1907 et reçut son obédience par le Haut-Congo où le reçut Mgr Augouard. Le P. Dréan fut chargé de l'école à Brazzaville. Il en profita pour travailler avec ardeur à s'assimiler la langue téké qui était celle de ses élèves, et il ne tarda pas à en devenir maître. Il devait un jour la posséder dans ses moindres nuances et la parler comme un indigène. On le chargea dès lors du ministère extérieur autour de Brazzaville. Voyageant à pied, il recrutait de nouveaux élèves, garçons et filles, pour les écoles de Brazzaville, doù devaient par la suite sortir de nombreux catéchistes.

De grosses fièvres ayant eu raison de sa santé, Mgr Augouard le ramena en France en 1913. Ce repos ne fut pas de longue durée. Son jeune successeur étant tombé gravement malade, un télégramme le rappela en toute hâte. Il partit sans hésiter par le premier bateau.

Le développement de la ville de Brazzaville occasionna le départ des Tékés, les uns vers la rive belge, les autres sur le plateau de Mpoumou. Le P. Dréan les y suivit et leur fonda à Bantari un grand poste central, avec de belles cases, un grande chapelle, des plantations, pour y attirer ceux des enfants, les filles surtout, qui répugnaient à la vie sévère des pensionnats de Brazzaville. Son oeuvre marchait à merveille, quand on lui demanda de l'abandonner pour aller se dévouer dans l'importante mission de Mbamou, qui était en plein essor dû aux efforts des Pères Bonnefont et Pédux.

Bientôt la ruche étant devenue trop pleine, il fallut songer à essaimer. Le P. Dréan choisit Kindamba, à deux jours de marche vers le nord. Il y renouvela ses exploits de Bantari, créant une école, une oeuvre de garçons et une autre de filles, avec basse-cour bien peuplée et un beau troupeau de moutons. Il vint s'y établir en 1923 et se mit àconstruire en définitif, briques cuites, et joint à la chaux. On bâtit alors une belle maison pour accueillir les Soeurs de St-Joseph de Cluny. Le Père, ayant mis sa mission en train, revint en France pour renouveler ses forces en 1926. Ce fut l'année du chapitre général où le P. Dréan représenta son Vicaire apostolique. Après quelques mois de repos auprès de sa vieille mère et de son frère, curé de Brillac, il repartit pour sa mission.

Mgr Guichard lui demanda de rester à Brazzaville pour l'oeuvre des Congos qui comptait déjà près de 10.000 chrétiens, et le mouvement de conversion continuait à s'accentuer. Quand le P. Jaffré, procureur de la mission rentra en France, il accepta encore d'assumer cette charge. Hélas, il dut bientôt s'arrêter, son estomac ne supportait plus aucun aliment. Embarqué d'urgence pour la France, il fut débarqué à Dakar et remis aux mains des chirurgiens. Mais rien ne put le sauver. Après quelques jours de douloureuses souffrances, il succomba le 19 décembre 1933. Il avait 51 ans.

Homme d'action, qui s'embarrassait peu de la spéculation plus ou moins stérile et énervante, coeur généreux et prompt à se décider, réalisateur ardent et rapide, le P. Dréan laisse derrière lui la mémoire d'un religieux convaincu, d'un bon prêtre et d'un vaillant apôtre.

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